Voici quelques semaines la presse a révélé, non sans un amusement mal dissimulé, qu’un informaticien de nos excellents Services de Renseignements avait réussi à soustraire des informations confidentielles qu’il s’apprêtait à vendre à des puissances étrangères. C’est en ouvrant un compte à numéro dans une banque suisse qu’il a éveillé les soupçons d’un employé d’icelle qui l’a dénoncé.
A l’époque nul ne s’est étonné de cette fuite, ni même inquiété. Les secrets volés sont probablement bien connus des vrais services de renseignement de nos voisins et faux amis. On a appris à cette occasion que les locaux de nos services n’étaient même pas protégés par des portails magnétiques qui auraient automatiquement décelé le passage frauduleux d’un disque dur.
On en sait un peu plus. L’informaticien dévoyé était tout simplement l’expert du département, le seul qui maîtrisait la grande variété de logiciels dont le service était encombré. Personne n’était capable de le contrôler par définition. Il a donc pu se livrer à ses détournements en toute impunité. Ses supérieurs auraient été bien incapables de comprendre ce qu’il faisait.
Cette situation est courante. L’informatique se développe à une telle rapidité que les échelons supérieurs, peuplés de gens rassis, sont obligés de se fier aveuglément à des subalternes en roue libre. Il n’est pas impertinent de poser la question : Ueli Maurer et André Blattmann ont-ils déjà posé leurs mains sur un clavier ?
La vraie question est en fait de savoir ce que vaut le service de l’armée qui s’occuperait – s'il existe- de protéger nos réseaux informatiques de tentatives de destruction. Cela vaudrait la peine de consacrer à cette tâche un budget équivalent à celui d’une brigade blindée et de rémunérer convenablement les informaticiens et leurs chefs de façon à recruter des personnes vraiment compétentes à tous les échelons.
Ah! J'oubliais. Et de mettre des portails magnétiques aux entrées, des fois que personne n'y aurait songé.