La vieillesse est une maladie incurable

A propos d’Erika Preisig, qui a échappé à une condamnation pour homicide

Alors que nous nous déchirons en France depuis plus de dix ans autour d’un cas qui ne serait même pas envisageable en Suisse – celui de Vincent Lambert, la justice helvétique a tranché aujourd’hui : le docteur Erika Preisig est acquittée par le tribunal de Bâle-Muttenz.

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Le procureur avait requis une peine de cinq ans de prison ferme pour homicide volontaire. J’ai assisté au procès les 3 et 4 juillet. Très dur de se faire accuser pour « trop d’idéalisme ». C’est en effet ce que lui a reproché le procureur !

Que s’est-il passé au juste ? En 2016, Erika a aidé une patiente de 66 ans à mourir. Tout s’est bien passé. Le film tourné juste avant sa mort (pour la police) montre une femme lucide et capable de discernement, qui demande à mourir car elle souffre de polypathologies chroniques. Tout le monde est d’accord : le médecin traitant, le fils, le directeur de l’Ehpad dans lequel résidait la patiente. Le seul document qui manquait était le certificat d’un psychiatre car, d’après un expert mandaté par le procureur, cette dame souffrait de dépression et aurait pu être aidée par des médicaments. Sauf que Madame Meyer (ce n’est pas son véritable nom) avait déjà séjourné plusieurs fois dans des hôpitaux psychiatriques, retenue dans l’un d’entre eux contre sa volonté et traitée avec des médicaments dont elle ne voulait plus. Cet expert n’avait jamais connu la patiente et faire un diagnostic post-mortem est absurde.

Les psychiatres en Suisse sont réticents (comme en France) lorsqu’on leur demande un certificat de discernement pour des patients qui veulent un suicide assisté. Erika a pensé que son propre jugement, celui de la patiente, de son fils et de deux médecins différents suffiraient. Elle ne s’imaginait pas la férocité de ce procureur qui a probablement voulu faire de son cas un exemple. En fait, ce sont deux concepts différents qui s’affrontent : le droit à la vie et le droit à l’autodétermination.

Les deux ont été jugés complémentaires et Erika Preisig n’a pas enfreint le droit à la vie de Madame Meyer, elle a simplement respecté son droit à l’autodétermination. Elle est donc jugée innocente et acquittée. Bravo pour le triomphe de la raison sur les idéologies.

A noter qu’Erika Preisig a tout de même été condamnée à 15 mois de prison avec sursis et à 20 000 CHF d’amende pour avoir gardé des flacons de Pentobarbital chez elle. La loi dit qu’il faut les ramener à la pharmacie si on ne s’en est pas servi. Sauf qu’il faut avoir quelques réserves au cas où le patient vomit ou s’endort avant d’avoir tout absorbé.

C’est une condamnation qui n’a pas lieu d’être. Elle prouve simplement une méconnaissance de la situation. D’ailleurs, l’avocat de Madame Preisig fera appel.

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