Regards psy

Comment survivre aux fêtes de famille

Je suis sûr que vous avez été comme moi, témoins à de nombreuses reprises de discussions qui dérapent, sur des thèmes comme « pour ou contre la vaccination », « pour ou contre le mariage pour tous », les campagnes de l’UDC, Macron et les gilets jaunes, etc.

Peut-être même que vous faites partie de ceux qui commencent et/ou alimentent ces discussions qui dérapent… Des discussions qui sont, une vaste majorité du temps assez stériles, puisque chacun campe sur ses convictions et déplore les effets délétères de l’opinion de l’autre.

À l’approche des fêtes de Noël et en voyant les positions sur les vaccins devenir de plus en plus polarisées, je crois qu’on est un certain nombre à redouter les échanges à venir avec certains membres de nos familles.

Comment faire pour que les « pro » et « anti » s’amusent plutôt que s’écharpent autour du sapin ?

Je vous propose ci-dessous 8 conseils pour vous soutenir dans ces moments périlleux…

  1. Observez votre réactivité
    Quand vous entendez la personne qui vous agace dire des choses qui vous paraissent insupportables, commencez par observer ce que cela produit en vous, et respirez profondément quelques fois. Rappelez-vous que ce n’est qu’un avis, que votre émotion désagréable est liée au fait qu’on vient déranger vos convictions et vos valeurs. Posez-vous la question suivante : Est-ce que vous voulez avoir raison, ou passer une bonne soirée … ?
  2. Évitez les parties de ping-pong
    Je remarque souvent des gens qui écoutent et répondent : « oui, mais… ». Très efficace pour annuler les arguments de l’autre, mais pas très efficace pour le lien. En effet, l’autre va alors s’évertuer à essayer de vous convaincre. Et souvent, pendant qu’il vous parle vous réfléchissez aux arguments que vous allez lui opposer dès qu’il aura fini ! Ce faisant, aucun des deux n’est entendu et pris en compte, et la frustration globale augmente… Ce qui n’est vraiment pas idéal pour passer de jolies fêtes.
  3. Écoutez vraiment ce que l’autre vous dit
    Prenez le temps d’écouter l’autre. Soyez curieux, ouvert à son monde, à sa vision des choses. S’il perçoit que ses arguments sont entendus, il pourrait devenir plus réceptif.
    Comment faire ? Reformulez ce qui vous paraît être l’essentiel de son message. Commencez votre phrase par : « J’ai compris que pour toi, il est important que… ». Et rappelez-vous, reformuler ne signifie pas forcément être d’accord avec ce qu’il dit. C’est juste répéter à l’autre ce que j’ai compris.
  4. Écoutez les ressentis de l’autre
    Mettre de la conscience sur le ressenti plutôt que sur les croyances est souvent très apaisant et soutenant. Peut-être que vous ressentez un stress, une tension, dans les propos de votre interlocuteur. Généralement, la meilleure réponse à donner est d’essayer de mettre des mots sur le ressenti que vous percevez : « J’ai l’impression que tu es en colère par rapport à toutes ces limitations qui nous sont imposées, c’est juste ? ». Sous la forme interrogative ça passe généralement mieux, parce que je ne sais pas ce que l’autre ressent, je ne suis pas à sa place.
    Un peu plus technique à faire, vous pouvez essayer d’identifier les valeurs et les besoins de l’autre : « En fait, tu aimerais voir plus de conscience dans la société et plus de lucidité par rapport aux intérêts des entreprises pharmaceutiques…C’est ça ? »
  5. Veillez à votre intention quand vous vous exprimez
    Une fois que vous avez pris le temps d’écouter l’autre et d’entendre vraiment ce qu’il vit, vous pouvez lui exprimer votre opinion. Mais veillez bien à ne pas vouloir convaincre ! Gardez une forme de détachement et d’humour par rapport aux arguments que vous donnez. Remarquez si vous entrez dans un combat d’ego (« je vais lui prouver qu’il a tort… »).
  6. Exprimez vos ressentis et faites des demandes
    Quand on est habitué à parler de ses opinions sur le monde extérieur et à ne jamais parler de ce qui se passe en nous, s’exprimer avec authenticité et sincérité peut complètement transformer les relations.
    Par exemple, « Je suis triste de voir les tensions qui s’accumulent autour de ce sujet, de voir la distance qui commence à séparer les gens ». Exprimez ce que vous aimeriez vivre : « Maintenant qu’on a parlé ½ heure du vaccin, j’aimerais beaucoup qu’on arrête et qu’on échange plutôt sur des sujets plus légers et sur nous, sur comment on va… ». Bien sûr, une fois que c’est exprimé, n’hésitez pas à répéter votre demande et si besoin, imposer un nouveau sujet de conversation ! Parce qu’il est fort probable que certains ne voudront pas s’arrêter…
    Je me rappelle avoir dit un jour à un ami « Si on continue à parler de ce sujet chaque fois qu’on se voit, on va finir par ne plus se voir… Alors on choisit quoi ? On évite ce sujet et on reste amis, ou on continue à se prendre la tête et on ne se voit plus… ? »
  7. Temporisez
    « Je vois que cette discussion est trop sensible et je ne me sens pas à l’aise de continuer. Je te propose de revenir sur ce sujet la prochaine fois qu’on se voit… ». En effet, il est souvent inutile de poursuivre un conflit quand tous les deux sont à vifs. Autant attendre, ne serait-ce parfois qu’une dizaine de minutes et reprendre à tête reposée.
  8. Terminez positivement
    Même si l’échange s’est passé dans la douleur et qu’on est insatisfait. On peut dire par exemple : « Merci d’avoir pris du temps pour discuter sur ce sujet ». « Je te remercie d’avoir continué l’échange malgré les tensions qu’il y a eu ». « J’espère que la prochaine fois nous arriverons à mettre de côté nos divergences pour retrouver plus de liens, parce que notre amitié est précieuse pour moi »

Bon, malgré ces conseils ci-dessus, vous allez peut-être tout oublier ou ne pas y arriver et vous retrouver embourbés dans un conflit…  Utilisez alors ce petit résumé pour commencer chacune de vos phrases :

J’entends que pour toi, … (le vaccin est hautement dangereux parce qu’on se fait injecter une puce et qu’ainsi on se fait contrôler à distance). Je reformule ce que j’ai compris, même si je ne suis pas d’accord et que cette croyance m’énerve.

Et en même temps, … (il semblerait que les vaccins ont sauvé énormément de vies depuis qu’ils ont été mis sur le marché). On donne son avis, sans dire “oui mais” avant.

 

Ce texte a été écrit par Yann Chappuis, formateur en communication, thérapeute et infirmier à Lausanne.

Crédit image: © Chappatte dans Le Temps – Utiliser ce dessin

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