Changement de cap économique

Les dessous du modèle de “succès économique” suisse

Un récente étude indépendante publiée dans le cadre du programme des Indicateurs de Développement Durable (Sustainable Development Goals) de l’ONU, classe la Suisse en dernière position, quant à ses répercussions environnementales et sociales sur les pays du reste du monde. Sa position en traine du classement – avec à ses côtés d’autres petits pays tels le Singapour et le Luxembourg –  se justifie par les activités de commerce d’armes, d’agroalimentaire ainsi que de pesticides et autres produits chimiques et également en raison de la position de sa classe financière.

Bien que choquant, ces résultats ne le seront pas pour le nombre d’organisations suisses telles que Public eye (anciennement Déclaration de Berne) qui dénoncent depuis longtemps la position centrale des industries suisses dans le commerce d’armes, de matières premières et de produits chimiques avec ses répercussions néfastes sur les pays du Sud Global.

Il existe aujourd’hui bon nombre d’indicateurs de durabilité au vu desquels la Suisse obtient de plus ou moins bons résultats. En effet, si l’on prend uniquement en compte les données relatives à la consommation au sein du pays même, la Suisse fait mesure de bon candidat par rapport à la moyenne mondiale. Elle occuperait ainsi la 15ème position  selon les 17 indicateurs de Développement Durable de l’ONU. Néanmoins, ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité car dans le contexte actuel de globalisation économique, la plupart des activités de production ont été délocalisées dans des pays du Sud où la main d’oeuvre se trouve bon marché. Ainsi, en prenant en compte ces facteurs, la plupart des pays du Nord se retrouvent en tête de classement des pays les plus pollueurs en raison de leurs activités économiques destructrices au niveau international.

Sur le plan national, deux récentes études de l’Office Fédérale de la Statistique soulignent le mirage du “miracle économique” suisse avec une montée du travail précaire, notamment chez les femmes et les jeunes, qui était de 12% en 2016. De plus, en raison de son taux de sous-emploi de 7%, la Suisse se classe en traîne de la moyenne européenne.

Ces constats contribuent au questionnement du fonctionnement des nos modes de développement capitalistes qui caractérisent nos sociétés. En effet, les situations de crise autant sur plan climatique, social, qu’économique et politique reflètent l’actuelle impasse dans laquelle se trouvent nos démocraties sociales. Alors qu’on constate l’essor d’un mouvement autour de politiques économiques socialistes aux Etats-Unis ainsi qu’au Royaume-Uni – deux pays en tête des inégalités sociales – cette vague de soutien pour un changement de système radical reste encore modeste dans le reste des pays européens. En Suisse, les critiques du système économique se résument uniquement aux minorités politiques tel que le parti Solidarités qui se positionnent dans un courant de socialisme démocratique.

 

A l’aube des élections nationales à l’automne prochain, ces résultats qui remettent fondamentalement en question le modèle de “succès économique suisse” devraient tirer la sonnette d’alarme pour tous les partis de Gauche. Si la Gauche avait jusqu’alors pu profiter des concessions sociales faites à l’origine du projet néolibéral, aujourd’hui ce compromis ne profite plus qu’à une élite minoritaire globale. Afin de combler le présent vide politique et économique que l’extrême droite s’est empressée de s’emparer, il va falloir créer des alliances entre la Gauche verte et socialiste autour d’un projet commun en opposition au système néolibéral capitaliste. L’urgence climatique et sociale nécessite plus que jamais des alternatives radicales.

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