These de Me Stéphane Manaï

Kylian Mbappé et son image de marque

Il se passe toujours quelque chose avec Kylian Mbappé. Sur et en dehors des terrains. Après un été mouvementé et alimenté par les rumeurs habituelles de transfert, on le croyait désormais confortablement installé comme figure de proue du PSG qui avait annoncé avoir prolongé son joueur vedette jusqu’en 2025. Sauf que depuis le début de la saison, Mbappé faut beaucoup parler de lui en dehors du terrain.

Contrairement à ce qui avait été initialement dévoilé, il s’avère que le contrat de Mbappé avec le club parisien est en fait un contrat de deux ans, avec une année supplémentaire en option. Ce qui signifie très concrètement qu’il y a toutes les chances pour que le footballeur le mieux payé au monde fasse ses valises l’été prochain déjà, sous peine de priver son club d’une jolie indemnité de transfert. Son statut au sein du PSG reste donc finalement assez précaire.

Depuis le début de la saison, il y a d’abord eu le “penalty gate“, épisode lors duquel Neymar a voulu lui montrer qu’il tirait mieux les penalties; il y a désormais l’histoire du hashtag “pivot gang“, Mbappé faisant savoir son mécontent quant à son positionnement en pivot à la pointe de l’attaque parisienne. Visiblement insatisfait de son sort et n’ayant pas une relation des plus harmonieuse avec Neymar, Mbappé ne fait guère d’efforts pour cacher sa frustration, ce qui permet aux rumeurs de revenir en force. Son transfert à Liverpool ou à Madrid au prochain mercato d’hiver est déjà annoncé.

L’attaquant français n’est pas en reste avec l’équipe de France puisqu’il avait menacé il y a quelques semaines de boycotter ses obligations auprès des sponsors nationaux, avant qu’un accord ne soit trouvé à la dernière minute. Le bras de fer entre la Fédération Française de Football (FFF) et son attaquant  de pointe mérite quelques explications et mises en perspective. En bref, lorsqu’un joueur français est sélectionné, il doit préalablement signer une convention prévoyant notamment qu’il accepte de participer à des opérations commerciales des sponsors de l’équipe de France. Le hic est que les sponsors de Mbappé ne sont pas ceux de l’équipe de France et que cela créé des tensions.

Désireux de vouloir garder le contrôle de son image, Mbappé souhaiterait ne pas être associé à certains sponsors avec lesquels il ne partagerait pas les valeurs, comme Coca-Cola. La fédération française a fini par entendre ces revendications puisqu’elle s’est engagée à revoir les obligations imposées aux joueurs après la prochaine coupe du monde au Qatar.

Juridiquement, on pourrait penser que choses sont claires: Mbappé a signé un contrat prévoyant des obligations vis-à-vis de l’équipe de France; il n’a donc qu’à s’y tenir, ce d’autant plus qu’il percevrait une prime de 25’000 euros par match pour prêter son image de marque aux sponsors des Bleus. C’est le principe de la fidélité contractuelle: les contrats sont faits pour être respectés – “pacta sunt servanda”. Du reste, aucun joueur n’a jamais rechigné à remplir ses obligations commerciales, en contre-partie de son statut de sélectionné en équipe nationale. Mbappé se voit-il donc plus grand que l’équipe de France? Ne devrait-il pas comprendre que son immense notoriété est aussi due à la vitrine que lui offre son équipe nationale, notamment lors des Coupes du Monde ou des Championnats d’Europe?

En y regardant de plus près, il faut admettre que la position du joueur présente des aspects légitimes. Tout d’abord, le contrat avec la FFF n’est pas librement consenti: le sélectionné n’a à vrai dire pas voix au chapitre s’il veut jouer en équipe nationale. On ne peut donc pas faire le procès du joueur en lui reprochant de faire volte-face par rapport à des obligations contractuelles qui lui ont en fait été imposées.

Mais il y a plus: le droit à l’image fait partie des droits de la personnalité. Cela signifie que chaque personne a le droit au respect de son image et que toute atteinte peut faire l’objet d’une action en justice pour obtenir la cessation de l’atteinte, la réparation du tort moral ou encore la remise du gain. Formellement, il n’y a pas d’atteinte dans le cas d’espèce puisqu’il y a consentement du joueur du fait du contrat le liant avec la fédération. Or, il n’y a plus de place à l’illicéité en cas de consentement. Mais peut-on encore parler de consentement lorsque le joueur n’a pas le choix, sauf à décliner une sélection en équipe nationale? De plus, ne doit-on pas admettre que le pseudo-consentement à la base du contrat doit pouvoir être révoqué, notamment s’il existe de justes motifs, sachant que des droits de la personnalité sont en jeu?

Comme souvent en droit, le terrain est mouvant et il existe des arguments tant du côté du joueur, qui doit pouvoir conserver la maîtrise de son image dans une certaine mesure, que du côté de la fédération nationale qui est elle aussi titulaire de certaines prérogatives. Jusqu’à présent, la question ne s’était jamais véritablement posée car l’équipe est normalement plus grande que le joueur. Mais dans le monde du football actuel, le fait est que certains joueurs deviennent si puissants que ce sont eux qui en viennent à dicter les règles du jeu. Ce déséquilibre ouvre du reste la porte à des débats intéressants: la star d’un club de football doit-elle vraiment être considérée comme un employé, bénéficiant de la protection sociale du droit du travail? Ne doit-elle finalement pas être considérée comme un associé en affaires? Il fait peu de doutes que toutes ces questions occuperont un jour les tribunaux dans la mesure où il faut admettre que les grandes stars du football ne sont pas des employés comme les autres.

Au fait, on en viendrait presque à oublier l’essentiel: Mbappé cartonne en ce début de saison avec 12 buts marqués en 13 matchs pour le PSG, dont 4 buts en 4 rencontres de Champions League. Comme quoi, même s’il met beaucoup d’énergie à garder le contrôle sur son image de marque, Mbappé sait encore marquer.

Megan Rapinoe : auto-goal sur terrain judiciaire

Le 24 mars marquait le “Equal Pay Day” – jour de l’égalité salariale – aux Etats-Unis. L’occasion pour le nouveau Président Joe Biden de recevoir des personnalités à la Maison blanche pour s’exprimer sur le sujet, dont Megan Rapinoe, superstar du football féminin et ardente défenderesse de nombreuses organisations LGBT.

Megan Rapinoe a profité de cette tribune pour tenir des propos extrêmement forts:

Malgré les victoires, j’ai été dévalorisée, on m’a manqué de respect et on m’a écartée parce que je suis une femme. Et on m’a dit que je ne méritais pas plus mais moins, parce que je suis une femme.

Elle a aussi profité de son passage à Washington pour témoigner devant une chambre du Congrès en déclarant notamment:

L’équipe nationale féminine a remporté quatre Coupes du monde et quatre médailles d’or olympiques au nom de notre pays. Nous avons rempli des stades, battu des records d’audience et vendu des maillots jusqu’à la rupture de stock. Pourtant, malgré tout cela, nous sommes toujours moins bien payées que les hommes – pour chaque trophée, chaque victoire, chaque match nul, chaque fois que nous jouons. (le témoignage peut être lu ici dans son intégralité)

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Le sport à l’arrêt – où sont les champions?

Le monde du sport est entré en hibernation totale depuis quelques jours et il semble désormais illusoire que les championnats interrompus puissent reprendre avant la pause estivale, à tout le moins en Europe. Face à une crise sanitaire sans précédent, les instances dirigeantes sont désarmées, ce d’autant plus que les règlements sportifs ne prévoient pas l’hypothèse d’un arrêt brutal des compétitions pour quelque motif que ce soit.

Chaque sport a  ses spécificités et chaque championnat évolue à son propre rythme, selon des formules différentes, si bien qu’il serait présomptueux de vouloir donner une réponse unique aux problèmes posés. Mais certains doivent encore décider s’il convient de consacrer des champions ou s’il faut plutôt estimer que la saison 2019/2020 compte pour beurre. L’heure est donc à l’état des lieux. (suite…)

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Joakim Noah: un fiasco synonyme de jackpot

Alors que la NBA vient de reprendre ses droits, un feuilleton a tenu en haleine le basket américain l’été dernier. Qu’allait donc bien devenir Joakim Noah, le fils de vous savez qui, au sein des New York Knicks?

Alors qu’il évoluait sous le maillot des légendaires Chicago Bulls, Joakim Noah faisait honneur au talent de son père : neuf saisons abouties avec le titre de meilleur défenseur de la ligue en 2013/14 et deux participations au All-Star Game. C’était avant son transfert en 2016 aux New York Knicks. Bilan: 53 matchs (sur 164) joués lors des deux dernières saisons; plusieurs blessures; une suspension de 20 matchs pour violation des règles antidopage et un conflit avec son coach qui lui a valu d’être mis à pied pour le reste de la dernière saison. Cela fait beaucoup de casseroles pour un joueur ayant signé un contrat de 4 ans pour 72 millions de dollars. (suite…)

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La Ligue des Champions ou la fable de la poule aux œufs d’or

C’est reparti: la Ligue des Champions reprend ses droits demain soir!

Pour le téléspectateur suisse, la compétition n’aura plus la même saveur puisque la RTS a perdu les droits télévisés des compétitions européennes au profit de la chaîne privée Teleclub. L’information n’est pas nouvelle, Le Temps s’en était déjà fait l’écho l’été dernier, mais elle devient d’actualité.

Le passionné de foot devra donc s’abonner à Teleclub, à Fr. 19.90 par mois, tout en souscrivant un abonnement auprès de Swisscom TV ou de Sunrise TV, pour continuer à bénéficier d’une offre digne de ce nom, ou se contenter du match programmé chaque semaine sur les chaînes du service public. Fin de l’eldorado helvétique; désormais, pour tous les téléspectateurs européens, il faut passer par des chaînes privées, en déboursant quelques deniers, pour suivre les compétitions phares de l’UEFA. (suite…)

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jeux de mains, pas toujours de vilains

Au moins deux éléments auront marqué cette Coupe du monde: les roulades de Neymar (plus que sa coupe de cheveu) et l’assistance vidéo.

La vidéo s’est encore invitée hier soir lors de la finale et elle l’aura marquée de son empreinte: pour la première fois, un penalty est sifflé lors d’une finale de coupe du monde après appel à la vidéo. Sans la “VAR” (Video Assistant Referees), la main de Perisic n’aurait pas été sifflée au bénéfice de la France et la physionomie de la rencontre aurait forcément été différente.

Ce penalty n’est pas scandaleux: Perisic a bel et bien touché le ballon de la main et la trajectoire de la balle a été modifiée. Et ce n’est de loin pas la première fois qu’un penalty est sifflé dans de telles conditions, y compris durant cette Coupe du monde. A titre personnel, j’ai toujours trouvé injuste et inexplicable qu’autant de penalties soient accordés pour de prétendues “fautes” de main et cela ne date pas d’hier. Je me souviens encore de ce penalty généreusement accordé en fin de match à l’Italie en 1998, alors qu’elle était menée 2 à 1 par le Chili de Zamorano et Salas… Vous l’aurez compris, pour moi, il n’y avait pas penalty hier soir. (suite…)

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Faut-il jeter Sergio Ramos aux crocodiles?

Pour avoir (volontairement?) blessé le Pharaon – alias Mohamed Salah – Sergio Ramos a déclenché la fureur du peuple égyptien et de tous les supporters de Liverpool. La toile s’agite, une pétition a déjà réuni près de 400’000 signatures pour que Ramos soit puni et un avocat égyptien, en quête de célébrité, aurait réclamé une indemnité de plus d’un milliard d’euros pour la souffrance causée au peuple égyptien.

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Affaire Constantin: à Fr. 100’000.- l’amende, ça fait combien la baffe?

“Double sanction contre Christian Constantin”. Tels sont les termes du titre du communiqué de presse du 12 octobre 2017 de la Swiss Football League. Double sanction car le bouillant président sédunois écope d’une amende de 100’000 francs et d’une interdiction de terrain de 14 mois.

C’est complétement insensé pour ceux qui estiment que Constantin a bien fait de régler ses comptes à l’ancienne, un peu à la manière d’Obélix donnant quelques baffes à un pauvre légionnaire romain; c’est bien trop peu pour ceux qui pensent qu’un président de club doit montrer l’exemple ou, à tout le moins, se montrer plus intelligent que le plus benêt de ses supporters.

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Le cas Ben Arfa et le droit de jouer à haut niveau

Après les transferts retentissants de Neymar et Mbappé, le Paris Saint Germain continue d’alimenter l’actualité dans un autre registre. C’est cette fois Ben Arfa qui est à l’ordre du jour puisque l’on apprend qu’il est écarté sans ménagement de l’équipe première pour être relégué en CFA (le championnat de France amateur). Il aurait semble-t-il court-circuité son entraîneur ainsi que le président du club pour aller plaider directement sa cause (et sûrement son mécontentement) auprès de l’Emir du Qatar, propriétaire du club. Cela aurait déplu. (suite…)

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Le transfert de Neymar au PSG: un joli passement de jambes

Il semblerait donc bien que Neymar puisse se libérer de son contrat avec Barcelone pour rejoindre le Paris Saint-Germain, moyennant paiement de la clause de départ de 222 millions d’euros.

Au-delà du montant qui est inimaginable et dont Le Temps a déjà fait état dans un excellent article du 25 juillet, c’est le montage financier de la transaction qui interpelle. En substance, le PSG ne dépensera formellement pas un centime car c’est le joueur lui-même qui va racheter sa clause libératoire… grâce à la rémunération qu’il perçoit par le Qatar pour devenir ambassadeur de la Coupe du Monde 2022. (suite…)

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