Une chronique politique sans parti pris

Faut-il encore enseigner la trigonométrie?

 

Harmos est le projet de coordination, pour ne pas dire d’harmonisation de l’enseignement obligatoire pour les quelques trente systèmes d’enseignement qui divisent la Suisse en un confetti de programmes. Ce n’est évidemment pas acceptable pour les parents qui changent de canton au détriment de leurs enfants obligés de passer d’un système à un autre. Ce n’est pas non plus acceptable pour les hautes écoles qui reçoivent un assortiment d’étudiants aux formations disparates : il faut combler les lacunes des uns en faisant perdre leur temps à d’autres. C’est encore moins acceptable pour les jeunes en formation car les études internationales PISA démontrent des différences de qualité entre cantons. En résumé, il est plus que temps de s’aligner sur les meilleurs cantons.

C’est le contraire qui se passe. Le projet Harmos est piloté par la Conférence des directeurs de l’Instruction publique, soit un gouvernement d’assemblée comportant 26 membres. On peut redouter que le résultat soit la création d’un programme commun qui résulte de l’intersection des programmes existants, c’est-à-dire la solution minimaliste.

A titre d’exemple, les travaux d’Harmos s’orientent vers l’abandon de l’enseignement de la trigonométrie selon le manuel  proposé pour la neuvième au chapitre 11. Les cantons restent libres d’utiliser les 15% de marge qui leurs sont réservés pour néanmoins maintenir cet enseignement.

Cette situation est insatisfaisante. D’une part, la trigonométrie est un outil mathématique indispensable pour les formations techniques ou en sciences naturelles. D’autre part, l’accès aux hautes écoles dans ces branches suppose une formation minimale pour tous les étudiants, quel que soit leur canton d’origine : sinon les hautes écoles, estimant que la trigonométrie n’est pas nécessairement enseignée, seront obligées de porter à leur programme cette branche, qui est traditionnellement dans le cahier de charges de l’enseignement secondaire.

Interpellé le Conseil d’Etat de Vaud a confirmé qu’il maintiendrait l’enseignement de la trigonométrie dans sa marge de liberté. Le Conseil fédéral a répondu au contraire que c’était l’affaire des cantons et que la Confédération ne s’immiscerait pas dans ce débat. En fin de compte, on en restera à trente systèmes d’enseignement pour ne pas faire de peine à certains cantons. Est-ce intelligent ?

 

Jacques Neirynck

 

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