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Commotion or not commotion? That is the question

Pyeongchang 2018, épreuve de snowboard halfpipe: Iouri Podladtchikov et David Hablützel sont parmi les favoris et s’y préparent depuis 4 ans. Tous deux ont dû renoncer à participer sur la première scène sportive planétaire, les Jeux Olympiques. Ils restent sur la touche, victimes de commotion cérébrale dont ils ont insuffisamment récupéré. Mathilde Gremaud gagne hier une superbe médaille d’argent (derrière Sarah Hoefflin, doublé helvétique) à l’épreuve de slopestyle, alors que la veille, elle chute et a doit être évaluée pour une possible commotion. 3 athlètes, 1 diagnostic potentiellement similaire, et pourtant 3 situations bien différentes.

Les commotions cérébrales chez les athlètes agitent les milieux du sport depuis quelques années, principalement au hockey sur glace en Suisse, ou au football américain aux USA. Mais de nombreuses activités sportives peuvent engendrer des commotions. Les conséquences et la prise en charge ne sont pas simples et doivent être minutieusement protocolées. Au travers de 3 situations différents aux JO de Pyeongchang, je discute des concepts essentiels.
Attention: je ne me suis pas directement occupé de ces personnes (je ne pourrais pas commenter), et les infos discutées sont celles disponibles au travers des divers communiqués de presse ou des médias sociaux des athlètes eux-mêmes.

Iouri Podladtchikov

La chute d’Ipod à Aspen

Lors des X-games à Aspen le 28 janvier 2018, en préparation des JO, celui que l’on surnomme I-Pod chute et subit une méchante blessure au visage: fracture du nez et commotion, apprend-on. Il n’en récupérera pas complètement pour participer à l’épreuve sud-coréenne afin d’y défendre son titre olympique de halfpipe de Sotchi 2014.

Sa situation est plutôt atypique dans les commotions, dans le sens où il a subit un traumatisme crânien sévère: fracture du nez, avec hémorragie cérébrale selon le communiqué de presse de Swiss Ski. Il est très rare qu’une commotion fasse une lésion intra-crânienne comme un saignement, car d’habitude les commotions ne laissent pas de trace sur la structure du cerveau et de son enveloppe. Les scanner et autres IRM sont classiquement normales. La sévérité de la blessure de Ipod était attestée par ces examens pathologiques, et confirmée par son incapacité à reprendre la neige. Sage décision, laquelle apparaît sans équivoque, bien que difficile.

Tweet de Ipod confirmant son retrait de la compétition le 10 février.

David Hablützel

La chute de David Hablützel à Laax.

Le 5e des JO de Sotchi a chuté lourdement le 20 janvier à Laax , contusions au dos et commotion cérébrale avec perte de connaissance.

Evacué en hélicoptère, il a passé 3 jours à l’hôpital.
Le 12 février il annonce n’être qu’à 60-70% remis et se retire des qualifications.

Dans ce cas, on a affaire à une commotion plus classique: absence de lésion cérébrale structurelle, mais perturbation des fonctions du cerveau avec persistance de symptômes pendant plusieurs jours après l’épisode. Dans ces cas-là, la récupération se fait au mieux en 7 jours, en moyenne plutôt en 2 semaines, et dans 10 à 15% des cas cela prendra plus longtemps. La reprise du sport et des stimulations cognitives doit se faire de manière progressive; la course contre la montre est enclenchée. Il était raisonnable d’espérer qu’Hablützel avait une chance de se remettre complètement pour les JO, mais l’évolution a été trop lente. Là aussi, la décision très certainement concertée entre l’athlète et le team médical et sportif a été sage. Il s’est retiré de la compétition, voici le communiqué de presse. Dans son cas, en plus de la commotion, des contusions au dos n’ont certainement pas aidé à la récupération de toutes ses capacités.

Mathilde Gremaud

Lors de l’entrainement du 16 février, elle chute également et doit être évacuée à l’hôpital pour passer un scanner et des examens neurologiques, tous deux normaux. Elle a déclaré par la suite qu’elle ne se souvenait pas clairement des événements, mais ne présentait pas d’autres symptômes. Le lendemain elle prend part à la compétition de slopestyle, est en tête jusqu’au 3e run final de Sarah Hoefflin qui lui souffle la médaille d’or.

L’histoire de Gremaud prend une tournure toute différente des deux précédentes, et vient nous rappeler que les chutes à ski/snowboard (ou autres sports) peuvent évoluer très différemment les unes des autres. La controverse de son cas a été commentée par le monde, en raison de la suspicion de commotion survenant la veille de son run argenté. Une chute avec choc à la tête, peu de souvenirs de l’événement et quelques céphalées. On peut rapidement conclure que la commotion est nette. Le team médical suisse a contrôlé l’athlète sur les heures précédent la compétition, et a pu conclure qu’elle passait entre les gouttes. Sa récupération rapide et la disparition des symptômes sont inhabituelles, mais l’équipe sur place est expérimentée et habilitée à juger de son aptitude à participer.

Toute suspicion de commotion doit être évaluée.

Les chutes peuvent engendrer des commotions, qui ne sont pas toujours simples à détecter, qui peuvent se compliquer, ou peuvent ne causer que des symptômes transitoires. Il est impératif que toute suspicion de commotion soit évaluée par un personnel médical expérimenté, et ce n’est malheureusement pas toujours le cas en dehors des compétitions majeures. Je reviendrai sur les commotions dans un autre post, en attendant, vous pouvez écouter cette discussion sur le sujet. Bonne récupération aux athlètes suisses.

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