Chaque année une étude universitaire répartit les votes des conseillers nationaux sur une échelle allant de -10 pour la gauche à +10 pour la droite. Le diagramme apporte une clarté extraordinaire au positionnement des partis et quelques surprises de taille.
Il existe au Conseil national trois groupes: la gauche, PS et verts, groupant 60 conseillers, échelonnés de -10 à -6 ; personne de -3 à -6; le centre multiple groupant 84 conseillers de -3 à + 4; personne de + 4 à +6; la droite UDC 56 conseillers de +6 à +10.
Première constatation: il existe bien trois blocs qui n’ont aucune intersection, trois cultures politiques bien marquées qui sont séparées par des intervalles ne comportant aucun votant. Le groupe le plus nombreux, le centre est aussi le plus dispersé en nombre de partis : 30 PLR, 28 PDC-PEV, 12 Verts libéraux, 9 PBD et un MCG. Soit dit en passant Mauro Poggia n’a pas du tout voté comme un UDC, mais plutôt comme un PDC ou PBD entre 0 et +1. Les Verts libéraux votent unanimement comme les conseillers les plus à gauche du PDC entre -2 et -1 ; ce n’est donc pas un parti de droite du tout.
Seconde constatation: six partis observent des consignes de vote (contraires à l’esprit de la loi) en étant groupés sur des intervalles restreints: les Verts libéraux (tous entre -2 et -1!) ; le PLR, le PBD, les Verts, répartis sur trois notes; l’UDC et le PS sur quatre. Les partis staliniens ne sont donc pas ceux que l’on croit. Enfin le PDC PEV s’étale de -3 à +3. C’est en fin de compte le plus libéral des partis.
Dernière et plus importante constatation: si les cinq partis du centre voulaient bien se regrouper en une alliance formelle ou informelle, ils deviendraient ensemble le parti le plus important de Suisse et emporteraient peut-être une majorité confortable aux prochaines élections. Le pays serait enfin gouverné au centre, non plus par un consensus mou et flageolant, mais par une volonté politique affirmée.