Il se passe toujours quelque chose avec Kylian Mbappé. Sur et en dehors des terrains. Après un été mouvementé et alimenté par les rumeurs habituelles de transfert, on le croyait désormais confortablement installé comme figure de proue du PSG qui avait annoncé avoir prolongé son joueur vedette jusqu’en 2025. Sauf que depuis le début de la saison, Mbappé faut beaucoup parler de lui en dehors du terrain.
Contrairement à ce qui avait été initialement dévoilé, il s’avère que le contrat de Mbappé avec le club parisien est en fait un contrat de deux ans, avec une année supplémentaire en option. Ce qui signifie très concrètement qu’il y a toutes les chances pour que le footballeur le mieux payé au monde fasse ses valises l’été prochain déjà, sous peine de priver son club d’une jolie indemnité de transfert. Son statut au sein du PSG reste donc finalement assez précaire.
Depuis le début de la saison, il y a d’abord eu le “penalty gate“, épisode lors duquel Neymar a voulu lui montrer qu’il tirait mieux les penalties; il y a désormais l’histoire du hashtag “pivot gang“, Mbappé faisant savoir son mécontent quant à son positionnement en pivot à la pointe de l’attaque parisienne. Visiblement insatisfait de son sort et n’ayant pas une relation des plus harmonieuse avec Neymar, Mbappé ne fait guère d’efforts pour cacher sa frustration, ce qui permet aux rumeurs de revenir en force. Son transfert à Liverpool ou à Madrid au prochain mercato d’hiver est déjà annoncé.
L’attaquant français n’est pas en reste avec l’équipe de France puisqu’il avait menacé il y a quelques semaines de boycotter ses obligations auprès des sponsors nationaux, avant qu’un accord ne soit trouvé à la dernière minute. Le bras de fer entre la Fédération Française de Football (FFF) et son attaquant de pointe mérite quelques explications et mises en perspective. En bref, lorsqu’un joueur français est sélectionné, il doit préalablement signer une convention prévoyant notamment qu’il accepte de participer à des opérations commerciales des sponsors de l’équipe de France. Le hic est que les sponsors de Mbappé ne sont pas ceux de l’équipe de France et que cela créé des tensions.
Désireux de vouloir garder le contrôle de son image, Mbappé souhaiterait ne pas être associé à certains sponsors avec lesquels il ne partagerait pas les valeurs, comme Coca-Cola. La fédération française a fini par entendre ces revendications puisqu’elle s’est engagée à revoir les obligations imposées aux joueurs après la prochaine coupe du monde au Qatar.
Juridiquement, on pourrait penser que choses sont claires: Mbappé a signé un contrat prévoyant des obligations vis-à-vis de l’équipe de France; il n’a donc qu’à s’y tenir, ce d’autant plus qu’il percevrait une prime de 25’000 euros par match pour prêter son image de marque aux sponsors des Bleus. C’est le principe de la fidélité contractuelle: les contrats sont faits pour être respectés – “pacta sunt servanda”. Du reste, aucun joueur n’a jamais rechigné à remplir ses obligations commerciales, en contre-partie de son statut de sélectionné en équipe nationale. Mbappé se voit-il donc plus grand que l’équipe de France? Ne devrait-il pas comprendre que son immense notoriété est aussi due à la vitrine que lui offre son équipe nationale, notamment lors des Coupes du Monde ou des Championnats d’Europe?
En y regardant de plus près, il faut admettre que la position du joueur présente des aspects légitimes. Tout d’abord, le contrat avec la FFF n’est pas librement consenti: le sélectionné n’a à vrai dire pas voix au chapitre s’il veut jouer en équipe nationale. On ne peut donc pas faire le procès du joueur en lui reprochant de faire volte-face par rapport à des obligations contractuelles qui lui ont en fait été imposées.
Mais il y a plus: le droit à l’image fait partie des droits de la personnalité. Cela signifie que chaque personne a le droit au respect de son image et que toute atteinte peut faire l’objet d’une action en justice pour obtenir la cessation de l’atteinte, la réparation du tort moral ou encore la remise du gain. Formellement, il n’y a pas d’atteinte dans le cas d’espèce puisqu’il y a consentement du joueur du fait du contrat le liant avec la fédération. Or, il n’y a plus de place à l’illicéité en cas de consentement. Mais peut-on encore parler de consentement lorsque le joueur n’a pas le choix, sauf à décliner une sélection en équipe nationale? De plus, ne doit-on pas admettre que le pseudo-consentement à la base du contrat doit pouvoir être révoqué, notamment s’il existe de justes motifs, sachant que des droits de la personnalité sont en jeu?
Comme souvent en droit, le terrain est mouvant et il existe des arguments tant du côté du joueur, qui doit pouvoir conserver la maîtrise de son image dans une certaine mesure, que du côté de la fédération nationale qui est elle aussi titulaire de certaines prérogatives. Jusqu’à présent, la question ne s’était jamais véritablement posée car l’équipe est normalement plus grande que le joueur. Mais dans le monde du football actuel, le fait est que certains joueurs deviennent si puissants que ce sont eux qui en viennent à dicter les règles du jeu. Ce déséquilibre ouvre du reste la porte à des débats intéressants: la star d’un club de football doit-elle vraiment être considérée comme un employé, bénéficiant de la protection sociale du droit du travail? Ne doit-elle finalement pas être considérée comme un associé en affaires? Il fait peu de doutes que toutes ces questions occuperont un jour les tribunaux dans la mesure où il faut admettre que les grandes stars du football ne sont pas des employés comme les autres.
Au fait, on en viendrait presque à oublier l’essentiel: Mbappé cartonne en ce début de saison avec 12 buts marqués en 13 matchs pour le PSG, dont 4 buts en 4 rencontres de Champions League. Comme quoi, même s’il met beaucoup d’énergie à garder le contrôle sur son image de marque, Mbappé sait encore marquer.
Analyse très intéressante.
Bientôt des stars du footbusiness avec un statut de free-lance de luxe ?
Bonsoir Monsieur,
Merci pour cette analyse qui informe avec clarté le profane que je suis.
Légèrement sarcastique, je me demandais si les prix Nobel de physique, de chimie , de médecine ,ou les médaillés Fields , entre autres, avaient les mêmes problèmes de gestion de leur image de marque …..
Mais votre description est intéressante, à n’en pas douter.
Le bonsoir Monsieur !