La «fast fashion» , un «fashion faux-pas» ?

Se vêtir constitue l’un de nos besoins fondamentaux. Aujourd’hui, l’habillement est devenu une industrie nuisant au climat et aux droits humains. Et s’il était possible de se vêtir dans le respect de la planète et de ses habitants ?

Le 9 octobre 2017, le 19 :30 de la RTS diffusait un reportage sur le tourisme d’achat. On y suivait une trentaine de romandes se rendant à Lyon en autobus. Au programme : journée shopping chez Primark, une enseigne proposant des vêtements à prix cassés. « A ce prix-là, on ne réfléchit même plus, on prend », lance une jeune femme à la journaliste. Effarée par ces propos, je me suis aperçue que dans le domaine de la mode, plus que dans n’importe quel autre, la surconsommation est la norme.

La « fast fashion »: surabondance et mauvaise qualité

En effet, si au sein d’un foyer nous nous contentons généralement d’un ou deux aspirateurs, d’un lit par personne, et d’un nombre raisonnable de casseroles, cette logique fond comme neige au soleil lorsqu’il s’agit de se vêtir. Sous nos latitudes, posséder une centaine de paires de chaussures, plus de cinquante robes ou 25 paires de pantalon semble tout à fait banal.

Cette surabondance s’inscrit dans la tendance adoptée aujourd’hui par une grande partie de l’industrie du textile et que l’on appelle communément la « fast fashion ». Cet anglicisme, auquel je préfère le terme de mode « jetable », est utilisé pour parler d’une mode caractérisée par des articles bon marché, dont la faible qualité permet une production à moindres coûts. Loin de constituer un problème, cette mauvaise qualité fait justement partie intégrante de la stratégie des industriels de la mode jetable. En effet, rien ne destine ces vêtements à être conservés plus d’une saison, car les marques renouvellent l’intégralité de leurs collections à un rythme effréné, parfois jusqu’à une fois par mois !

Quelques chiffres

Grâce à ce modèle, la mode représente aujourd’hui un secteur économique florissant, qui rapporte 1200 milliards de dollars par an, dont 250 milliards uniquement pour les Etats-Unis. Chaque année, ce ne sont pas moins de 80 milliards de vêtements neufs qui sont produits dans le monde1. Des chiffres effarants, que des entreprises comme Zalando contribuent à faire grimper.

Quelles conséquences ?

Mais la mode jetable, c’est également une face bien plus sombre, qu’aujourd’hui nul ne peut ignorer. Pollution des eaux, émissions de gaz à effet de serre, gaspillage massif de vêtements qui terminent leur vie brûlés en décharge, conditions de travail indécentes dans des ateliers au bout du monde, etc. Le but n’est pas ici de faire l’étalage des nombreuses dérives de l’industrie du textile (des informations très complètes à ce sujet se trouvent sur le site de l’ONG suisse Public Eye), mais plutôt de se demander ce qu’il est possible de faire pour éviter de cautionner cette industrie moribonde. Et il existe de nombreuses solutions, dont voici un petit aperçu !

Trucs et astuces pour une mode plus responsable

De mon côté, cette réalité m’a poussée il y a trois ans à changer mon comportement. Déjà attentive à mes habitudes de consommation dans de nombreux domaines, j’ai jugé cohérent d’élargir cette démarche à l’habillement. C’est ainsi que j’ai décidé de ne plus jamais franchir la porte de chez Zara ou H&M, et de choisir exclusivement des vêtements, chaussures ou accessoires d’occasion, ou produits de façon responsable. Trois ans plus tard, sauf quelques rares exceptions, le pari est réussi !

A son échelle, chacune et chacun peut s’interroger sur ses habitudes de consommation dans ce domaine, et devenir un.e acheteur.euse conscient.e, en adoptant les quelques bonnes habitudes ci-dessous, testées et approuvées.

  1. Acheter moins, beaucoup moins

Dans tous les domaines, la base d’une consommation raisonnée consiste à s’interroger sur ses besoins réels. Lorsqu’il s’agit de mode, sachant que nous portons en moyenne moins de cinq fois chaque vêtement que nous achetons, cette première étape s’impose d’elle-même.

  1. Réparer

Foncer au centre commercial pour remplacer un vêtement au moindre accroc, c’est terminé ! Apprendre à recoudre ses vêtements permet de prolonger leur durée de vie. Pour les chaussures, il est possible de les confier à un cordonnier qui saura leur redonner une seconde jeunesse.

  1. Choisir des marques éthiques

Evidemment, je ne parle pas ici des grandes marques qui, pour verdir leur image, développent des collections « écoresponsables ». Non, il existe de vraies marques écologiques et/ou éthiques, qui ont à cœur de proposer des vêtements produits dans des conditions décentes et dans le respect de l’environnement, tout en s’adaptant aux tendances actuelles. Un inconvénient toutefois : leur prix, souvent très élevé, les rendant peu accessibles à tous les budgets. Mais certaines marques, comme Ekyog, Veja ou Toms, proposent tout de même des articles abordables.

  1. Acheter en seconde main

Fini le temps où lorsque l’on pensait seconde main, on s’imaginait un vieil entrepôt rempli de chemises XL datant des années 80 ! Aujourd’hui, la seconde main est plus tendance que jamais. J’en veux pour preuve la multiplication des vide-dressing dans tout le pays, et l’émergence de boutiques comme le Café des Patronnes, échoppe lausannoise proposant un vaste choix de très beaux articles d’occasion magnifiquement mis en valeur. La seconde main rassemble tous les avantages : des prix défiant toute concurrence, une dimension sociale et la possibilité de donner une seconde vie à des vêtements encore en excellent état que leurs ancien.nes propriétaires ont rarement porté plus de deux ou trois fois. Pour trouver son bonheur, les options ne manquent pas : vide-dressing, groupes de vente sur les réseaux sociaux, boutiques de seconde main, échanges avec ses connaissances, etc.

Devenir consomm’acteur.rices

En adoptant quelques-unes des astuces ci-dessus, il est déjà possible de faire une différence. En tant que citoyen.nes, nous votons aussi avec notre carte de crédit. En choisissant de ne plus l’utiliser pour des vêtements « prêts-à-jeter », nous exprimons notre désaccord face à ce système et notre soutien aux vraies victimes de la mode : les ouvrier.ères et la planète.

 

Pour aller plus loin:

Le Guide de la consommation éthique
Fair’act
Public Eye

 

Cécile Amoos

Diplômée de l’Université de Lausanne, passionnée par la nature, l’écologie et les enjeux environnementaux, Cécile Amoos est convaincue qu’il est possible et peu contraignant de consommer différemment et s’enthousiasme de voir que des solutions existent partout et pour toutes et tous. Elle présente sur ce blog ses idées et astuces préférées.

Une réponse à “La «fast fashion» , un «fashion faux-pas» ?

  1. Merci pour cet article et cette enquête. Si seulement il n’y avait que les vêtements… Je rajouterais juste une chose. Les gens jettent souvent leurs vêtements au lieu de les donner. Regardons autour de nous. Je suis certain qu’on trouve dans nous connaissances des personnes qui auraient bien besoin de ces vêtements qu’on ne veut plus. Ça crée des liens pour une société plus solidaire.

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