L’économie déchiffrée

Trump comme créateur d’emplois : plus dure sera la chute

(english text below)

Donald Trump proclame que sa politique conduira à une création massive d’emplois, soulignant les annonces de plusieurs entreprises qu’elles renforceraient l’embauche aux Etats-Unis. Si cela fait de beaux communiqués de presse, des créations de quelques centaines ou milliers d’emplois ici et là sont une goutte d’eau à l’échelle du pays. Rappelons que l’économie américaine créée en effet environ 200'000 postes par mois depuis 2012.

A quoi pouvons-nous nous attendre une fois qu’il sera clair que les belles annonces ne se traduisent pas par une hausse visible de l’emploi aux Etats-Unis ? Un scénario optimiste est que cela s’ajoutera à une substantielle liste de déceptions quant aux promesses de la nouvelle administration, qui changera alors son fusil d’épaule.

Il faut cependant considérer un scénario plus préoccupant. Les agences statistiques américaines dépendent en effet du gouvernement. Jusqu’ici elles ont été laissée libres de faire leur travail, et celui-ci est de très bonne qualité. Elles publient non seulement les chiffres clefs (croissance, inflation, chômage, balance extérieure), mais aussi une palette très détaillée d’indicateurs complémentaires, et d’analyses rigoureuses permettant au public de se faire une opinion critique (par exemple, le Bureau of Labor Statistics publie plusieurs indicateurs de la situation sur le marché du travail, ne se limitant de loin pas au taux de chômage). Comme la statistique est un exercice complexe, la richesse des informations publiées permet d’appréhender rigoureusement l’inévitable marge d’incertitude.

Le professionnalisme des agences statistiques outre-Atlantique pourrait être menacé une fois que les chiffres ne plairont pas à l’administration Trump. Des pressions politiques pour embellir les chiffres de l’emploi sont envisageables. Certes cela paraît un scénario alarmiste étant donné la retenue dont tous les gouvernements ont jusqu’ici fait preuve, et un « massage » des statistiques à des fins politiques est plutôt le fait de républiques bananières. Mais l’administration actuelle ne montre aucune propension à se sentir liée par le comportement des gouvernements précédents.

 

Trump as a jobs creator : rough times ahead

Donald Trump claims that his policies will lead to a massive creation of jobs, stressing the announcement of several companies that they plan to strengthen hiring in the United States. While this makes for catchy press releases, a couple of extra hundreds or thousands of jobs is a drop given the size of the country. Keep in mind that the US economy has been creating around 200’000 jobs monthly since 2012.

What can we expect one it will become clear that the nice statements do not translates into a clear pickup in US employment? An optimistic scenario is that this will be another entry in a sizable list of disappointments from the campaign promises by the administration, which will then move to another topic.

We however must consider a more worrisome scenario. The US statistical agencies are part of the government. Until now they have been left free to do their job, and have done it very well. In addition to the headline figures (growth, inflation, unemployment, external accounts), they publish a broad and detailed range of data and rigorous analyzes which allow the public to forge a critical opinion (for instance the Bureau of Labor Statistics publishes many indicators of the labor market, and does not by far limit itself to the headline unemployment rate). As statistics are a complex exercise, the wealth of published information facilitates a rigorous assessment of the unavoidable degree of uncertainty.

The professionalism of US statistical agencies could come under threat once the published figures are not to the taste of the Trump administration. Political pressures to polish employment data could happen. Of course this scenario seems far-fetched given the restraint that all governments have shown until now, and a politically-driven “massaging” of the data is usually associated with banana republics. However, the current administration has shown no propensity to consider itself committed by the practices of past governments.

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