Au-delà des apparences

Au-delà de Ai Wei Wei

Avec environ 5.5 millions d’électeurs et  un Conseil National composé de 200 députés élus par le peuple,  la Suisse compte sur le plan national environ 1 député pour 27 000 habitants.

Si l’on appliquait un modèle basé sur  la  même proportionnalité à la seule  municipalité chinoise de Chongqing on arriverait a un parlement communal de 1100 députes.

Une Chine ingérable ?

Qu’une institution de cette taille poserait des problèmes de gestion quasi ingérables est une évidence. Une évidence que le parti communiste chinois confronte quotidiennement face au défi de gérer un pays de 1.4 milliards d’habitants avec comme seul outil un « socialisme avec des caractéristiques chinoises » qu’il s’est inventé pour garder son monopole du pouvoir.

Pas de dilemme pour Ai Wei Wei

Ce dilemme Ai Wei Wei n’en a cure. Dans son interview au journal Le Temps, où la pertinence des questions posées incitent celui qui est considéré en Occident comme un des plus grand dissidents chinois vivant à l’étranger à s’exprimer sans entraves il projette une image contrastée qui donne toute la mesure d’un personnage hors normes.

Une image contrastée

Il y a d’abord l’artiste pour ne pas dire le créateur : l’homme aura marqué son époque et sa place comme un géant de l’art contemporain est acquis. Il y a ensuite  la dimension de celui qui est aujourd’hui un personnage public.

A l’origine, c’est un privilégié. Né dans une famille proche du pouvoir communiste, il a subi le sort, partagé par tout un pays, de ceux qui furent les victimes d’un système qui les dépassaient. Il en ressort que les persécutions que lui et sa famille ont subies sont considérées comme ayant été la règle plutôt que l’exception et ne lui valent aucune sympathie particulière en Chine; et le fait que sa famille avait été parmi les premières réhabilitées  après la Révolution Culturelle ne fit que confirmer cet état de choses.

Un non au système

Il y a ensuite l’indiscipliné : Fort de ses acquis en tant qu’artiste Ai Wei Wei lève la voix. Dans une société qui exige que tout soit à sa place il sort du cadre. L’art déborde de ses digues et empiète sur le politique. Ai Wei Wei questionne, provoque, critique.

Opérant dans un régime qui est incapable de gérer le phénomène qu’il représente, il est tour  tour surveillé, emprisonné, harcelé, ignoré et toléré. Finalement on le laisse partir, lui et une partie de son œuvre dans des containers pesant des tonnes.

Libre

Hors de Chine il est libre non seulement de créer mais aussi de parler. Il peut ainsi affirmer haut et fort que les Chinois sont plus libres que les occidentaux dans la mesure ou il n’ont pas de religion sans que personne ne vienne lui rappeler que, faute d’un être suprême, la superstition règne en maître en Chine. Et il peut s’en prendre sans réserve au comité Olympique et même à la neutralité suisse sans  proposer d’alternative.

Provocateur plus que dissident.

Pour le régime qui l’a laissé partir, il est une énigme ou du moins un incompris. Son art intrigue sans séduire et  ses appels à une « liberté »  indéfinie en font un provocateur bien plus qu’un dissident.

Loin des défis que le régime chinois doit affronter, Ai Wei Wei reste un marginal de la réalité chinoise. Un marginal pour lequel la Chine n’as pas de place. A l’inversa de l’Occident.

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