La vieillesse est une maladie incurable

Mythomane

Est-cela que je suis? Je me suis fait reprocher de ne pas être morte lorsque j’avais prévu de mourir et de ne pas avoir quitté mon appartement après avoir annoncé que j‘allais le faire. Du coup, je me sens coupable et honteuse. Pourtant, je ne mens pas. Je suis toujours sincère.

Je sais qu‘il faut se décider de mourir avant de ne plus être en mesure de le faire . Je sais aussi que je dois quitter cet appartement et je vais le faire.

Je vais aussi bientôt sauter du plongeoir sur lequel je grelotte de trouille – car oui , je suis trouillarde . Mais faut-il se focaliser sur une vieille bourge privilégiée? Je parle de moi mais je pense à tous les autres.

Ceux qui croupissent dans des mouroirs, ceux dont on prolonge la vie avec des traitements inutiles? Tous ceux qui se laissent faire car ils ne peuvent pas se défendre.

Les proches angoissés ne sachant pas tenir tête aux équipes médicales, qui sont souvent désolées de ne pas pouvoir accomplir leur devoir selon leur âme et conscience. Je parle pour la France avec sa loi Léonetti qui emprisonne les médecins et ne respecte pas les patients .

Je me rends bien compte que ce n‘ est pas facile de mourir, même en sachant qu‘on a la clé des champs. Pourquoi imaginer alors qu’une loi de liberté, une loi qui respecterait simplement l’autodétermination que garantit notre constitution sans l’appliquer, pourquoi imaginer donc que cette loi inciterait tout le monde à mourir? Très peu de gens le font dans les pays du Bénélux et en Suisse.

Pourtant les médecins peuvent y agir selon leur âme et conscience. L‘ instinct de survie est plus fort que tout et nous essayons tous de vivre le plus longtemps possible. Mais le moment vient inéluctablement, celui de devoir se détacher et de partir. Pour des raisons qui nous sont propres et diffèrent les unes des autres. Savoir expliquer sa situation à un médecin humaniste qui nous aidera le moment voulu, c’est très réconfortant. Ce n‘est pas à une équipe médicale ni à mes proches de décider quand le moment sera le juste et le bon pour moi. Chacun de nous est différent et peut – dans une démocratie – être librement qui il est. Pourquoi est- ce impossible de rester qui nous sommes au moment où nous allons mourir? Quelle force extérieure à nous doit prendre cette décision pour nous? Au nom de qui et au nom de quoi?

Je ne prétends pas détenir la vérité ni la sagesse. J‘essaie simplement de ne pas nuire à autrui en prenant des décisions qui ne concernent que moi. Et bien sûr que je m‘accroche aux fleurs sur mon passage jusqu‘au moment où la terre sera devenue tellement aride que je ne saurai plus où m‘ accrocher .

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