Une chronique politique sans parti pris

Politique suisse: deux populismes?

Est-ce qu’il y aurait un mauvais populisme de droite et un bon populisme de gauche? Ou bien n’y aurait-il qu’un seul populisme, posture politique tentante et tendancieuse, décliné par deux partis extrêmes?

Trop souvent au parlement UDC et PS votent ensemble pour que la question soit impertinente. Devant les initiatives UDC visant à réduire l’immigration, d’inspiration nettement xénophobe, le PS flageole et hésite parce qu’il craint que sa base ne le suive pas, s’il défendait la libre circulation. L’UDC veut conquérir un électorat populaire en le flattant et le PS craint de le perdre en ne le flattant point.

Il y a pire. Tout récemment le PS a présenté une motion demandant que les étudiants aux EPF provenant de l'étranger paient trois fois plus que les étudiants dont les parents vivent et paient leurs impôts en Suisse. Ce genre de proposition ravit naturellement l’UDC qui reçoit une caution morale de la gauche et qui assurera la victoire de cette motion au Conseil national. Cette majorité, dite «contre nature», écrase le centre PLR, PDC, PBD, Verts libéraux.

Si les extrémistes de droite taxent davantage les étrangers, c’est par « xénophobie » tandis que les socialistes le font par «justice fiscale». Par deux chemins radicalement opposés, deux partis arrivent à s’allier. La haine des riches rejoint la haine de l’étranger, car c’est toujours la haine, la méfiance, la suspicion, la jalousie. Les deux extrêmes se rejoignent dans une conviction unique: «tous les hommes sont inégaux». Les uns fondent leur détestation sur le passeport, les autres sur la déclaration d’impôt. Mais à l’arrivée, ils collaborent.

Poussée à l’extrême, cette façon de ranger et de traiter les individus en catégories, dissout l’unité du genre humain et peut mener aux excès aussi bien du communisme que du nazisme, qui signèrent en 1939 un pacte dit «contrenature» de partage de la Pologne.

Certes dans la vieille démocratie suisse, le peuple semble vacciné aussi bien contre la peste brune que rouge. Mais le virus est présent sous forme atténuée. Et comme le disait déjà Camus, un jour les rats peuvent sortir des égouts et répandre la peste dans une cité heureuse.

Avouons-le, il y a tout de même une différence. Le populisme de droite se moque ouvertement de la Déclaration des Droits de l’Homme et assume ce postulat sur lequel il fonde sa politique. Le populisme de gauche viole aussi cette Déclaration, mais sans le placarder. L’hypocrisie est ainsi un hommage que le vice rend à la vertu. Entre ceux qui attaquent de front les valeurs et ceux qui les trahissent secrètement, lesquels sont les plus critiquables ? Que reste-t-il de la morale lorsque la violent ceux qui s'en targuent?

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