Une chronique politique sans parti pris

L’éducation et la recherche dirigées par un adepte de l’ignorance

En 2013, l’éducation sera dirigée au niveau fédéral par un ministre qui n’y croit pas.

Johann Niklaus Schneider-Ammann sera responsable de la formation et de la recherche au premier janvier 2013. A sa carrière de gaffeur, déjà bien fournie, il a ajouté une déclaration étonnante pour un ministre de l’Education. Selon lui, le taux de chômage dans un canton serait lié au nombre de diplômés des gymnases. Exemple: Genève a une fois et demi plus de bacheliers que Zurich et «donc» deux fois plus de chômeurs. Ces jeunes gens ne consentiraient plus à se livrer aux saines et profitables activités professionnelles par suite d’un excès de formation.

Bien entendu, c’est faux. Fribourg et Zoug promeuvent davantage de bacheliers que Zurich et ont un taux de chômage plus faible. Le conseiller fédéral déduit une règle générale d’un cas particulier, ce qui ne plaide pas pour sa maîtrise de la méthode scientifique.

Si c’était vrai, ce serait intéressant: il suffirait de restreindre l’accès à l’enseignement gymnasial pour réduire le chômage. On ferait deux fois des économies. A la limite, ne pourrait-on pas supprimer le chômage, en fermant carrément les collèges et les universités? Une jeunesse dorée ne s’y prélasse-t-elle pas dans la seule vue d’occuper plus tard des prébendes parasites, financées par les contribuables? En poussant le principe de Schneider-Ammann dans ses derniers retranchements, moins la jeunesse en sait, mieux elle réussira dans sa vie professionnelle

Il y a un argument décisif en faveur de cette règle: Schneider-Amman est titulaire à la fois d’un diplôme d’ingénieur de l’ETHZ et d’un diplôme en gestion de l’INSEAD à Fontainebleau. Cet assemblage de deux diplômes prestigieux expliquerait ses mauvaises prestations actuelles. On peut déjà noter que malgré une année passée en France, il n’a pas réussi à maîtriser le français. Mais c’est dans l’exercice de ses fonctions ministérielles qu’il est le plus desservi par sa formation universitaire: il se contente de lire les notes rédigées par son administration. Il répond vaguement aux questions précises. Il erre comme un zombie dans le dédale de la politique. C’est le Gaston Lagaffe du Conseil fédéral.

Il faut se souvenir qu’il a été élu, en lieu et place de l’excellente Karin Keller-Suter, avec les voix de la gauche de l’Assemblée fédérale, qui tenait à ce que le PLR soit représenté par le moins bon possible des deux candidats. Il fallait miser sur un incapable: la gauche peut être sûre d’avoir réussi, au moins partiellement.

Car il reste Ueli Maurer, un ministre pire que Schneider-Ammann. Aurait-il encore plus de diplômes universitaires que les autres conseillers fédéraux, qui ont tous traîné sur les bancs des hautes écoles? Eh bien non: il n’a qu’un apprentissage commercial au compteur et un diplôme de comptable.

Et donc il y a du pour et du contre dans l’éducation. C’est comme le blé. Si on le sème sur des cailloux, il ne pousse pas.

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