De retour à San Francisco pour couvrir la Game Developers Conference

Voici une année, j’ai eu la chance immense d’aller couvrir la Game Developers Conference à San Francisco (GDC), le rendez-vous annuel des créatrices et créateurs de jeux vidéo. À l’époque une plongée dans l’inconnu, je m’y rends pour la seconde fois en sachant à quoi m’attendre. Et autant me l’avouer immédiatement : si je parviens à faire et voir tout ce que j’ai planifié, il ne va pas rester de temps pour dormir.

Game Developers Conference

En apparence, l’industrie du jeu vidéo cultive le secret. Pour le public passionné voulant en savoir plus, il faut scruter les médias sociaux, les forums, les fuites (volontaires ou non), ou se repasser des vidéos d’analyse, des vidéos hommages… Les créatrices et créateurs de jeux vidéo semblent inaccessibles, même s’ils sont de plus en plus présent-e-s en ligne. Au point d’oublier qu’ils et elles ont comme pour toute profession besoin d’expérimenter, d’apprendre, d’échanger avec leurs pairs, qui plus est pour ce domaine à la croisée de la technique et du créatif. Et c’est le but de la GDC.

Avec le temps, cette manifestation dont il s’agit ici de la 32ème édition s’est mise à jouer d’autres rôles. En plus d’accueillir d’innombrables présentations et d’être un haut-lieu de réseautage (le jour comme la nuit), on y trouve également : deux cérémonies de remises de prix (l’IGF, festival du jeu indépendant, et la GDC elle-même, le mercredi soir), une game jam en train depuis Chicago dans les jours qui précèdent et un salon d’exposition allant du mercredi au vendredi (les conférences ont lieu dès lundi). Des dizaines de milliers de personnes sont réunies pendant une semaine pour échanger autour du jeu vidéo.

Pro Helvetia et les jeux suisses

La GDC, pour sa partie salon et pour la présence de si nombreux-ses professionnel-le-s, est devenue l’événement central dans la stratégie de Pro Helvetia pour soutenir le jeu vidéo et les médias interactifs. La fondation peut également compter sur la présence d’une antenne de Swissnex, organe de promotion des industries et de la culture suisse à l’étranger, dont les locaux sont idéalement situés sur le port de San Francisco.

À noter aussi qu’en marge de la conférence Swissnex (SF) accueillera le dimanche (18 mars) un atelier où les auteur-e-s suisse devront présenter leurs jeux devant un jury de professionnels de l’industrie du jeu vidéo, puis le mardi (20 mars) un mini-salon présentant une sélection de jeux vidéo européens.

En 2018, comme chaque année, la délégation suisse arrive plus importante que l’année précédente. Au point de se demander s’il n’y aura pas 50 jeux présentés à l’édition 2025. Il existe de nombreuses sélections officielles de jeux connues avant le festival (hors des deux cérémonies de remises de prix), et les jeux suisses se sont à nouveau bien placés avec entre autres Kids, Nimbatus, Mundaun, ou Opticale. Ces dernières années, la GDC a toujours réussi aux délégations suisses, en 2015 avec Feist, en 2016 avec Anshar Wars 2, et en 2017 avec Far: Lone Sails notamment.

Les conférences

En ce qui me concerne, la GDC permet de suivre l’évolution de la scène du jeu vidéo suisse à travers le prisme de la promotion qu’en fait Pro Helvetia, certain-e-s ne pouvant se permettre le déplacement à San Francisco ou à Cologne, l’autre grand rendez-vous de l’année.

C’est aussi l’occasion pour le scientifique (et le passionné) d’aller assister à des présentations sur tous les aspects de la création des jeux vidéo. Des présentations données… par les auteurs de ces jeux vidéo eux-mêmes : Nier:Automata par Yoko Taro, PUBG par Brendan Greene, Night in the Woods par Scott Benson, What Remains of Edith FInch par Ian Dallas, ou encore Ultima Online par Raph Koster et Richard Garriott. Il y en a des centaines d’autres, par des créatrices ou créateurs parfois moins connu-e-s. Cela dit, les rencontrer peut se révéler tout autant aussi intéressant. J’espère par exemple pouvoir approcher Zach Barth pour une interview, comme j’avais pu le faire l’année passée avec Tim Schafer.

À venir sur ce blog

Dans les jours qui viennent, on peut espérer trouver sur ce blog les présentations de plusieurs jeux suisses, quelques interviews, et peut-être un article bilan plus général sur la conférence. Je ne me fais pas d’illusions : sans doute, comme l’année dernière, que publier ces billets me prendra jusqu’à Noël tant cette semaine promet d’être riche.

 


L’image d’en-tête est l’oeuvre de Blake Everett, disponible en CC0.

Yannick Rochat

Yannick Rochat est collaborateur scientifique et chargé de cours au Collège des Humanités de l’EPFL. Il est co-fondateur de l’UNIL Gamelab.