Les paradigmes du temps

Nier le passé entre dolma et sarma !

Nouvelle démonstration spectaculaire et sans vergogne de manipulation du passé (cf. mes articles de blog du 16 avril et du 20 mars dernier), digne des années les plus sombres du Stalinisme, le gouvernement turc vient de déplacer la date de commémoration de la fameuse bataille de Gallipoli (25 avril 1915 – 9 janvier 1916) à ce jour du 24 avril 2015, date événement rappelant le centenaire du massacre des Arméniens, comme nous le rappelle l’excellent article du Temps de Bernard Bridel.

La manœuvre est grossière au vu de la médiatisation portant sur les souffrances arméniennes.

Si celles-ci débutèrent en 1909 par un premier massacre de 30'000 personnes dans la province d’Adana perpétré par les nationalistes turcs, et continuèrent en janvier 1915 par l’exécution systématique de tous les soldats arméniens de l'armée turque, la date officielle du début du génocide est le 24 avril 1915 qui vit l’arrestation et la déportation de plusieurs centaines d’intellectuels arméniens de Constantinople. Dès lors, tous les hommes allèrent être tués, les femmes, les enfants et les vieillards déportés dans les déserts de Syrie, lors de marches mortelles ou dans des fourgons à bestiaux. Les estimations à propos du nombre de victimes divergent de 800'000, le chiffre officiel avancé par les autorités turques en 1919, à 1,2 millions.

On ne peut qu’espérer que les nations ne seront pas dupes de l’astuce imaginée à Ankara pour reléguer au second plan un passé sombre qui ne fait pas son jeu, dans cette course à la médiatisation de mauvais goût. Il y a fort à parier que les Australiens n’en seront pas victimes puisque la bataille de Gallipoli est leur bataille de la Première Guerre mondiale, célébrée le 25 avril, the Anzac Day, comme il se doit dans le pays de Russell Crowe, Nicole Kidman et Errol Flynn, depuis un peu moins de cent ans.

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