Ô Canada

Le Canada face à l’ère Trump

Cette semaine, le Canada a vécu un remaniement de ses ministres, un peu comme si nos conseillers fédéraux décidaient de se redistribuer les départements, au prix de l’éviction de certains conseillers et de l’arrivée de nouvelles têtes. La raison principale de ce jeu des chaises musicales est de se préparer à l’ère Trump, qui débutera le 20 janvier prochain. Des changements qui sont révélateurs du climat tendu provoqué par les incertitudes du futur gouvernement américain, premier partenaire économique du Canada. L’occasion également de se pencher sur la forme du gouvernement canadien, si souvent cité en exemple par sa diversité et son modernisme.

Des remaniements politiques stratégiques

Tout d’abord, l’arrivée de Mme Freeland au poste de nouvelle Ministre des Affaires étrangères est révélateur du besoin de s’entourer des plus aptes à négocier sous l’ère Trump. Ancienne journaliste habituée à travailler au sein du Ministère du Commerce International, on a récemment parlé d’elle par son échec à faire adopter l’accord de libre-échange CETA aussi facilement que prévu. Cependant elle n’en demeure pas moins redoutable pour dialoguer avec les milieux économiques et financiers, dont elle ne craint ni les millionaires ni les magnats financiers. Sa nomination démontre la nécessité de s’entourer des meilleurs éléments aux affaires étrangères afin de pouvoir négocier avec le prochain Président des USA, fervent opposant au libre-échange et au rapprochement avec la Chine que prône le Canada.

Autre remaniement révélateur, l’actuel Ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, se voit évincé au profit de Ahmed Hussen, avocat de Toronto d’origine somalienne et lui-même ancien réfugié au Canada, arrivé seul à l’âge de 16 ans. C’est ainsi une première pour le Canada de nommer un ancien réfugié parmi les 30 ministres formant le gouvernement. Son vécu en tant que réfugié et sa maitrise juridique font de lui un interlocuteur de premier choix pour comprendre les dossiers complexes que sont les réfugiés syriens et la nécessité de les intégrer rapidement au sein de la société canadienne. Cette nomination, largement saluée par la presse canadienne, est une victoire de plus pour le multiculturalisme et l'ouverture du Canada, qui prévoit notamment l’arrivée de 320'000 migrants pour la seule année 2017.

Trudeau et son nouveau Ministre de l'Immigration, l'ancien immigré juriste Ahmed Hussen. Crédit: Adam Scotti.

Un gouvernement canadien en contraste avec son voisin

Ces remaniements ne changent cependant pas la parité hommes-femmes instaurée par Trudeau lors de son élection en 2015, avec 15 hommes et 15 femmes, choisis parmi les 183 députés du Parti Libéral. La diversité de ses membres n’est également plus à prouver, avec plusieurs représentants de la communauté sikh, une représentante autochtone à la tête du Ministère de la Justice, différentes religions et milieux culturels, mais un seul gouvernement, uni jusqu'à présent. 

Alors que chez son voisin américain on s’apprête à célébrer l’investiture d’un gouvernement composé de l’élite des milieux économiques et de l’establishment, allant des anciens de Goldman Sachs et de Wall Street à des businessman milliardaires issus du milieu pétrolier et des proches de Trump, le Canada fait plus que jamais figure de rempart idéologique contre l’idée de cette politique menée selon un management de multinationale. Le Canada nous prouve cette semaine que même s’il y a des agencements effectués pour négocier au mieux avec le gouvernement de l'ère Trump, il continue néanmoins sa route vers le multiculturalisme et l’ouverture aux minorités, les appliquant toujours plus au sein de la vie politique canadienne. 

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