La Conseillère d’État genevoise, Mme Emery-Torracinta, rappelait il y a peu, sur les ondes de la RTS, l’importance de l’éducation, considérée comme l’une des ressources de la Suisse, insistant sur l’impérative exigence de la formation pour le futur. Une évidence qui échappe pourtant à de nombreuses personnes qui ne perçoivent pas la nécessité fondamentale de l’éducation.
En dix ans, nos références évoluant tous les six mois, l’apprentissage de nos enfants a muté, reléguant au placard des disciplines comme le Latin ou le Grec, et bientôt l’Histoire, jugées inutiles, sans application dans le monde professionnel. À contrario, les Hautes Écoles ont vu le jour, dans le but de développer l’excellence de professions non-académiques et d’offrir des voies de formation alternatives aux filières traditionnelles. Une solution qui pallie par ailleurs le manque de places d’apprentissage.
Dans le même temps, des formations continues ont été mises sur pied pour permettre aux « anciens » d’acquérir les nouveaux diplômes mis sur le marché, et de rester professionnellement compétitifs. Des diplômes se montant parfois à 25'000.- comme pour la « mise à niveau » des archivistes en poste avant la création du papier de documentaliste/archiviste. Exorbitant pour apprendre un métier que l’on exerce depuis des années ! Une formation continue permettant de numériser toute velléité d’évolution en format numéraire.
Bref, la formation est une nécessité car la connaissance entraîne l’innovation. Et pourtant, on pourrait y voir un paradoxe puisque les cadres éducatifs sont de plus en plus rigides, de plus en plus harmonisés, coordonnés, homogénéisés, générant un univers ne tolérant plus la différence. Un principe panoptique, donc, guidant la connaissance vers une forme unique et, en fin de compte, un appauvrissement.
Et quelle démonstration plus amère que celle du FNRS (Fonds national de la recherche scientifique) qui, année après année, sélectionne ses professeurs-boursiers, en ne retenant que 15% des candidatures présentées par des scientifiques pouvant prétendre au rang professoral. 85% de ces chercheurs ayant démontré des années durant leur génie créateur, leur savoir et leur intelligence sont ainsi sacrifiés sur l’autel d’un conformisme développé par notre système de formation helvétique.
Si la matière grise est véritablement l’une des ressources de la Suisse, nous la dilapidons aussi sûrement que notre environnement. La Suisse a évidemment besoin de maintenir une éducation digne de ce nom, mais ne devrait-elle pas également veiller à conserver une diversité garantissant sa qualité ?