Les votations du jour posaient la question du rôle de l’État : Quand il s’agit de coordonner et de prendre en compte le vélo, c’est OUI. Quand il s’agit de s’ingérer massivement dans une agriculture où il est déjà bien (trop ?) présent, c’est NON.
Les urnes ont rendu leur verdict. Pour les partisans de la petite reine, c’est un cri de joie : les citoyens ont largement accepté le contre-projet qui leur était soumis. En réalité, c’est l’aboutissement d’un long débat sur la place du vélo sur nos routes. Loin de certaines initiatives extrêmes, c’est un texte consensuel et raisonnable qui va faire son entrée dans la Constitution. Respectueux du fédéralisme, il prévoit que la Confédération «coordonne» ou «prend en compte» les voies cyclables, mais ne fixe pas ni contrainte budgétaire ni objectif à atteindre. L’État est prié d’être bienveillant, et c’est tout.
De leur côté, les auteurs des initiatives agricoles avaient franchi le rubicond. Selon le texte sur les «aliments équitables», la Confédération aurait dû fixer des contraintes légales plus strictes, introduire des droits de douanes ou fixer des quotas d’importation et, plus généralement, légiférer davantage. Pour celui sur la «souveraineté alimentaire», outre les droits de douane, l’État aurait carrément dû s’ingérer dans la fixation des prix, les rapport de travail ou même la gestion des organisations paysannes. Bref, les agriculteurs seraient quasiment devenus des fonctionnaires fédéraux.
Parties très haut dans les sondages (respectivement 78% et 75% d’approbation selon gfs.bern début août), les deux initiatives se sont effondrées au fur et à mesure de la campagne. Le constat est clair : si certaines revendications pouvaient susciter de la sympathie, dès que le débat a porté sur le contenu, un net rejet est apparu. Aujourd’hui, le verdict du peuple est cinglant : à peine quatre cantons et moins de 40% des électeurs ont soutenu ces initiatives.
Élément piquant qu’il convient de relever : les deux textes prévoyaient des mesures protectionnistes qui n’ont pas trouvé grâce aux yeux des citoyens. Le signe que le peuple suisse est moins hostile au libre-échange – y compris agricole – que ce que certains voudraient bien croire ou faire croire ?
Au final, les citoyens ont aussi rappelé aujourd’hui la place qu’ils voulaient donner à l’État : celui d’un coordinateur bienveillant, mais qui n’a pas à se substituer aux citoyens et nuire à leur libre-choix.