Politique migratoire

Contre l’initiative UDC tous les arguments ne se valent pas

Afin de voter en connaissance de cause sur l’Initiative de limitation, des arguments fondés sont nécessaires. Ses partisans ne donnent pas l’exemple: ils assimilent sans démonstration probante l’immigration européenne à la cause de tous les maux et juxtaposent les affirmations sans cohérence.

Certains adversaires – entre autres du monde de la recherche – tombent hélas dans le même travers. On sous-entend ainsi que la Suisse connaîtrait inéluctablement une pénurie de main-d’œuvre en cas d’acceptation de l’initiative. C’est largement inexact. La Suisse serait libre de recruter où elle voudrait et qui elle voudrait. Pour les employeurs, un recrutement mondial plutôt qu’une limitation à 27 pays contigus est même un avantage. Dans le monde de la recherche scientifique de pointe, la composition de l’élite des chercheurs des Hautes écoles est d’ailleurs loin d’être spécifiquement européenne et l’accès des non-européens est précisément régulé par ce que les initiants demandent: des quotas annuels. Là où l’accord de libre-circulation avec l’Europe présente un avantage de taille c’est qu’il simplifie les procédures administratives, mais libre à la Suisse de les simplifier unilatéralement avec ou sans accord.

Paradoxalement donc, ce n’est pas tellement en raison de l’accès à l’immigration que la libre-circulation est avantageuse pour la Suisse, mais en raison du fait qu’elle s’inscrit dans un faisceau d’accords de collaboration liés par un projet global (qu’il serait d’ailleurs bon de sceller par un accord cadre) : accès de la recherche suisse aux projets européens, accès des entreprises au marché, etc. A certains égards, le droit d’immigration privilégié accordé aux Européens est une contrepartie raisonnable, une modeste perte de souveraineté, compensée par des mesures d’accompagnement qui ont fait leurs preuves et par de nombreux avantages.

Quitter la version mobile