L’unité impossible ?

C’est  avec cette interrogation quelque peu provocatrice portée sur mon canton que j’ai décidé de titrer ma première chronique sur ce blog. A l’heure où les affaires plombent la crédibilité des institutions étatiques, où les finances cantonales virent au rouge, où les efforts budgétaires divisent le canton et où les réformes constitutionnelles séparent encore plus la partie germanophone de celle francophone, il devient indispensable de rapprocher les citoyens avant l’inévitable implosion sachant que les incertitudes liées à diverses votations fédérales n’ont pas encore touché sévèrement le Valais.  En effet, la crise institutionnelle que traverse le Valais n’est pour l’instant pas accompagnée d’une crise économique, mais les inquiétudes semblent malheureusement se concrétiser. Il devient dès lors nécessaire de ramener la sérénité et de viser enfin une véritable cohésion cantonale.

200 ans après son entrée dans la Confédération bien que constitutionnellement uni, force est de constater que mon canton voit se juxtaposer deux régions linguistiques. Elles vivent sous une même entité, mais s’ignorent prodigieusement comme si elles faisaient ménage commun sans se voir si ce n’est lors du paiement des factures du loyer. Imaginez des colocataires partageant  la même adresse, sans pour autant se parler. C’est en quelque sorte la situation qui prévaut dans mon canton entre le Haut et le Bas-Valais. Si des raisons historiques sont à l’origine de cette indifférence mutuelle qui conduit parfois au mépris, il est évident que de nos jours ce désintéressement provient principalement de l’incompréhension linguistique. L’aspect géographique et les pôles d’attractions que sont Lausanne et Genève pour les francophones et Berne et Zürich pour les germanophones ne doivent pas être négligés dans cette réflexion.

Il est grand temps de placer le bilinguisme dans les priorités politiques et cela même si le Valais semble avoir une longueur d’avance en matière d’enseignement sur les autres cantons romands. L’objectif est de tendre vers un bilinguisme total, le seul moyen permettant un réel échange entre les deux parties du canton. Il paraît de plus en plus indispensable de passer du stade de l’enseignement volontaire à celui généralisé des deux langues officielles. A défaut, on verra apparaître un nouveau fossé se creuser entre différentes couches sociales plus ou moins sensibles à l’apprentissage de l’allemand pour les francophones respectivement du français pour les germanophones. Bien vivre ensemble, c’est se parler bien sûr, mais c’est avant tout se comprendre. Das ist nicht so einfach !

Xavier Mottet

A 33 ans, le valaisan Xavier Mottet collectionne les fonctions. Banquier de profession, il est également ancien président du PLR Valais, ancien conseiller communal, député au Grand Conseil valaisan et président d'une société de remontées mécaniques.