Manuel pour habitants des villes

L’atavisme républicain du renversement du souverain

Les violentes émeutes de samedi dernier ont éclipsé un élément essentiel du mouvement qui agite la France depuis plusieurs semaines: la convergence de toutes les sensibilités politiques à l’insurrection jaune. De l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par la droite républicaine et les socialistes, tous répondent présent aux rendez-vous donnés par les gilets jaunes. 
Samedi les manifestants ont ainsi « embrassé » des causes aussi éloignées de « l’agenda officiel » du mouvement que les revendications des cheminots de la SNCF. Tout semble à présent pouvoir entrer dans la cause.

Place de l’Etoile, samedi après-midi, les groupes identitaires côtoyaient des anarchistes et des gauchistes. Aucune altercation.Tout ce monde malgré les oppositions radicales qui le traverse, fonctionnait comme un corps. Tous ne chantaient pas la Marseillaise, mais tous criaient « Marcon démission ». C’est peut-être cet élément qui pousse de plus en plus de commentateurs à considérer que le pays est entré dans une phase insurrectionnelle. Une seule revendication semble unir les centaines de milliers de manifestants et le 51% de la population de sympathisants : l’appel à la démission d’Emmanuel Marcon.

Ni les revendications ayant trait à la politique fiscale, au chômage, à la réforme des lycées et des universités, aux fractures territoriales ou encore aux inégalités économiques ne peuvent à elles seules cristalliser la colère des foules dont la convergence inattendue s’improvise à la croisée de tous ces griefs et s’exprime sous la forme d’une exhortation commune à la démission, autrement dit d’un procès en légitimité sans appel.

Samedi, dans un Paris en prise avec une folie insurrectionnelle qu’elle connait bien, ce ne sont probablement pas des citoyens payants trop d’impôts qui semaient le chaos. Une majorité des manifestants était soit trop pauvre soit trop jeune pour être imposée. 

Cela veut aussi dire qu’aucune mesure concrète, à l’exception du départ du président, ne parviendra à apaiser la protestation en train de devenir insurrection. 

Au final, rien n’a fondamentalement changé, si n’est que le peuple fait usage d’un droit à l’origine de cette République. Celui d’exiger par tous les moyens le départ d’un souverain qu’il considère méprisant à son égard. 

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