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Communisme et poulet frit

Au printemps, les médias vaudois annonçaient l’apparition, en 2019, d’un KFC à la place de l’Europe. L’enseigne exprimait le souhait de se développer en Suisse, et voyait dans ce lieu une implantation intéressante. Mais, deux mois après, la nouvelle a fait bondir le POP, le parti ouvrier populaire. Considérant qu’une telle installation se ferait «au détriment de la santé publique, du bien-être alimentaire, de l’écologie, de la convivialité, des conditions de travail», les marxistes lausannois ont donc lancé une pétition réclamant son interdiction pure et simple…

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Certains (dont votre serviteur) ont la faiblesse de penser que les individus devraient être libres de leurs choix, tout en portant la responsabilité de les assumer. Cela reviendrait à considérer les adultes… comme des adultes, en leur expliquant si besoin, par des mesures de prévention, que certains comportements ne sont pas bons pour leur santé, et qu’il convient de faire preuve d’une  certaine prudence, d’un certain équilibre, bref, d’une certaine hygiène de vie.

La logique du POP est bien différente : si, d’une certaine manière, une chose pourrait être néfaste en cas d’abus ou de comportement inadéquat, alors la toute-puissance étatique doit l’interdire immédiatement. Le corollaire de cette logique est bien simple : même adulte, on ne peut laisser un individu décider librement de la manière dont il souhaite vivre.

© Gabriel Garcia Marengo

Imaginons un instant qu’un de ces marxistes ait l’idée de se promener au Flon. Il passera devant la porte de quelques débits de boissons et autres établissements nocturnes, et, la forte musique et l’abus d’alcool pouvant être néfaste pour la santé, en réclamera donc immédiatement l’interdiction. Poussant plus loin, il atteindra un cinéma, dont les films proposés pourraient contenir de la violence ou de la vulgarité, et, épris de son désir de protéger les braves gens contre ce fléau, ne manquera pas d’exiger sur-le-champ l’interdiction de ce lieu de perdition. S’il décide de bifurquer en direction d’un grand magasin, il ne manquera pas d’y déceler une incitation à la consommation de masse, et donc un risque important de surendettement pour le simple passant, qu’il convient de préserver d’un tel danger, et n’hésitera pas un instant à requérir, là aussi, la disparition de ces commerces.

En fin de compte, la logique du POP n’amène qu’à une seule issue : puisque tout peut être dangereux, il suffirait de tout interdire et d’implanter, au besoin, des succursales d’État pour délivrer les seules choses que le Politburo jugera acceptable de concéder au simple citoyen. Debout, les damnés de la terre ; disparues, les libertés de chacun…

© Matt Preston