Une fois que j’ai mis mon sac à ordures dans la benne, qui s’en occupe ? Ce sont bien sûr les services de la commune où j’habite. Selon les communes, différents systèmes ont été adoptés pour gérer la montagne de déchets produite par ses habitants. Certains sont efficaces, d’autres vont dans le mur. L’action de citoyens engagés est alors indispensable. Revue non exhaustive.
Petit rappel: en Suisse, chaque habitant produit en moyenne 702 kg de déchets, dont une moitié est incinérée et l’autre moitié part dans des filières dites de “recyclage”. La Suisse figure au palmarès des pays les plus producteurs en matière de déchets. Mais c’est aussi un pays où on a l’illusion d’être de bons élèves, car “on trie et on recycle” beaucoup.
Depuis 2016, l’ordonnance sur les déchets révisée est entrée en vigueur. Son titre complet est “Ordonnance sur la limitation et l’élimination des déchets (OLED)”. Bien souvent, on ne retient que le mot “élimination”, et on oublie que le premier but est la “limitation”, donc la réduction des déchets.
C’est là que le rôle des communes est primordial. Certes, elles doivent exécuter les prescriptions fédérales et cantonales. Et notamment elles doivent couvrir les frais qu’occasionnent la gestion et l’élimination des déchets avec des taxes, selon le principe du pollueur-payeur inscrit dans la loi fédérale sur la protection de l’environnement (LPE, art. 2). Pour cela, elles adoptent des règlements sur diverses taxes. Il en existe de deux sortes (incitatives et fiscales) et les communes doivent recourir aux deux. Voyons comment…
Chaque jour, chaque produit consommé génère ou a généré un déchet. Les éviter semble être un objectif irréaliste et inatteignable, surtout en Suisse, championne du recyclage et de la quantité de déchets produits. Quand j’ai débuté sur le chemin du mode de vie “Zéro Déchet”, j’étais un peu découragée devant l’ampleur des efforts à fournir. Ce sentiment déprimant mène souvent à une certaine résignation: “de toute façon, c’est peine perdue, cela ne sert à rien à mon échelle!”. Et il conduit à abandonner sa première bonne intention de faire baisser sa montagne de sacs poubelles. Comment faire pour passer cet écueil ?
Les Suisses sont champions du recyclage ! Plus de la moitié des déchets urbains (52%) est recyclée, selon l’Office fédéral de l’environnement OFEV. Ce taux avoisine la perfection pour le verre (96%), l’aluminium et le papier (91%), les bouteilles en PET (83%). Certes, mais ces médailles ont aussi leurs revers, de taille : d’une part, la quantité totale de déchets suit la croissance démographique et économique – elle augmente inexorablement, et d’autre part les coûts de leur traitement et de leur élimination ne cessent d’augmenter.
Le principe du pollueur-payeur s’en prend au budget des ménages : nos impôts paient une partie de ces coûts, et nous passons encore à la caisse avec des taxes annuelles forfaitaires et une taxe à l’élimination pour chaque cornet poubelle éliminé, au volume ou au poids. Effet collatéral à l’organisation du retraitement de nos déchets, le littering augmente : les gens abandonnent leurs déchets sur la voie publique. L’élimination de ces déchets dits “d’incivilité” se chiffre à 200 millions par an ! Je vois souvent des gens qui réussissent à faire entrer leur petit cornet de déchets quotidiens dans les rares poubelles publiques encore disponibles, poubelles dont les communes ont resserré les ouvertures… Triste humanité qui n’a plus les moyens de ses déchets !
Nous sommes aussi champions de la production de déchets en comparaison internationale. Chaque personne vivant dans notre beau pays produit presque 2 kg de déchets chaque … jour ! L’année passée, 715 kg par habitant ont dû être éliminés, recyclés, traités, payés… Ce chiffre nous place sur le podium des pays européens et industrialisés! En 2015 et en Europe, seul le Danemark nous devançait et nous nous placions devant l’Allemagne et la France. La même année, le World Economic Forum nous classait au quatrième rang des pays producteurs de déchets domestiques, derrière la Nouvelle Zélande, l’Irlande, la Norvège, mais devant … les Etats-Unis et la Chine ! Ce trophée de me rend pas particulièrement fière.
Qu’y a-t-il dans votre poubelle ? Regardez donc…!
On peut mieux faire, largement. L’administration fédérale s’est penchée sur le contenu de nos poubelles. On y trouve encore beaucoup trop de matières valorisables, donc qui pourraient éviter la case de l’incinération. Un cinquième des déchets que l’on produit en Suisse est concerné, dont les deux tiers sont des biodéchets, c’est-à-dire des déchets qui peuvent être compostés ou méthanisés. Non seulement ces biodéchets représentent la plus grande partie des ordures, mais leur quantité a encore fortement augmenté depuis 2001, nous dit l’OFEV.
A Genève, la poubelle standard est à l’image de la poubelle suisse. Trop de matières organiques valorisables s’y retrouvent.
Mais alors que faire ? Comment se fait-il qu’on doive éliminer autant de déchets chaque semaine ? Une démarche vers la réduction des déchets commence par une étape pas très glamour : ouvrir sa poubelle ! Pincette sur le nez, il faut commencer par en faire l’inventaire pour comprendre quelles sont nos habitudes de consommation.