Demain le commun

Comme un surfeur à Malibu (ou: Rawls et le RBI)

Philippe van Parijs, philosophe belge, est l’un des défenseurs les plus en vue du revenu de base, fondateur il y a trente ans déjà du premier réseau européen en sa faveur. Il raconte dans plusieurs articles la manière dont il a interrogé en 1986 John Rawls, auteur d’une importante Théorie de la justice, sur l’idée d’un revenu universel. La réponse de Rawls a été cinglante: il ne voyait tout simplement pas pourquoi des surfeurs, passant leurs journées sur la plage à Malibu à guetter les vagues, devraient avoir droit à un revenu organisé par une redistribution étatique. Cette expérience de pensée – typique de la philosophie contemporaine anglo-saxonne – ne vaut évidemment pas que pour les surfeurs de Malibu: elle vise, au contraire, par la conception d’un cas-limite, à tester les fondements d’une idée.Surf a Malibu

Loin de moi l’idée de prétendre exposer ici en détails et avec exactitude les deux visions sous-jacentes de Rawls et van Parijs. Je souhaite simplement donner ici un aperçu des raisons qui poussent Rawls à invoquer des surfeurs pour parler du RBI:

Je ne prétends ici ni à l’exactitude ni à la complétude. Van Parijs propose plusieurs réponses aux objections rawlsiennes et diverses défenses du principe du revenu de base, parfois convaincantes (par exemple ici). Le surfeur de Malibu n’est ni une figure réelle, ni en soi un argument concret contre le RBI – il ne s’agit évidemment pas d’affirmer que toute personne qui recevrait une allocation inconditionnelle se transformerait, en quelque sorte, en un personnage de ce type. Cet archétype n’est rien d’autre, comme je l’évoquais en introduction, qu’une expérience de pensée: un cas théorique et limite, qui permet de tester une hypothèse sur la base de l’intuition et de la réflexion.

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