Quand Angela Merkel fait campagne avec un jeu vidéo suisse

La Gamescom de Cologne est l’occasion de prendre le pouls du «jeu vidéo suisse». Invité par Pro Helvetia pour la seconde année, je vous livre ci-dessous dans un premier billet – il y en aura deux – mon commentaire sur ce gigantesque salon ouvert aux professionnels comme au grand public.

Ma description des jeux – dont mon coup de coeur, un jeu réalisé par deux étudiants comme travail de Bachelor – sera faite dans un second billet.

L’année passée, j’avais réalisé une série de billets de blog à partir de mon premier séjour à Cologne [1, 2, 3, 4, 5, 6] dont quatre étaient consacrés à des jeux d’étudiant-e-s (ZHdK, HEAD, ECAL). Cette année, cinq jeux sont proposés par la filière en game design de la haute école d’art de Zürich, tandis que la HEAD et l’ECAL ont préféré se rendre aux Numerik Games se tenant la même semaine, à Yverdon.

Nouveau stand

L’équipe de Pro Helvetia en charge du jeu vidéo avait préparé cette année un nouveau stand. On le trouvait dans la partie professionnelle, fermée au grand public. J’y ai apprécié l’ouverture : là où le stand espagnol, en face, proposait des compartiments avec tables et chaises assez froids et destinés à des rendez-vous d’affaire, le stand suisse proposait des jeux en libre accès dispersés un peu partout dans le volume alloué, ainsi que trois espaces circulaires réservés aux installations de réalité virtuelle [Mais pas forcément respectés par tout le monde. J’ai boxé quelqu’un à l’épaule pendant une session de The Cathartic Escape. J’espère qu’il va bien. Plongé dans ce jeu où il s’agit de détruire le décor, je n’ai pas pensé à m’excuser et… je dois avouer que frapper en réalité virtuelle et recevoir un feedback dans le réel était une sensation agréable.].

 

 

Il faut signaler l’excellente situation du stand: le long d’un passage bien fréquenté, juste en face de l’immense espace alloué à Activision Blizzard, dans le même bâtiment que Nintendo, Sony et Microsoft. Comme l’année passée, deux événements étaient organisés pour attirer le public, tous les deux couronnés de succès: un déjeuner offert le mardi matin, et un apéro offert le mercredi en fin de journée. Pour pouvoir en profiter, il fallait s’inscrire à l’avance ou fournir sa carte de visite – deux moyens de faire croître rapidement le répertoire de contacts en provenance de l’industrie du jeu vidéo au bénéfice des acteurs de la scène suisse.

 

 

Côté public

En dehors de cet espace, on trouvait également trois jeux suisses au stand des jeux indépendants de la partie publique du salon (appelée Indie Arena Booth): Slime-san, FAR: Lone Sails (vainqueur du prix du meilleur jeu indépendant l’année précédente) et Deru (anciennement Schlicht), ce dernier proposé sur une borne Switch officielle (encore un jeu suisse sur la nouvelle console de Nintendo !).

 

 

Je ne ferai pas l’erreur d’omettre, avec son propre espace d’exposition, Farming Simulator. La chancelière Angela Merkel y a d’ailleurs joué lors de l’ouverture du salon (voir l’image d’en-tête et le titre clickbait). On appréciera dans le tweet ci-contre la foule allemande en délire sur le stand de ce jeu de simulation réalisé en région zürichoise et extrêmement populaire en Allemagne.

 

 

Il ne faut pas minimiser la présence de madame Merkel à Cologne, en pleine campagne et au moment où l’on découvre le rôle qu’ont joué les franges les plus extrémistes parmi les joueurs dans la dernière campagne présidentielle américaine. Le fait divers est révélateur des liens existants aujourd’hui entre monde politique et monde des joueurs.

 

 

Voici pour le contexte. La description de la douzaine de jeux suisses auxquels j’ai joué lors de cette Gamescom 2017 se trouvera dans un second billet disponible rapidement.


L’image d’en-tête est adaptée d’un tweet du compte officiel du jeu Farming Simulator de l’entreprise suisse Giants Software.

Yannick Rochat

Yannick Rochat est collaborateur scientifique et chargé de cours au Collège des Humanités de l’EPFL. Il est co-fondateur de l’UNIL Gamelab.