La vieillesse est une maladie incurable

La Suisse et son combat contre l’obscurantisme

Le 17 mai je suis allée à l’Assemblée Générale d’Exit et j’ai été fière de voir que le suicide de bilan des personnes âgées est un concept qu’autant la présidence d’Exit que l’ensemble de ses adhérents ont adopté à l’unanimité.

Bel exemple d’un peuple éclairé et humaniste.

Pendant ce temps, un médecin dont le courage, l’intègrité et la bienveillance ne font aucun doute est accusé de meurtre par un procureur intégriste du canton de Bâle. Il s’agit du Dr Erika Preisig, présidente de l’ association Lifecircle et de la fondation Eternal Spirit à Bâle.

Cette accusation ne repose sur rien, si ce n’est la mauvaise foi du procureur.

(lire l’article de Arnaud Robert, paru hier dans “le Temps” Erika Preisig, missionnaire de la mort digne)

Je connais Erika depuis dix ans et je ne sais pas ce que nous aurions fait en France sans son aide. Combien de patients atteints de maladies graves et incurables ont bénéficié d’ une aide qui leur était refusée en France !!!

J’ai encore le souvenir de Nicole Boucheton, que j’ ai dû accompagner à Bâle en urgence en août 2014. Elle risquait une occlusion intestinale, due à un cancer du rectum métastasé.

En France, on lui proposait une colostomie et un anus artificiel ! Grande militante de l’ADMD, dont elle était la vice-présidente, elle refusait de vivre une situation – à ses yeux – indigne.

Erika n’a pas hésité à bouleverser son emploi du temps pour la prendre en urgence.

Je l’ai accompagnée à Bâle avec son mari et sa soeur. Elle est morte en plaisantant, le sourire aux lèvres. Tout comme Louis Bériot, le 15 avril 2019.

J’ai fait la connaissance de Louis et de sa femme Domi, tout de suite après son diagnostic le 14 février. Il était sans appel : cancer du pancréas en phase terminale. Jean-Luc Romero, président de l’ADMD France, me l’a confié. Je n’ai pas hésité à appeler Erika (qui n’aime pas qu’on l’appelle) et les ai mis en contact.

Erika a compris la gravité de la situation et deux mois après leur premier contact, il a pu mourir à Bâle, sans souffrir, en plaisantant avec sa femme et ses enfants.

Louis était un homme de lettres, journaliste, écrivain.

Un homme plein de charme et d’élégance.

J’ai regretté de ne pas l’avoir connu plus tôt.

Reste Domi, sa femme, avec laquelle je me suis liée tout de suite car partageant les mêmes valeurs et la même éducation.

Autant Nicole, Jean- Luc, Louis, Domi et moi-même aimons – ou avons aimé – la vie avec passion. En même temps, nous ne dramatisons pas la mort. Elle est inévitable. Nous militons pour que tout le monde – pas seulement les Suisses – ait accès à une fin de vie apaisée et à une mort douce.

Pour le moment, c’ est Erika qui aide les Français à partir comme ils le souhaitent.

J’ai accompagné des dizaines de personnes avec elle et chaque fois – je dis bien chaque fois – elle s’est assurée de la faculté de discernement ainsi que de la lucidité des patients qu’elle a accompagnés.

L’accuser du contraire est le fait d’un procureur intégriste dont la mauvaise foi cherche à plonger la Suisse dans l’obscurantisme.

Impossible !

Les Suisses ont la chance de pouvoir choisir leurs lois grâce au référendum d’initiative populaire.

Ce n’est malheureusement pas le cas en France.
Jacqueline Jencquel
Quitter la version mobile