L’engagement des thérapeutes a été minutieusement cartographié par les différentes écoles thérapeutiques, moins que celui des personnes qui viennent consulter. Il y a des règles à respecter pour bien endosser le rôle de thérapeute et aussi celui de patient[1]. Parce que vous voulez faire plaisir à votre thérapeute (ne me fâchez pas en disant que ce n’est pas vrai), prenons un moment pour examiner ces trois règles simples.
1) Le bon patient donne la responsabilité de sa santé aux personnes qui en ont acquis la compétence par de longues et sérieuses études. Il ne prend pas d’initiatives car il en a à juste titre peur ; il suit les conseils avisés et préventifs des assurances et des experts en sécurité et en santé (on sait que ce sont souvent les mêmes personnes), et délègue entièrement son pouvoir aux spécialistes.
2) De ce fait, le bon patient est compliant : il respecte l’autorité thérapeutique et donc l’ordonnance (qui n’est étymologiquement pas un choix mais bien un ordre). Il ne fait pas appel à son intuition ou à ce que certaines personnes non-formées à des écoles sérieuses appellent la « sagesse corporelle », et il n’essaie donc pas des remèdes de grand-mère qui n’ont pas été validés scientifiquement. Si votre thérapeute vous dit de prendre la pilule bleue, vous ne prenez pas la rouge.
3) Il y a un lien entre engagement motivationnel et engagement financier. Ce n’est pas par hasard si la santé coûte cher : tout le monde sait que si elle était gratuite nous serions malades. Ce qui est précieux coûte cher. Le bon patient connait ce lien et honore les factures (on les appelle d’ailleurs aussi des honoraires). Soyez donc reconnaissants que le système de santé et le système économique travaillent main dans la main. C’est pour votre bien.
Aux professionnels de la santé : merci de placarder ces règles dans votre salle d’attente par souci d’éducation et pour le bien du système en vigueur.
[1] Malgré la mode actuelle d’inclure tous les genres, par souci de simplicité de lecture et de sauvegarder une tradition éprouvée le mot patient est au masculin dans le texte
Crédit photo: Sandra Eterovic
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