Rhonestrasse

France: Un(e) président(e) sans dents?

Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle française a débouché sur une claire alternative: Marine Le Pen et ses promesses de fermetures des frontières, de l’économie, lesquels déboucheront sur un appauvrissement catastrophique de son pays et du continent tout entier, ou Emmanuel Macron, qui promet tout le contraire.

Mais aussi puissant que soit un président français sous la Cinquième république, il ne peut pas voter les lois ni les budgets et son gouvernement peut être mis dans l’impossibilité de gouverner s’il n’obtient pas une majorité parlementaire. François Hollande, le président sortant, en a fait l’expérience il y a juste une année en échouant de faire admettre à ses amis politiques son idée de déchéance de nationalité.

Or ni Marine Le Pen ni Emmanuel Macron ne disposent d’assises assez fortes pour emporter la majorité dans les deux Chambres (Assemblée et Sénat). Le parti de la première, le Front national, n’y a jamais compté que quelques députés tout au plus. Quant au second, il ne peut s’appuyer que sur En Marche, un mouvement (même pas un parti) qui ne compte que quelques mois d’existence et n’a aucune expérience d’une élection parlementaire. On peut, en outre, penser que les deux grands partis traditionnels (PS et Républicains) vont tout mettre en oeuvre pour conserver leurs positions dans chacune des circonscriptions électorales, surtout après l’échec humiliant de leurs candidats à la présidentielle, Benoît Hamon et François Fillon,

Le(la) futur(e) président(e) risque de se trouver fort démuni face à une Assemblée nationale qui marchandera le moindre de ses projets. La France retombera ainsi dans le parlementarisme, synonyme, dans ce pays, de non-décision voire de chaos. La Suisse et l’Europe y auraient tout à perdre.

A moins que les électeurs, cohérents, ne fassent subir à leur classe politique ce que les Italiens ont infligé à la leur il y a 23 ans, et que les Espagnols ont failli imposer à la leur il y a trois ans: un effondrement des partis traditionnels et l’émergence réelle du Front national comme important parti de gouvernement. Ou, nettement plus souhaitable pour tout le monde, que le mouvement En marche sache s’organiser à l’échelle de tout le pays et obtienne assez de députés pour imposer ses vues. Pour la France, ce serait historique, comme ce le fut en Italie. Et pour l’Europe, un immense bénéfice, une voie à suivre pour accompagner la reprise économique qui se fait jour.

Quitter la version mobile