Une chronique politique sans parti pris

Le grand affrontement entre les gagne-petit et les pense-petit

 

Aux deux extrêmes de tout hémicycle législatif, suisse ou étranger, campent deux familles dont les obsessions sont diamétralement opposées, mais qui se rejoignent dans la petitesse, l’utopisme et la dangerosité.

A gauche, le parti des gagne-petit. Ils sont ax bas de l’échelle salariale ou, du moins, estiment qu’ils ne sont pas à l’échelon qui reconnaitrait leur vraie valeur. Dès lors qu’ils ont épuisé toutes les expédients professionnels d’augmenter leur rémunération, ils n’ont plus qu’une idée en tête : puiser dans le revenu des autres, redistribuer les salaires. A l’Etat de fouiller dans la poche des riches pour atténuer l’injustice sociale. Ils ne demandent pas l’aumône, ils revendiquent leur droit. Tous les emplois et même le chômage, voire le refus de travailler, méritent le même traitement, une allocation sociale minimum, car les tâches les mieux rémunérées sont aussi les plus intéressantes et les moins pénibles. Les marxistes l’énonçaient déjà : « Progresser de chacun selon son mérite à chacun selon ses besoins. »

Cette revendication prend à droite la caste des pense-petit à rebrousse-poil. Ils considèrent leur statut comme légitimé par la coutume, l'ordre établi, le respect de la sphère privée, le droit à la propriété, héritée ou acquise, les bonnes manières, la politesse. La redistribution des revenus leur donne des aigreurs. Que serait une société égalitaire sinon une masse informe et grise sans commerces de luxe, restaurants  étoilés, voitures de course, clubs privés, escort girls ? L’Etat est l’ennemi : moins il y en a mieux cela vaut. les fonctionnaires sont des parasites, les intellectuels des ennemis publics et les journalistes des agitateurs. Les dettes publiques constituent une abomination, la marque de l’imprévoyance. L’idéal serait de ne dépenser que les intérêts des intérêts d’une fortune qui n’est jamais trop élevée.

Dès lors, les deux castes sont caractérisées à l’identique par un comportement prévisible. Point n’est besoin de faire voter un législatif sur la plupart des propositions concrètes. Par le même réflexe pavlovien, les uns voteront massivement pour et les autres contre. C’est la politique entendue au sens d’un match de foot : chacun essaie d’expédier le ballon dans le but de l’autre. L’intérêt de la partie n’est que dans le conflit. Au fond de leur conscience (qui existe !),  les gagne-petit et les pense-petit connaissent bien qu’ils ont tort, qu’ils conceptualisent la réalité et qu’ils immolent l’intérêt commun au souci de leurs avantages catégoriels. Tous, ils se refusent à trop réfléchir car la politique est un jeu complexe qui les surpasse. Au magasin des idées reçues, ils font emplette et s’y tiennent toute leur vie. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même.

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