Alors que la NBA vient de reprendre ses droits, un feuilleton a tenu en haleine le basket américain l’été dernier. Qu’allait donc bien devenir Joakim Noah, le fils de vous savez qui, au sein des New York Knicks?
Alors qu’il évoluait sous le maillot des légendaires Chicago Bulls, Joakim Noah faisait honneur au talent de son père : neuf saisons abouties avec le titre de meilleur défenseur de la ligue en 2013/14 et deux participations au All-Star Game. C’était avant son transfert en 2016 aux New York Knicks. Bilan: 53 matchs (sur 164) joués lors des deux dernières saisons; plusieurs blessures; une suspension de 20 matchs pour violation des règles antidopage et un conflit avec son coach qui lui a valu d’être mis à pied pour le reste de la dernière saison. Cela fait beaucoup de casseroles pour un joueur ayant signé un contrat de 4 ans pour 72 millions de dollars.
Sur le plan sportif, les statistiques sont désastreuses: Noah n’aura marqué que 12 points et pris 14 rebonds sur les quarante minutes de jeu passées sur le parquet en sept matchs lors de sa deuxième saison chez les Knicks. En sortant sa machine à calculer, on arrive à un salaire de 1.36 millions de dollars par match joué sous le maillot de la franchise de New York. En trois petits matchs, il aura donc gagné plus que son illustre père durant toute sa carrière joueur de tennis professionnel. O tempora, o mores
Les Knicks boiront le calice jusqu’à la lie, ceux-ci n’ayant pas réussi à le transférer à un autre club durant l’entre-saison; absolument personne ne voulait miser 38 millions de dollars pour racheter ses deux dernières années de contrat. Résultat des courses? Le club n’a pas eu d’autre choix que de s’en séparer. L’ironie de l’histoire est que Noah – qui bénéficiait d’une rémunération garantie – empochera son salaire en plein jusqu’au terme de son contrat. Mieux: s’il trouve un autre club, il pourra même cumuler ses gains: un véritable jackpot! Pour le club de New York, l’amère satisfaction est de pouvoir étaler le paiement de la dernière année de contrat sur trois ans, en application du contrat cadre conclu entre les joueurs et la ligue, ce qui leur permet de faire de la place dans leur réserve salariale et ainsi pouvoir attirer de bons joueurs dès la saison prochaine.
On retiendra donc que Noah empochera bien au final les 72 millions de dollars de son contrat malgré de piteuses prestations sportives, la violation de règles antidopage et un comportement loin d’être irréprochable avec ses dirigeants.
Le destin de Joakim Noah auprès des New York Knicks n’est pas sans rappeler celui du joueur de foot roumain Adrian Mutu sous le maillot de Chelsea. Alors qu’il flambait dans le championnat italien, Mutu est transféré en 2013 et signe un contrat de cinq ans avec Chelsea. Coût du transfert: 22.5 millions d’euros, ce qui était alors une sacrée somme. Le 1er octobre 2014, Chelsea fait passer un contrôle antidopage à son joueur qui se distinguait aussi bien dans les nuits londoniennes que sur le terrain. Résultat du test: positif à la cocaïne! Mutu sera suspendu durant sept mois et son contrat sera résilié avec effet immédiat par Chelsea.
Mais Mutu n’a pas un contrat à toute épreuve comme Noah et les règles de l’UEFA ne sont pas celles de la NBA. Plutôt que de continuer à percevoir son salaire annuel de 2.3 millions de livres pour les quatre années restantes de son contrat, comme Noah à New York, Mutu devra passer à la caisse: Chelsea se retourne contre son ancien joueur en vue d’obtenir des dommages-intérêts puisque la rupture du contrat est due au comportement fautif du joueur. Chelsea gagnera la procédure et Mutu sera condamné à lui payer plus de 17 millions d’euros, montant correspondant à la part non amortie des frais de transfert! Mutu aura beau recourir auprès du Tribunal fédéral suisse contre la sentence du Tribunal arbitral du sport, puis auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, ses appels seront rejetés.
S’il s’intéresse au cas de Joakim Noah, Adrian Mutu doit se dire qu’il aurait mieux dû être basketteur professionnel en NBA que joueur de football en Europe. L’observateur averti trouvera pour le moins particulier qu’une destinée comparable entre deux sportifs de très haut niveau conduise à une situation diamétralement opposée sur le plan du droit: le jackpot pour l’un et la ruine financière pour l’autre. Le juriste se dira enfin que la différence de traitement en application des règles de la NBA ou de l’UEFA est quand même insensée.