Secret bancaire, un délicieux souvenir

Alors que le secret bancaire se meurt, les langues, dans la profession, commencent timidement à se délier: oui, tout le monde savait, oui, on a bien vécu sur la fraude fiscale au détriment des pays voisins, etc. Mais à une condition: "ne me citez pas". Le tabou reste si épais!

Pourtant, à son heure de gloire, les cercles "bien informés" n'avaient aucun doute sur ce qui se passait, à preuve de ce délicieux document figurant aux Archives diplomatiques fédérales et accessible sur internet, sur lequel l'historien Marc Perrenoud a attiré mon attention:

Il s'agit d'une lettre de l'ambassadeur de Suisse à Paris envoyée à "la centrale" en 1962 suite à une conversation avec Maurice Couve de Murville,  l'un des plus proches collaborateurs du général De Gaulle, dont il était à l'époque ministre des Affaires étrangères:

Dans ce courrier, l'ambassadeur détaille les multiples raisons qui amènent les Français à apprécier particulièrement les banques suisses. Comme d'habitude, le meilleur est pour la fin:

A se demander ce qui a passé par la tête de Nicolas Sarkozy, lointain successeur du général De Gaulle à l'Elysée, lorsqu'il a déclaré en 2009 que "le temps du secret bancaire est terminé".

Yves Genier

Journaliste économique depuis le milieu des années 1990, historien de formation, je suis particulièrement intéressé aux questions bancaires, financières, fiscales et, naturellement, macroéconomiques et leurs conséquences politiques et sociales.