L’économie déchiffrée

Réformes structurelles et relance : choisir le bon équilibre.

La faible croissance de ces dernières années, surtout en Europe, donne lieu à des appels fréquents en faveur de réformes structurelles pour augmenter le potentiel de croissance.

Cette étiquette de "réformes structurelles" recouvre cependant une large palette de politiques. On y trouve des mesures pour faciliter la création d’entreprises, ainsi que des mesures pour limiter le chômage durable. Le catalogue est très hétérogène, et les différentes mesures peuvent avoir des impacts variés. Il convient donc d’être plus précis.

Tout d’abord, il faut tenir compte du contexte conjoncturel. Les réformes agissent en effet essentiellement sur l’offre en stimulant la création d’entreprises, ou en incitant les personnes sans emploi à retrouver une activité plus rapidement. Ces actions sont souhaitables, mais leur impact dans la situation actuelle pourrait être limité, du moins dans l’immédiat. En effet les pays européens souffrent surtout d’une demande insuffisante, pour laquelle les politiques monétaires et budgétaires sont plus appropriées. Si inciter les gens à retrouver un emploi est une bonne idée, cela ne sert pas à grand-chose si les postes vacants manquent.

Ensuite, l’impact des réformes est très contrasté. Une analyse récente du FMI examine l’impact de plusieurs politiques et les points clefs suivants en ressortent.

Premièrement, les politiques facilitant la création d’entreprises et stimulant la concurrence soutiennent la croissance, bien que cela prenne du temps. Cet impact n’est que peu sensible aux conditions conjoncturelles.

Deuxièmement, les réformes réduisant les formalités de licenciement sont à manier avec précaution. Si la conjoncture est faible elles conduisent avant tout à une hausse du chômage. En revanche, elles stimulent la création d’emploi en forte conjoncture. Les entreprises sont alors moins réticentes à embaucher si elles savent qu’en cas d’échec le licenciement est plus aisé.

Troisièmement, une réduction des charges fiscales sur le travail stimule l’activité, et ce particulièrement en période de faible conjoncture. Cette politique vise à réduire l’écart entre le coût pour l’entreprise et le revenu effectivement touché par l’employé. En d’autres termes, elle représente une baisse d’impôt, et comme toute politique budgétaire l'impact est plus marqué lorsque les temps sont difficiles.

Quatrièmement, un accroissement des mesures dites actives, à savoir la formation des chômeurs et l’aide à leur placement, est particulièrement efficace dans un contexte de faible conjoncture. Ceci reflète le fait que ces mesures représentent une politique budgétaire plus expansionniste.

Enfin, toutes ces mesures structurelles sont d’autant plus efficaces lorsqu’elles sont soutenues par la politique macro-économique (monétaire et budgétaire).

L’analyse du FMI montre donc qu’il faut faire attention à la séquence des réformes, commençant par exemple par une baisse des charges fiscales sur l’emploi pour ensuite enchaîner sur les formalités de licenciement. Ensuite, un débat opposant une politique structurelle agissant sur l’offre à une politique conjoncturelle portant sur la demande n’a pas de sens. Loin de se concurrencer ces deux outils se renforcent mutuellement.

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