Comme toute crise, cette pandémie peut aussi être vue comme une opportunité. En l’occurrence, le mode de vie Zéro Déchet apporte une certaine sérénité d’esprit, grâce à un jeu que les “Zero Wasteurs-euses” pratiquent couramment : le Jeu des Alternatives. Vous avez le temps désormais: alors jouons…
Ces images de rayons de denrées vides dans les magasins vous interpellent ? Rationnellement, on peut aisément expliquer ces réflexes d’accumulation en raison de la situation exceptionnelle que nous vivons, corona virus oblige. L’idée de cet article m’est venue ce matin, en écoutant la rubrique “Le trio” dans l’émission du matin de la RTS, avec Anne Laure Gannac. Et après avoir vu, comme elle, ces images de rayons vidés de leurs denrées, comme en temps de guerre, de pénurie (réelle) ou d’économie planifiée. Comme elle, et comme vous je l’espère, je me suis gratée la tête. Mes compatriotes sont-ils devenus fous? Mais non… la psychologie sociale explique très bien cela.
Nous savons tous que ce comportement de stockage se développe à chaque situation exceptionnelle. La situation est anxiogène car pleine d’inconnus, comme celle que nous vivons depuis quelques jours. Elle pousse nombreuses et nombreux d’entre nous à se ruer dans les supermarchés pour accumuler chez soi des produits jugés indispensables. Il s’agit d’un biais cognitif bien connu, qui pousse à surestimer de très faibles probabilités, contre tout bon sens et toute logique.
Ne soyons pas victimes de la contagion… comportementale!
Là où la rubrique radio était très intéressante, c’est que ces images de rayons vides a rappelé à la journaliste un livre, que j’aime aussi beaucoup citer quand je donne une conférence sur le mode de vie Zéro Déchet. C’est le livre “The Tipping Point” de Malcolm Gladwell. L’auteur compare la diffusion des idées ou de comportements nouveaux à la diffusion de virus, sa théorie étant corroborée avec de nombreux exemples concrets. En résumé, très peu de personnes sont capables de répandre une idée, un comportement, une habitude nouvelle à l’ensemble de la population. Très peu, cela veut dire 10 à 15% seulement. Il en faut vraiment peu… Mon voisin fait le plein de riz? Ma voisine accumule les rouleaux de papier WC? Et moi, et moi…? La contagion comportementale a frappé.
Contre cette contagion comportementale d’achats irraisonnés, mus par la peur (mais de quoi exactement, on peut se le demander!) et l’irrationalité, certains magasins indépendants ont réagis, parfois avec un humour fort à propos, comme la Laiterie d’Yvonnand, qui en profite pour photographier ses réserves de fromage!
La contagion comportementale peut aussi être très positive, à l’image de nos voisins italiens qui, confinés chez eux, interdits de bars et de restaurants, se mettent à chanter entre eux, à leurs balcons, avec leurs voisins. Le journal La Repubblica a compilé plusieurs vidéos amateurs à Napoli, Siena, Torino, Cagliari, Roma, Benevento, Lecce et Salerno, qui témoignent de cette envie de partage entre voisins, une vidéo émouvante et qui rassure sur la nature profonde des êtres humains… Relisons “L’entraide, l’autre loi de la jungle” de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle.
Le troisième R comme réponse à l’angoisse
Celui ou celle qui a décidé de réduire ses déchets a intégré quelques principes de base, les fameux 5 R, popularisés par Bea Johnson, à l’origine du mouvement “Zero Waste” ou “Zéro Déchet”, qui se décline avec plus ou moins de bonheur dans le monde entier en associations plus ou moins efficaces. Les 5 R, c’est Refuse, Reduce, Reuse, Recycle, Rot : en français, refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter. Le 3ème R est, dans le propos du jour, particulièrement intéressant.
Réutiliser, c’est utiliser un objet à d’autres fins que celles prévues à l’origine, quand on n’a pas forcément le gadget idoine. Cela est valable pour le pot de confiture qui va conserver des épices, pour la couverture en laine qui servira à emballer les yaourts durant leur fermentation quand on n’a pas de yaourtière, pour la salière qui servira de distributeur à poudre de dentifrice… j’en passe et des meilleures. Réutiliser, c’est re-inventer!
Celui ou celle qui a décidé de réduire ses déchets se met aussi à jouer, jour après jour, à trouver des alternatives à tout ce qui se jette. Chaque article que l’on ne sert qu’une seule fois avant de le jeter trouve son pendant réutilisable à l’infini. Et si on y jouait, là maintenant ?
- La capsule de café = faire du café autrement (cafetière italienne, machine à café à piston avec du café moulu, capsule en métal à remplir réutilisable, etc.)
- Le lait en bouteille = lait en vrac, dans les laiteries ou directement chez le producteur, fabriquer du lait d’amandes ou de coco
- Les Q-tips = un auriculi en bambou ou le q-tip lavable et réutilisable
- La poêle en teflon = la poêle en acier qui se culotte avec le temps et qui dure toute la vie
- Les langes de bébé = les langes lavables ou un service de livraison des langes propres à domicile
- Les produits d’hygiène liquides = les mêmes, mais sous forme solide (shampoing, savon, déodorant, dentifrice, etc.), très économiques et qui durent longtemps
Je m’arrête là. On l’aura compris, quand on est habitué à jouer à ce jeu-là, toute pénurie (pour autant qu’elle soit réelle) semble gérable sur une longue période. On a acquit un état d’esprit différent, moins consumériste, donc moins angoissé par la peur du manque. Et en plus, on évite de produire des déchets. Si on pousse un peu la raisonnement, on peut aussi se laver les cheveux avec de la farine de pois chiches (en faire une pâte assez fluide, laisser poser 5-10 minutes, rincer), fabriquer son gel antiseptique (du gel d’aloe vera avec de l’alcool, et quelques gouttes d’huile essentielle de Tea Tree) ou mieux, se laver correctement les mains plusieurs fois par jour. Grande angoisse de mes contemporains: manquer de papier WC. On peut faire face à une pénurie utopique grâce à une douchette installée au lavabo et 2-3 linges spécifiques pour se sécher les fesses (beaucoup de pays utilisent cette façon de faire).
C’est sans fin, il suffit d’être curieux et de faire quelques recherches. Comme on est beaucoup à devoir travailler à distance et à ne plus faire les déplacements, on a désormais ce temps… Quelle aubaine! Comme je le disais, chaque crise est aussi une opportunité!
Et la pénurie alimentaire, me direz-vous? Nous en sommes très très loin, première réponse. Ma seconde réponse est de vous renvoyer au réflexe numéro 1 des zerowasteurs : commençons par faire l’inventaire de tout ce qui se mange dans les placards de notre cuisine et de nos réserves. Je suis prête à parier que l’immense majorité des habitants de ce pays ont déjà en réserve pléthore d’aliments de garde. Chacun et chacune de nous pourrait facilement tenir un siège de plusieurs semaines sans devoir aller acheter quoi que ce soit au magasin. On mangera sûrement moins de viande, ce qui est plutôt bon pour la santé et l’environnement…
Un nouveau hobby: les pots de lactofermentation
Et pour les produits frais? Un conseil: lancez-vous dans la lactofermentation ! C’est une très ancienne méthode de conservation des légumes (du lait, de la viande, du poisson…), probablement aussi ancienne que l’humanité, hyper simple et rapide à faire, la seule méthode de conservation qui enrichit les aliments de vitamines et de probiotiques. Non seulement c’est facile à faire (des légumes frais, du sel ou de la saumure, un bocal), mais c’est très joli à regarder! En plus, cela ne demande aucune énergie pour le stockage, pas comme le congélateur.
Il faut juste un certain stock de pots pour assurer un tournus, par énormément non plus car on peut en faire été comme hiver.
Ces quelques photos sont tirées du groupe “Lactofermentation et conserves naturelles” que j’ai créé sur Facebook et qui compte plus de 12’500 membres de par le monde entier! On le voit bien: quand on commence, on se prend vite au jeu !
La lactofermentation a été popularisée par la journaliste culinaire Marie-Claire Frédérique, auteure d’un ouvrage de référence et passionnant sur la fermentation “Ni cru ni cuit” et d’un blog du même nom. Elle a ouvert il y peu un restaurant à Paris – le Suri – consacré aux aliments fermentés de toutes sortes, que j’ai hâte de visiter un jour…
Et en cas de pénuries de denrées fraîches, les bocaux de lactofermentation viennent aisément “faire le joint”, comme les barils de choucroute ont sauvé du scorbut les marins des expéditions du capitaine Cook. Et c’est une activité qu’on peut réaliser avec des enfants, maintenant que l’école est fermée dans plusieurs cantons.
En conclusion, loin de moi l’idée ou l’intention de minimiser l’importance de la pandémie de Covid-19. Mon propos n’est pas ironique, encore moins moqueur. Je constate seulement que la sphère du Zéro Déchet est plutôt tranquille en ces temps troublés. Oui, on déplore l’annulation de projections de films, d’événements liés, de cours (dont par exemple ceux que je donne dans le cadre de l’Université populaire de la Broye) mais dans l’ensemble, il me semble que les adeptes sont sereines et sereins. A ce que je sache, les commerces indépendants sont ouverts et nous ne sommes pas en guerre avec des bombes qui nous tombent sur la tête.
Alors gardons le sourire, tout en observant la distance requise entre nous ! Comme nos voisins italiens, ne nous arrêtons pas de vivre et de chanter ! En mode Zéro Déchet, cela aide !
Attention de ne pas jouer avec la vie des gens.
Vous savez que votre mode de vie vous fragilise car vous n’avez pas de réserve pour “le jour d’après”. Mais vous êtes expérimentée et trouverez sans doute une solution, généralement en venant demander à un hamster voisin un peu d’aide.
Mais les gens qui vous lisent n’ont pas votre expérience.
Ce n’est surtout pas le moment pour commencer une diète, une privation, etc.
Vous pouvez vous réjouir que nous souffrons plus que vous de la pause de notre société de consommation, mais votre mode de vie n’aide personne d’autre. Vous êtes comme un survivaliste qui se réjouit dans son bunker de ses réserves. Le problème est que vos modes de vie, à l’un ou à l’autre, n’aide pas la communauté. Vous n’avez rien à offrir à un enfant malade, affamé, … juste à le sermonner de ne pas avoir partagé votre mode de vie…
L’homme regarde le miroir, le miroir regarde l’homme. Qui suis-je pour juger?
Cher Jérôme, votre commentaire laisse surtout entrevoir le niveau d’angoisse qui vous étreint. Je la comprends. Des réserves, j’en ai un peu, comme tout le monde, en tout cas pas un bunker plein! Tout dépend de la place qu’on a chez soi. J’en ai parce que vivre en flux tendu m’obligerait à aller faire mes courses trop souvent.
Aucune crainte du jour d’après par contre: le ravitaillement est assuré dans notre pays et il y a bien assez pour tout le monde.
Point de diète et point de privation: le mode de vie Zéro Déchet n’est pas restrictif, on mange bien ce que l’on veut et combien on veut. Par contre, se fournir auprès de petits commerces indépendants, c’est bon pour l’emploi. Ce sont les supermarchés et la grande distribution, mais aussi les chaînes, qui ont fait mourir le dense réseau de commerces dans les centres. Chaque emploi créé par la grande distribution entraîne la suppression de 3 à 5 emplois dans les commerces indépendants. C’est justement en allant dans ces commerces, qui acceptent mes propres emballages et n’emballent pas tout systématiquement, que j’aide au mieux la communauté!
Quant aux malades, sachez que la vente des médicaments à l’unité, sans leur emballage qui fixe le nombre vendu, est en test en Suisse. Car on jette chaque année des tonnes de médicaments non utilisés. Je vous invite à lire mes articles précédents pour comprendre que le mode de vie Zéro Déchet offre énormément d’opportunités, économiques, sociales et environnementales.
Mais quelle pauvreté, que de saisir l’occasion de cette pandémie pour mettre en avant votre idéologie du bien vivre ! Je vais vous donner une illustration de votre comportement : Vous être le vendeur d’extincteurs qui colle sur les murs sa marque pendant que la ville commence à prendre feu.
Ne vous laissez pas emporter par des rêves qui vous ôtent de plus en plus la conscience des réalités, posez-vous la question du remède qui pourrait vous aider, plutôt que de faire des prescriptions au monde autour de vous qui se porte normalement bien. Votre regard est celui de l’adepte de la secte qui rit de son bien-être, se moque des ignorants et veut le bien du monde entier, jusqu’au jour où ses forces imaginaires l’abandonnent : Voiles affaissées et moral à plat, assise sur vos bocaux à rondelles de caoutchouc, vous attendrez qu’on vienne vous remorquer. Puis remise en état, voiles gonflées, vous repartirez dans une autre direction, en ayant la certitude que c’est votre raison qui dirige le vent…
L’article de Madame Sandoz n’attaque personne, ne fait aucun reproche. Pourquoi lui répondre avec des attaques personnelles hargneuses? Chacun essaie de se débrouiller dans la vie à sa façon, et ça peut être enrichissant de regarder comment font d’autres.
Merci pour votre commentaire Felicitas! Je pense que Dominic et Jérôme doivent ressentir une grande angoisse, et elle se manifeste par de l’agressivité. Un détail au détour d’une phrase parfois frappe l’esprit, on ne retient que lui, au point d’oublier de prendre en compte l’ensemble de l’article, ni son intention. Bah, rien de grave, vraiment…!
Suis toujours étonné, l’ami, que vous insultiez les femmes (moi, c’est peu important) et que l’on ne vous ait pas encore interdit de commentaire (en plus caché derrière un pseudo), courage tit gars 🙂
P.S. Le Temps a bien besoin d’une audience, non?
Quelle triste et terrible solitude vous inspirez dans vos commentaires compulsifs lancés inlassablement comme des bouteilles à la mer, accroché à votre radeau encastré dans la terre à 11’000 km d’ici. Combien vous en reste-t-il encore à débouchonner avant que votre moral soit à sec ?
Connard, c’est peu dire, que te reste-t-il de venin, avant d’être emporté par le corona, toi qui sais-tout, sans n’avoir jamais rien fait, sauf des rêves inachevés faute de boules?
Prends la mer avec tante Suzette, donneur de leçons, lorsque tu auras fait le quart de ce j’ai fait, on pourra échanger…
génie 🙂
C’est justement le but de ce blog, cher Dominic! Mener une réflexion sur une autre façon de consommer, en fonction de l’actualité. Or l’actualité ces derniers jours ou semaines, c’est le Covid-19. Pourquoi m’interdire alors d’y réfléchir? Au contraire, si un mode de vie résolument tourné vers le non gaspillage de ressources (les emballages très souvent inutiles et évitables et gaspillent des ressources à toutes les étapes de la chaîne) peut aider dans la situation actuelle, c’est tout bénéfice pour le moral! Si, grâce à mon engagement et mes activités, j’arrive à y convertir beaucoup de gens, alors ce sera aussi tout bénéfice pour notre économie (qui se verra obligée de redevenir circulaire) et au final, pour notre environnement (duquel notre survie dépend).
L’angoisse de l’inconnu, du manque, du vide, on ne peut pas facilement l’ignorer. Même aux plus sages, elles saute aux yeux (quand ils font leurs courses et voient des rayons vidés, sans aucune bonne raison). Mais on peut réfléchir à cette angoisse, l’identifier et faire fonctionner sa cervelle plutôt que de suivre nos pulsions reptiliennes.
Sachez encore que je ne me moque que des cyniques et des menteurs.
Bonjour Madame merci pour votre Connaissance,ma question pourquoi les Chinois ont utilisé ce COVID-19,et dans quel pays provient ça?
Voilà une question qui m’a fait sourire ce matin. Déjà merci pour cela! Votre question renvoie à la fameuse théorie du complot, non? Je suis désolée, mais ce n’est pas mon rayon, même si de telles théories sont recyclables à l’infini…! Maintenez la distance, observez les consignes d’hygiène et de sécurité, allez plutôt vous promener dans la nature loin des gens et d’internet et… portez-vous bien!
” J’ai retrouvé le céleste et sauvage
Le paradis où l’angoisse est désir
Le haut passé qui grandit d’âge en âge
Il est mon corps et sera mon partage
Aprè mourir.”
Catherne Pozzi, “Vale”
14 mars 2020, le coronavirus est entré en Uruguay et les hypermarchés de Punta del Este sont aussi vidés par les riches (occidentaux, en majorité).
Alors que personne ne se plaigne…
P.S. très intéressant votre principe de fermentation, je connaissais la méthode japonaise, j’imagine que ce doit être de la même sagesse!
En tout cas et comme vous le dites (ainsi que les chinois, avant le corona et pour autant qu’ils en soient autant responsables que les braves missionnaires dAfrique ou d’Amlat), A toute crise, chose est bonne.
Mais à lire, autant les blogs que les commentaires et même de “philosophes” (sic)…
On est mieux, on est nul et bla ?
P.S. le Temps est content, ça va faire exploser ses abos et ses serveurs.
Comme quoi, à tout malheur…
J’éteins la lumière, où va-t-elle? (Koan zen)
Merci pour votre bel article, qui détient tellement de vérité.
bonjour, merci pour cet article; petite contribution discrète: autant la collecte du verre est indispensable, mais pourquoi ne pas la transformer en consigne, donc ré-utilisation plutôt que cuisson jusqu’à refaire un objet en verre neuf ! que d’énergie gaspillée! je ne peux me retenir de dénoncer l’impossibilité actuelle sous windows7 d’enregistrer nos mails perso par conversion en document numérique basique, plutôt que d’encombrer les serveurs gros consommateurs d’électricité; mais bon, sous windows10 il parait que c’est possible !