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Le mouvement, le cerveau et la folle idée de Phil (1/2)

human brain with arms and legs on a running machine, 3d illustration

Phil est prof de sport dans une high school de banlieue et Phil est inquiet. Il est inquiet, car il observe et lit partout que les écoliers adolescents sont de moins en moins actifs. Il sait aussi que les adolescents qui bougent peu deviennent plus souvent des adultes aux habitudes sédentaires, avec du surpoids et des maladies métaboliques. Et comme Phil aux Etats-Unis, nous observons les mêmes problèmes en Suisse, les mêmes difficultés de motiver les adolescents à pratiquer une activité sportive régulière, les mêmes difficultés à convaincre les décideurs de l’importance des compétences physiques pour la santé d’aujourd’hui et de demain. Mais Phil ne se laisse pas abattre. Il a une idée farfelue, une intuition unique. Nous sommes en 1992.

LE CERVEAU ET LE MOUVEMENT

L’activité physique régulière et le sport, c’est bon pour les jambes, ça renforce le corps, ça fait travailler le cœur et le métabolisme. Plus d’aisance dans le mouvement, moins de douleurs, plus d’endurance, moins de maladies cardiovasculaires et de diabète. Tout le monde le sait, 60% de la population ne le fait pas. On dit que la simple répétition de faits, qu’ils soient vrais ou faux (fake news) suffit à ce qu’ils deviennent acceptés : plus on y est exposé, plus on s’en convainc. Evidemment, cela ne suffit pas de savoir, faut-il encore faire. Quel est le rôle du cerveau dans cette histoire ?

Les 25 dernières années ont vu un enthousiasme pour la recherche dans le domaine des capacités cérébrales en lien avec l’activité physique et le sport. C’est ainsi que de nombreuses études nous renseignent sur les effets de l’activité sur la structure et la fonction cérébrale. Pour résumer : le mouvement agit comme une sorte d’engrais cérébral, participant à l’amélioration des fonctions cognitives, de l’humeur et de la mémoire. Ceci en plus de la réduction significative des maladies vasculaires cérébrales (attaques cérébro-vasculaires, les AVC).

On a progressivement identifié 4 mécanismes différents qui contribuent à booster le cerveau:

  1. L’activation de la CIRCULATION SANGUINE globale et cérébrale en particulier permet une meilleure oxygénation des zones cérébrales, améliore la souplesse de ces vaisseaux sanguins, et permet même le développement de nouvelles ramifications de ces derniers. On appelle ce processus l’angiogénèse.
  2. La stimulation de la PRODUCTION DE NEUROTROPHINES importantes pour son fonctionnement. Un de ces facteurs de croissance cérébraux est particulièrement stimulé, le BDNF (brain-derived neurotrophic factor). Que fait le BDNF? Il joue un rôle essentiel dans la plasticité cérébrale, par le biais de la prolifération, la spécialisation et la survie des neurones, ainsi que des connexions entre les neurones, les synapses.
  3. Les NEUROTRANSMETTEURS: d’autres substances cérébrales sont positivement influencées par le mouvement, telles que la sérotonine et la noradrénaline. Elles jouent un rôle dans l’éveil, la capacité cognitive et la régulation de l’humeur. On connaît les propriétés antidépressives de ces molécules, auxquelles viennent s’ajouter des effets sur la qualité du sommeil également.
  4. Les ENDORPHINES: dernier élément dans l’arsenal moléculaire mis en fonction par le mouvement, on les connaît depuis longtemps. Leur rôle semble plutôt lié à l’état d’euphorie ou de régulation de l’inconfort, ce qui peut favoriser la répétition de l’activité, et donc la durabilité des effets bénéfiques montrés par les études. Si différents types d’effort peuvent stimuler la production d’endorphines, il semble que l’effort prolongé (plus de 45 minutes) soit meilleur, bien que des efforts répétés de courte durée (type HIIT, pour high intensity interval training) puissent aussi fonctionner. A noter que les endorphines ne contribuent probablement pas autant que les autres mécanismes ci-dessus à la fonction cognitive directement, mais plutôt de manière indirecte. Elles agissent probablement par le biais de la réduction du stress et de l’anxiété.

Non seulement ces mécanismes permettent d’optimiser la fonction du cerveau, mais en plus, on a constaté que des zones complexes du cerveau pouvaient être transformées: par exemple l’hippocampe, un des sièges de la mémoire, réagit à l’activité régulière en augmentant son volume, donc sa masse de tissu neuronal. Qui a dit que le cerveau ne s’arrêtait pas de rétrécir et mourir progressivement avec les années?

Et qu’en est-il alors de l’idée folle de Phil?
Il vous faudra attendre la deuxième partie de ce billet pour apprendre comment il a été en mesure de révolutionner nos écoles…ou pas.

 

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