Allo Véto!?

Fourbure : quand les déconvenues s’enchainent !

Aujourd’hui je souhaite partager avec vous une tranche de vie personnelle. Un exemple manifeste que nul n’est à l’abri d’une déconvenue…même un médecin vétérinaire dans son propre domaine d’expertise.

Pour présentation : j’ai effectué mes études à l’université de Liège, choisissant comme orientation la médecine équine pour mes cliniques de master. Je suis également (l’heureuse) propriétaire d’un troupeau de 7 équidés. C’est de mon cher petit âne, Lustig, dont nous allons parler aujourd’hui.

Un âne couché

Comme chaque jour, je visite mes petits chevaux dans le pré d’en face, leur apporte eau, (friandises) et nourriture afin de satisfaire leur appétit gargantuesque!

Ce jour là, à ma grande surprise, Lustig manque à l’appel. Je l’aperçois au loin dans le pré, couché. Un âne couché…Mon sang ne fait qu’un tour : quelque chose ne va pas.

Des vieux réflexes…intacts dans ma mémoire

Je m’empresse de le rejoindre, mes neurones de vétérinaire fonctionnant à toute allure : « diagnostic différentiel : arthrose, fourbure, diabète, etc…? » J’arrive auprès de lui. 

Un coup d’oeil rapide, examen clinique éclair. Je confirme mes diagnostics : arthrose ET fourbure. C’est fou comme les vieux réflexes reviennent vite dans ces moments là, deux ans sans pratiquer en clientèle équine, et pourtant tout est intact dans ma mémoire.

Il se lève

Tant bien que mal, sous mes chaleureux encouragements : Lustig se lève! 

Campé du devant, un pas laborieux devant l’autre, il rejoins sa botte de foin. Je n’ai pas le coeur à l’en dissuader, même si je sais que c’est probablement l’un des facteurs de sa pathologie : l’excès de glucides solubles est l’un des facteurs déclencheurs de la maladie. Par ailleurs nous pouvons noter que le surpoids (bon je l’admet : l’obésité dans le cas de Loustig), une fourbure chronique, voir un syndrome de Cushing sont des causes sous-jacentes à explorer afin d’identifier la cause de sa pathologie.

Une urgence

Comme vous l’avez compris, la fourbure est une pathologie révélatrice d’un problème de santé de fond. Pourtant, en terme de prise en charge, il s’agit d’une urgence médicale. Un prise en charge précoce permet de préserver le pronostic vital de l’animal.

… traitement ?

Avec quelques recherches supplémentaires, je me décide pour un traitement à base de Navitol Lencare® et Crysanphyton Equistro®. Le but à ce stade est de ramener une circulation sanguine normale dans le pied afin de diminuer l’inflammation de celui-ci.

Rupture de stock!

Un peu chamboulée par cette matinée bien mal commencée, je débarque chez mon confrère pour lui raconter mon cas et lui demander les produits sus-mentionné. Et là c’est le drame : rupture de stock! Il me tend de la flunixine et des alternatives en phytothérapie . Pour le reste, prochaine commande mardi. Zut! Mon Loustig va passer un dur week-end et moi aussi. 

Sous étroite surveillance

Après cette matinée qui a eu bon d’ébranler toute ma confiance de vétérinaire, je rentre à la maison traiter mon petit protégé. Il a la bienséance de coopérer, même si il ne présente pas un air enchanté quand je lui enfile un tube de pâte dans la bouche… Je lui fait ses injections d’urgence, lui administre son remède de cheval, et prie pour que son état s’améliore.

NB : A l’heure où j’écris ces lignes, après 3 jours de traitement, Loustig marche, avec précaution certes, mais son état clinique s’améliore.

Pourquoi partager cette expérience?

Lorsque j’étais plus jeune (naive et non vétérinaire) : je rêvais d’un métier de vétérinaire super-héros (un esprit incollable, une habilité à toute épreuve, sans frontière d’espèce ou de discipline). 

La réalité de mon métier telle que je la vis est toute autre. 

L’exemple de ce matin m’en a une nouvelle fois fait prendre conscience. En tant que propriétaire et vétérinaire, mise au pied du mur par une pathologie sur mon propre animal, je me rend compte que je ne suis pas le super-héros dont je rêvais autrefois. 

Je réalise en toute humilité que mes études m’ont appris une logique de raisonnement qui m’aide à affronter les difficultés que la médecine m’oppose. La réalité est que ce n’est ni facile, ni inné. J’ai appris à rassembler des indices cliniques afin d’y associer un diagnostique médical et élaborer un traitement approprié au cas par cas.

C’est la définition du métier de vétérinaire à mon sens : un savoir-faire qui s’apprend, se perfectionne et se répète afin de nous permettre en tant que praticien de surmonter n’importe quelle difficulté.

NB : Pour lecture complémentaire sur l’aspect technique et médical de la fourbure, je vous recommande cet article spécialement dédié écrit par l’IFCE : https://bit.ly/2WSb6cW

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