Parlements africains : les femmes prennent leurs places

J’ai le plaisir d’inaugurer ce blog bimensuel qui paraîtra tous les 2 vendredis sur le site du journal LE TEMPS, référence médiatique incontestable en Suisse francophone, par un sujet qui me tient particulièrement à cœur, à savoir le rôle que joue la femme africaine dans le développement du continent noir. Je mettrai l’accent ici plus particulièrement sur le rôle politique qu’elle peut et doit jouer pour affirmer son énorme potentiel qui est jusque là, sinon méprisé, en tout cas méconnu.

Depuis une bonne dizaine d’années, les experts en « entrepreneurship » se sont évertués, à juste titre, à organiser des événements autour de la capacité de la femme africaine à « entreprendre », à créer des entreprises, et donc des emplois, et à mettre en avant l’impact sur l’économie africaine des femmes de ce continent qui ont osé se lancer dans des aventures risquées financièrement et qu’on pensait exclusivement réservées aux hommes. J’ai moi-même été invité à une multitude de fora, en Afrique ou en Europe, sur cette thématique de l’entrepreneuriat féminin africain, et j’ai été séduit par le dynamisme de la femme africaine. Mais il existe une autre réalité, certes nouvelle, que beaucoup ignorent et qui concerne le rôle politique que la femme africaine assume aujourd’hui dans la plupart des pays africains, notamment au niveau des parlements. C’est à s’y méprendre : l’Afrique est très loin d’être à la traîne dans ce domaine.

6 pays africains dans le top 20

Pour illustrer mes propos, il suffit de regarder certains chiffres qui sont très évocateurs. En effet, parmi les 20 pays comportant le plus de femmes au parlement, on n’en comptabilise pas moins de 6 pays africains, avec même, et c’est plutôt surprenant, un pays comme le Rwanda qui domine le classement mondial. Ce pays, avec 61 % de femmes députées contre une moyenne mondiale de 24 %, fait figure de référence. D’autres pays comme la Namibie, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Mozambique et l’Ethiopie, figurent également en bonne position dans ce classement. Jusqu’à une période récente, l’Afrique faisait figure de mauvaise élève en la matière. Les références étaient à chercher plutôt en Scandinavie et en Amérique latine où la parité hommes / femmes était une réalité qui faisait envie même à certaines démocraties bien plus anciennes.

Le mythe de la femme africaine, bonne à s’occuper de son « intérieur » ou à concocter de bons petits plats à son mari, est bel et bien rompu, si on en croit le classement établi en 2019, par l’Union interparlemantaire, un organisme suisse qui n’est rien d’autre que l’organisation mondiale des parlements  des États souverains. Vieille de plus d’un siècle, (elle a été créée en 1889), cette auguste organisation est la plus ancienne des institutions internationales à caractère politique. C’est dire si son classement fait la fierté des femmes parlementaires africaines, et d’une façon plus générale, de la femme africaine.

Dans une dizaine de jours, le 8 mars prochain, les femmes du monde entier célèbreront leur journée et les Africaines ne seront pas en reste. Plusieurs événements seront organisés en leur faveur dans les 54 pays du continent.

Selon les Nations Unies, l’édition 2020 de la Journée internationale de la femme aura pour thème : Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes. Ce thème coïncidera avec la nouvelle campagne plurigénérationnelle d’ONU Femmes, Génération  Égalité, qui marque le 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing qui est considéré, jusqu’à aujourd’hui, comme la feuille de route la plus progressiste en matière d’autonomisation des femmes et des filles, partout dans le monde. Ce thème sera sûrement l’objet de débats à l’occasion de la Journée internationale de la femme africaine (oui, elle a aussi son jour). En effet, le 31 juillet a été consacré « Journée de la femme africaine », à l’occasion du premier Congrès de l’Organisation Panafricaine des Femmes (PAWO) tenu à Dakar, au Sénégal, le 31 juillet 1974.

La lutte pour l’égalité des sexes et le partage du pouvoir, politique notamment, continue pour ces vaillantes femmes. Mais ce qui semblait impensable il y a de cela une cinquantaine d’années, est devenu de nos jours une réalité, à tel  point que l’Afrique a compté en tout et pour tout une dizaine de femmes chefs d’Etat. Aujourd’hui, elle en compte 3, derrière l’Europe certes, mais bien devant les autres continents. Ce qui est de très bon augure pour la suite. Rendez-vous le 13 mars prochain pour un nouvel « AfrOptimisation ».

Tidiane Diouwara

Tidiane Diouwara est journaliste RP et spécialiste des sciences de l’information. Il est titulaire d’une maîtrise universitaire en linguistique, d’un doctorat 3 ème cycle en sciences de l’information. Il est Directeur du CIPINA (www.cipina.org), une association spécialisée dans la promotion de l'image de l'Afrique. Il est également Conseiller diplomatique et expert des Droits de l'Homme.

Une réponse à “Parlements africains : les femmes prennent leurs places

  1. Bienvenue et bravo pour les femmes africaines et à vous pour les faire mieux connaître.
    On espère qu’elles feront mieux qu’Isabel Do Santos pour sortir ce continent de sa gangrène corruptive.

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