Les paradigmes du temps

Le passé révélé des chemins de Thônex

Barbey d’Aurevilly écrivait en 1852 : « Le nom, ce dernier soupir qui reste des choses ! » Le nom, c’est en effet bien souvent tout ce qui demeure d’un passé oublié et qui perdure dans une appellation de rue ou de chemin. Les étymologistes ne me contrediront pas ! C’est ce passé perdu dans les brumes de l’histoire que vise ce livre qui sort de presse cette semaine et qui s’intitule “Le passé révélé des chemins de Thônex”!

Thônex, début XXe siècle (CIG)

Nos espaces publics recouvrent en effet des dimensions historiques mais également diatopiques, devenant au cours du temps des vecteurs de mémoire ; des échos d’histoires qui nous sont inconnues alors que nous les arpentons quotidiennement. « Dévoiler » la signification de ces noms revient en somme à voyager dans le passé, un paradoxe lorsqu’il est question de voies de circulation !

C’est en l’occurrence l’idée de cet ouvrage commandé par la commune de Thônex. Un livre qui égrène les appellations de ces différents espaces publics : chemins, rues, allées, sentes, promenades, impasses, avenues, ponts, places, cours, clos, parcs, esplanades et voies !

Des passés révélés mais aussi des anecdotes, parfois croustillantes, quelques fois dramatiques.

Si l’histoire du curé Curé-Desclouds qui a donné son nom à un chemin est connue d’un grand nombre, tel n’est pas le cas à l’évidence du projet français de réimplantation de castors dans les cours d’eau de Haute-Savoie dans les années septante ; une population d’animaux semi-aquatiques qui ne tardèrent pas à passer la frontière, suscitant bientôt l’idée de baptiser un chemin à leur nom dans la commune de Thônex.

L’anecdote datant de 1942 et liée au chemin du Pont noir qui jadis enjambait le Foron est également inconnue de la plupart des habitants. En décembre de cette année-là, ce pont fut occupé par des soldats italiens du contingent occupant Annemasse venus discrètement trancher les fils téléphoniques raccordant la France à la Suisse et qui, dans l’excitation du moment, se trompèrent en coupant les câbles des connexions électriques des cloches annonçant aux gardes-barrières les passages des trains.

Voilà quelques reflets de ce livre qui intéressera plus d’un Genevois… je l’espère.

 

 

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