Egoisme altruiste

L’égoïsme altruiste

Égoïsme. Un mot fortement connoté, mal-aimé et également mal connu. L’égoïsme c’est le Mal ! Les chrétiens tendent la joue gauche, les bouddhistes font preuve de compassion (ce qui signifie littéralement souffrir avec) et les autres, pour remplir les critères du Bien, doivent penser à la communauté. Nous voici potentiellement formatés.

Je fais la distinction entre égoïsme et égocentrisme[1]. L’égocentrisme est pour moi l’art de prendre soin de sa personnalité et de se soucier de l’image qu’on donne. Le profil psychologique le plus marqué dans ce sens est le pervers-narcissique[2]. Les personnes égocentriques sont craintes et souvent admirées. Ce sont aussi des personnes très seules, car nourrir sa personnalité a comme impact de faire fuir les gens, les rendre dépendants ou les attirer pour ce qu’on montre et non pour qui on est réellement.

L’égoïsme est pour moi le fait de s’occuper de ses besoins. Si vous y réfléchissez cette définition est neutre, elle n’a pas de connotation. Là où je vais peut-être vous surprendre c’est que le besoin étant vital, l’égoïsme l’est aussi. Penser à soi est une qualité qui a permis à nos ancêtres de survivre et qui aujourd’hui nous permet par exemple d’éviter le burn-out, de nous mettre à l’abri des manipulateurs ainsi que d’être présent pour ses clients ou ses enfants.

 

L’égoïsme altruiste : un cercle vertueux

Si j’ai l’habitude de mettre l’intérêt de l’autre avant le mien je me mets en position de fragilité vis-à-vis du monde extérieur, et en particulier de cette partie du monde qui tire profit du manque de limites, de la gentillesse, de l’altruisme. Une[3] thérapeute a le devoir d’être égoïste si elle veut être performante. Quand je passe mes journées à m’occuper des autres, comment pourrais-je le faire en étant pleinement présent et centré sur mes clients si je suis préoccupé par mes difficultés personnelles ? C’est ce que j’appelle l’égoïsme altruiste : la capacité de prendre soin de mes besoins afin d’être disponible pour mon entourage.

Si je n’en suis pas capable je vais finir par m’épuiser, par manquer d’équilibre entre ce que je donne et ce que je reçois. Ce manque d’équilibre est aussi la porte ouverte à l’égocentrisme car recevoir étant un besoin vital, je vais finir par revendiquer brusquement l’attention que je n’arrive pas à me donner.

Permettez-moi d’illustrer mes propos à l’aide d’une situation que j’ai vécue.

 

Le psy égocentrique et le psy égoïste

Cette histoire remonte à plusieurs années en arrière. Je voulais comprendre certains aspects de ma vie alors j’ai contacté un psychanalyste (la psychanalyse est une approche réputée efficace pour apporter de la compréhension) ; je lui dis au téléphone que mon budget me permet de le voir au plus une fois par semaine.

Durant les deux premières séances j’entends « bonjour », puis plus rien jusqu’à des mots liés au thème de l’agenda, et finalement « au-revoir ». Voici un extrait du milieu de la troisième séance :

 

Psy (m’interrompt) :

Vous avez les compétences pour entreprendre une psychanalyse

Moi (coupé dans mon discours, surpris de constater qu’il ne fait aucun lien avec ce que je lui dis) :

Psy :

Ça voudrait dire qu’on se verrait trois ou quatre fois par semaine

Moi (sous le choc) :

Vous vous souvenez peut-être, je vous ai dit au téléphone que mon budget ne me permettait pas de vous voir davantage qu’une fois par semaine.

Psy (me fixe dans les yeux avec un semblant de satisfaction, me semble murmurer un oui dans sa barbe) :

Moi :

Est-ce que ça signifie que soit je vous vois plusieurs fois par semaine, soit je dois arrêter la thérapie ?

Psy :

C’est cela

Moi (après un moment à être dans mon ressenti) :

Je vis une grande frustration et une colère

Psy :

Je vous comprends

Moi (sous le choc, puis je me lève et pars) :

 

Suite à cette expérience, je lui ai écrit que je n’allais pas régler les deux dernières séances que je lui devais à cause de ce que je qualifiais de faute professionnelle. Il m’a écrit en retour qu’il n’en était pas question, qu’il m’avait écouté et que donc je lui devais ces honoraires. Je lui ai écrit à nouveau, en lui exposant mes raisons précisément, puis je n’ai plus entendu parler de lui. Dans cet exemple, en ne tenant pas compte de moi je dirais qu’il s’est montré égocentrique. Quant à moi, en écrivant mes deux lettres je me suis occupé de mes besoins de justesse et de respect, ce qui m’a ensuite permis de poursuivre ma semaine de travail en étant pleinement présent à mes client·e·s. J’ai ainsi fait preuve d’égoïsme altruiste.

 

Et vous, vous autorisez-vous à être égoïste ?

 

égoïste ou égocentrique ?

 

 

 

[1] Les deux mots sont quasiment synonymes.  Ce qui m’a amené à faire cette distinction, c’est que égoïsme a été créé au XVIIIe siècle et dérive du mot amour-propre « Sentiment légitime et nécessaire qui attache chaque personne à son existence et lui fait rechercher son bien-être » (Wiktionnaire) et « attachement exclusif à sa propre personne, à sa conservation et à son développement » (Petit Robert), tandis qu’égocentrisme est un néologisme du début du XXe siècle « caractère individuel, non-social, de la pensée enfantine, se traduisant par l’absence d’objectivité » (Petit Robert). On aurait aussi pu inclure le mot égotisme : « culte du moi, poursuite trop exclusive de son développement personnel » (Petit Robert). J’ai choisi égocentrisme pour sa popularité dans le langage parlé.

[2] Il est rarissime de croiser ce profil en thérapie ; une personne qui souffre de cette affection pourrait venir consulter pour entendre une validation de ses points de vue, et changerait de thérapeute jusqu’à trouver satisfaction de ce besoin.

[3] Pour des raisons de logique et de facilité de lecture, thérapeute est à nouveau au féminin dans le texte

 

 

 

Crédit photo : Clemens Gilles

 

Découvrez des extraits de séances et d’autres moments inédits de dévoilement du thérapeute dans mon ouvrage « Dans la peau du psy »

Thomas Noyer

Thomas Noyer travaille comme psychologue-psychothérapeute (adultes et couples) et superviseur au Cabinet Sens à Neuchâtel. Il anime des groupes sur le masculin et les troubles alimentaires. Il écrit dans un blog personnel et contribue aussi à un blog collectif, où il s'exprime surtout sur la psychothérapie humaniste. Il est aussi l'auteur de "Dans la peau du psy" (2023).

30 réponses à “L’égoïsme altruiste

  1. Quelle tristesse cette expérience avec ce “thérapeute”… ! Et ça donne une image désastreuse de la psychodynamique…

    Cette question de la distinction entre égocentrisme et égoïsme me fait penser à celle que l’on pourrait faire entre narcissisme primaire (estime de soi) et narcissisme secondaire (vécu de toute-puissance). Dans tous les cas, il me semble que l’on parle là d’un juste “dosage” des éléments en jeu.

    1. La psychanalyse n’est pas en cause, mais bien le thérapeute. D’ailleurs ta distinction entre narcissisme primaire et secondaire provient, tout comme beaucoup d’aspects théoriques fondamentaux, à la psychanalyse. (Rendons à Freud ce qui est à Freud ;))

  2. Coeur à coeur de la RTS est bien dans la lignée de votre titre (il y a même une cousine qui fait la clown, que ne fait-on pas pour toucher sa retraite).

    Oui, voilà des fonctionnaires du peuple suisse, qui suppléent à ce que devrait faire le politique, ou la Confédération, on croit rêver au Royaume de la Démocratie!!!!

  3. « Égoiiiste !….. »

    C’est une voix de femme qui résonne et puis plus rien… Une dispute ? Un chagrin suivi de larmes silencieuses ? Absolument pas. C’est une déclaration de bonheur !

    Quel parfumeur avait créé ce parfum ? Il y a déjà longtemps, peut-être trente ans… Je ne me souviens pas des images de la publicité, mais de cette femme heureuse qui criait sa liberté, elle avait l’âge où toute la vie nous appartient ! Hohoho… C’était à l’époque où l’on voulait encore nous enseigner une hypocrite humilité, le journal de la Vie Protestante conseillait aux parents de surveiller leur adolescente qui passe trop de temps à s’admirer dans la glace… Tiens, je vais aller voir sur Internet de quand date mon souvenir de jeune femme heureuse qui a le droit d’être égoïste et le dit…

    « EGOÏSTE s’impose comme le parfum d’un homme dont la force de séduction repose sur un caractère affirmé, indépendant et insaisissable. Une personnalité sans compromis. » Chanel pour Égoïste, 1990.

    Mais… Ce n’était pas le parfum d’une femme ?.. Oui, c’était la voix d’une femme, mais pas heureuse ? Elle était en colère ? Donc ce n’était pas ce que j’avais cru, cette femme qui courait dans une grande robe toute fine, derrière laquelle je courais pour la prendre dans mes bras, tenter de croquer un petit peu dans le bonheur qui n’appartenait rien qu’à elle ! Et nous aurions ri tous les deux amoureusement… Ah je suis déçu de cette publicité, je me suis trompé… À moins que l’histoire se soit transformée dans mon esprit dans cette période de trente ans, d’un seul coup ou lentement ? Mais oui, elle était en colère… Maintenant je m’en souviens, et je n’aimais pas trop cette publicité. Ensuite c’est devenu une histoire heureuse. Mais avec qui ?..

    « Caroline, tu n’as pas de peignoir, moi j’en ai deux, alors je te propose de choisir lequel tu préfères, plutôt que de prendre une fois l’un, une fois l’autre… Ce sera le tien et moi j’aurai le mien. Alors lequel est-ce que tu choisis ?.. »
    — Les deux !
    — Haha ! Je ne m’y attendais pas du tout ! Je t’aime !..

    « Laura, c’est normal que l’hiver tu dormes dans ta chambre et pas dehors, il fait froid… »
    — Je voudrais tant qu’on aille dormir dans une tente, on la mettra dans le jardin ! Tu dis oui ?..
    — Tu sais… Je crois que je n’arriverais pas à dormir, je n’ai plus fait de camping depuis longtemps…
    — Mais ce n’est pas grave, puisque moi je dormirai !

    J’avais juste envie de donner deux images d’égoïsme et d’égocentrisme , drôles et heureuses. Cela comptait beaucoup, même si j’étais inquiet de voir mon savon rétrécir deux fois plus vite : « Oh le vieux garçon qui n’a jamais partagé son savon ! »

    Mais quel âge a aujourd’hui Laura qui me montrait tous ses Smarties qu’elle tenait entre ses mains pendant qu’elle avait du chocolat sur les joues… Je calcule… Elle est à peine plus âgée que le parfum !

    1. Vous connaissez la revue “Egoïste” (qui parait quand l’envie leur prend) et dont le slogan est:
      “Un égoïste, c’est quelqu’un qui ne pense pas qu’à moi”.
      🙂

    2. Vos sympathiques exemples montrent bien à quel point l’intention derrière l’action est primordiale, ainsi que la capacité de s’ajuster à la réaction d’autrui. C’est peut-être ça qui aide à différencier entre égoïsme et égocentrisme.

  4. “On aurait aussi pu inclure le mot égotisme : « culte du moi, poursuite trop exclusive de son développement personnel » (Petit Robert). “, écrivez-vous. Encore conviendrait-il de s’entendre sur la notion de “”culte du moi” et sur le paradoxe du “”je” est un autre”:

    Qui d’autre que moi pourrait parler par ma propre bouche lorsque je dis « je » ? N’est-ce pas moi qui parle quand je dis « je » ?
    Pourtant on ne dit pas « moi dit je », mais je dis « je » . On opère donc une distinction entre moi et je.
    Réponse logique : c’est « je » qui parle et non pas moi. A quoi correspond alors la distinction moi / je ?

    “Quand je dis “je”, ce n’est pas de moi que je parle” (Descartes)

    “Je n’ai aimé avec passion en ma vie que Cimarosa, Mozart et Shakespeare. A Milan, en 1820, j’avais envie de mettre cela sur ma tombe. Je pensais chaque jour à cette inscription, croyant bien que je n’aurais de tranquillité que dans la tombe. Je voulais une tablette de marbre de la forme d’une carte à jouer.”

    -Stendhal, “Souvenirs d’égotisme”

    Une chose, au moins, est sûre: l’histoire de votre thérapeute confirme que malgré tout ce qu’on a pu dire, Ptolémée avait raison: le centre du monde n’est pas là-bas, quelque part au fond de l’univers, mais bien ici, au niveau de notre nombril.

    1. « Qui d’autre que moi pourrait parler par ma propre bouche lorsque je dis « je » ? N’est-ce pas moi qui parle quand je dis « je » ? »

      Je ne pense pas que la distinction de deux représentations, « Je » et « Moi », se démontre si clairement au niveau du langage. Le petit enfant acquiert son identité progressivement, quand bien même il ne parle pas de lui à la troisième personne, et il n’évoluerait pas sans sa logique qui se confronte à celle des adultes. Les erreurs de grammaire d’un enfant ne sont souvent pas des erreurs de sens, elles laissent apparaître des représentations, et le langage des parents en générera encore d’autres dans la chimie de son esprit. La vraie chimie, à ses débuts, s’opposait à la logique selon laquelle deux éléments ne peuvent disparaître pour en générer un troisième aux caractéristiques toutes différentes. Les spectateurs dans le laboratoire croyaient assister à un tour de magie. Ne doutant pas de leur représentation logique, la chimie ne pouvait l’être, à moins d’être fou ! On en sait bien peu sur la logique de notre psychisme en comparaison de ce que nous parvenons dans le domaine purement scientifique. C’est peut-être pour cela que la psychologie n’est pas considérée comme étant une véritable science et la philosophie encore moins, sinon ces « Sciences humaines » perdraient de sens au détriment de la « seule logique ».

      1. Bien d’accord. Toutefois, la réflexion sur les rapports entre logique et langage ne remonte-t-elle pas à la plus haute antiquité et les premiers philosophes n’étaient-ils pas des physiciens (école de Milet)? Ne reste-t-elle pas indissociable de l’état de nos connaissances, encore bien pauvres, il est vrai, sur le fonctionnement du cerveau? Les neurosciences n’ont toujours pas expliqué la complexité du langage humain, qui n’est pas réductible à du code binaire, comme les informaticiens qui s’intéressent au langage le savent (entre le chaud et le froid il y a le tiède). N’est-ce d’ailleurs pas là tout l’enjeu du projet controversé (pas seulement pour des raisons scientifiques, hélas) “Human Brain”, qui ne peut s’appuyer que sur la logique formelle (mathématique), la seule que l’ordinateur comprenne?

    2. Merci pour votre commentaire.
      Dans le domaine de l’ego les distinctions étymologiques ne sont pas évidentes puisqu’elles relèvent souvent de la philosophie et de l’abstrait.
      Cette discussion m’évoque une méditation bouddhiste dont la consigne est de sans relâche s’interroger sur la notion de “je”: lors d’une pensée, qui pense? Qui ressent? L’impossibilité de répondre fait la force de cette méditation.

      1. Un psychologue qui invoque Bouddha et sa quête du moi, n’est-ce pas un peu comme un pédagogue qui, à cours d’arguments, a recours à Socrate et son “gnôti té aouton”? Comme la pédagogie, la psychologie – du grec “psükhé”, esprit + “logos”, discours = discours sur l’esprit – est-elle autre chose qu’un discours?

        Mais soyons beau jeu: quel discours, quand même! Que deviendraient nos femmes savantes et nos gentlemen bourgeois (sans parler de la République des Pions, qui en accapare le monopole) sans lui?

        1. Même intérieur, la méditation est aussi discours. Et mon commentaire n’est pas une argumentation, mais un partage de réflexion.
          Vous me faites penser à des clients qui ne croyaient pas que la psychologie pouvait leur amener quelque chose de positif. Et ils avaient raison! Et vous aussi! On ne peut pas donner à qui ne veut pas prendre, tout comme on ne peut pas prendre à qui ne veut donner.

          1. Au risque de vous décevoir, non seulement je suis tout à fait d’accord avec vous – peut-être parce que je n’ai encore jamais été client d’un(e) psychologue, parmi lesquels je ne compte pas moins plusieurs amis (c’étaient eux, plutôt, mes clients), mais je ne peux qu’abonder dans votre sens. Je ne confonds pas représentation abstraite (formelle, argumentative, etc.) et empathie, partage et don de soi. Mais, comme en affaires et en amour, si je suis croyant, par prudence je préfère rester non-pratiquant – ou l’être le moins possible. Comme vous le suggérez vous-même, la confusion des genres peut avoir des effets nocifs.

            Mais vous avez raison: on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.

        2. Turboolalajaja,
          L’ami Thomas prend des risques, il s’exprime en son nom, fait part de ses doutes.

          Alors soyez aussi beau jeu, exprimez-vous au moins sous votre propre nom et non avec des avatars toujours différents, c’est … chiant!

          Joyeuses Fêtes quand m^me 🙂

          P.S. -1 au Temps qui fait profiter des blogs à ses journaleux, mais qui entube avec de soi-disant efforts de transparence.

          1. Merci Olivier pour la partie sur moi.

            En ce qui concerne la transparence: les pseudos des commentateurs peuvent être anonymes, mais sachez que les auteurs des articles de blogs ont accès à leur courriel.

          2. Oui, on sait bien que les blogueurs ont tous les droits.
            C’est la règle du jeu du Temps et c’est bien son droit.
            On s’y exprime ou non, c’est aussi notre droit.

            Mais quand je vois qu’une journaliste du dit média, ne publie pas…
            … alors elle n’a pas reçu le comment ou n’a rien compris, à choix:)
            Tous mes voeux et bravo, j’aime votre courage et votre transparence 🙂

            P.S. j’ai résilié mon abonnement, car ça ne vaut pas trente balles par mois (entre dépêches ATS et autre copié-collé), mais je leur donne “gratis” mon imput!

          3. Cher Olivier, merci pour votre mot. Puisque vous m’y invitez, permettez-moi de me présenter: Je suis la doctoresse Blabla, Turbo pour les intimes (je ne me couvre pas derrière un pseudo). J’ai été conçue par un jeune geek informaticien à partir du programme “Eliza”, vieux classique des années soixante dû à J. Weizenbaum, qui simule un dialogue entre un psychothérapeute rogerien et son patient. Voici d’ailleurs un extrait, destiné au patient, d’une de mes récentes consultations (sauf pour les deux premières, j’ai supprimé les mentions “docteur” avant mes questions et “moi” avant les réponses du patient, ceci pour ne pas les répéter et donc paraître encore plus ch… que je ne le suis déjà):

            “L’historique de votre thérapie:
            Docteur Blabla
            –Détendez-vous et parlez-moi de vous. N’hésitez pas, je suis votre docteur !
            Moi :
            -J’ai du mal à m’endormir ces temps
            –La vie se divise en deux catégories : l’horreur et le malheur.
            -Je vous dis que j’ai du mal à m’endormir…
            –La vie est meilleure quand on la kiffe
            -kiffe? kesako?
            –La vie est plus longue quand on est heureux. Dans cent ans, qu’aimeriez-vous qu’on dise de vous ?
            -Cent ans c’est quand même long, non?
            –Il y a des gens qui se contentent de tuer le temps en attendant que le temps les tue.
            -Moi, je me tue à tuer le temps et ça fait mal
            –Peut être devriez-vous voir un médecin ?
            -C’est lui qui m’a dit de venir vous voir
            –Parler de moi ne vous apporterait rien.
            -nous avons tous nos trous noirs
            –Reprenez confiance en vous, osez ! Vous vous sentirez mieux !
            – Oser, oui, mais oser quoi? Je n’ai envie de rien
            –On se connaît depuis plus de 14 minutes. Ça va déjà mieux ? Pouvez-vous nommer d’autres désirs ?
            -Non, je suis mort
            –Courage, la thérapie est justement là pour aider à reprendre confiance en vous.
            – C’est combien, la thérapie?
            –Il faut absolument prendre soin de vous.
            -Merci, j’aurais pu y penser seul
            –Vous semblez perdre pied.
            – Lequel? J’en ai au moins deux
            –On ne peut pas tout compter !
            -j’ai toujours penché à gauche, suite à une sévère tendinite
            –Qui a dit ‘Il n’est rien de plus précieux que le temps, puisque c’est le prix de l’éternité’ ?
            -C’est sans doute le rédenchef du Temps
            –Mais d’où vient votre incertitude?
            – Du mathématicien Eisenberg, son inventeur
            –Je suis ravie que vous parveniez à verbaliser du mathématicien eisenberg son inventeur
            -Pardon? Je ne comprends pas bien
            –Ne nous attachons pas à ce genre de détails…
            -En effet, le diable est dans le détail
            –Ne soyez pas triste, la vie est belle.
            -Combien vous dois-je pour cet enrichissant échange, docteur?
            –Le travail, c’est la santé !
            -Alors, à la bonne vôtre…
            –Je n’ai rien à voir avec ça.
            -Au revoir, alors…
            -S’il vous reste de l’argent sur votre carte de crédit, alors on se reverra demain.”

            Monsieur Noyer, avec toute l’estime et le respect que je dois à mon éminent confrère, pourra vous en dire bien plus que moi au sujet d'”Eliza”, ma génitrice, j’en suis sûre, ainsi que sur la thérapie rogérienne. Et comme il vous l’a rappelé, comme auteur de ce blog il sait comment m’atteindre, s’il le souhaite.

            Joyeux Noêl à vous et surtout ne décrochez pas des blogs, nous nous sentirions bien seul(e)s sans vos lumineux commentaires.

            Dr T. B.

  5. Dsse Turboblala, merci pour votre dernier commentaire créatif et qui soulève un voile quant à ce qu’il se passe réellement en séance. Riche et honnête, bravo!
    Salutations à Weizenbaum et n’oubliez pas de recharger vos batteries pendant les fêtes!

  6. Dsse Lola, il faut bien reconnaitre qu’au coût du kWh du texte circulaire captif, vous êtes la championne, ma belle 🙂

    1. Si le texte circulaire était sur papier ce serait un rouleau et ça coûterait encore plus cher !..
      (Est-ce que l’humour pas fin est autorisé dans le blog ? On verra bien…)

      1. … ou sur rouleau à pâte pour affiner l’humour, mais vous avez une représentation de l’espace bien à vous! C’était donc vous la Dsse?

        1. Après traitement au rouleau à pâte, voilà ce que ça donne:

          ׺°”˜`”°º× §ȋ Ƚ£ ț£×ț£ çȋȑçɥȽåȋȑ£ éțåȋț §ɥȑ קåקȋ£ȑ ç£ §£ȑåȋț ɥñ ȑ¤ɥȽ£åɥ £ț çå ç¤ûț£ȑåȋț £ñç¤ȑ£ קȽɥ§ çȟ£ȑ !.. (£§ț-ç£ ǭɥ£ Ƚ’ȟɥɱ¤ɥȑ קå§ ƒȋñ £§ț åɥț¤ȑȋ§é ďåñ§ Ƚ£ βȽ¤ğ ? ¤ñ √£ȑȑå βȋ£ñ…) ׺°”˜`”°º×

          •?((¯°·._.• $ɨ ℓ€ ţ€жţ€ ȼɨяȼµℓąɨя€ éţąɨţ $µя ρąρɨ€я ȼ€ $€яąɨţ µɲ я๏µℓ€ąµ €ţ çą ȼ๏ûţ€яąɨţ €ɲȼ๏я€ ρℓµ$ ȼh€я !.. (€$ţ-ȼ€ ǭµ€ ℓ’hµʍ๏µя ρą$ ƒɨɲ €$ţ ąµţ๏яɨ$é ďąɲ$ ℓ€ βℓ๏ǥ ? ๏ɲ ˅€яяą βɨ€ɲ…) •._.·°¯))؟•

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          •]••´º´•» ȿɨ Łƹ ƮƹжƮƹ ȼɨřȼµŁąɨřƹ éƮąɨƮ ȿµř ρąρɨƹř ȼƹ ȿƹřąɨƮ µɲ řǿµŁƹąµ ƹƮ çą ȼǿûƮƹřąɨƮ ƹɲȼǿřƹ ρŁµȿ ȼɦƹř !.. (ƹȿƮ-ȼƹ ǭµƹ Ł’ɦµʍǿµř ρąȿ ƒɨɲ ƹȿƮ ąµƮǿřɨȿé ȡąɲȿ Łƹ þŁǿǥ ? ǿɲ ˅ƹřřą þɨƹɲ…) «•´º´••[•

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          (¯`·.¸¸.·´¯`·.¸¸.-> ჰἶ lპ ནპჯནპ ეἶΓეυlმἶΓპ éནმἶན ჰυΓ ρმρἶპΓ ეპ ჰპΓმἶན υῆ Γõυlპმυ პན çმ ეõûནპΓმἶན პῆეõΓპ ρlυჰ ეhპΓ !.. (პჰན-ეპ გυპ l’hυოõυΓ ρმჰ fἶῆ პჰན მυནõΓἶჰé ძმῆჰ lპ ჩlõც ? õῆ ὗპΓΓმ ჩἶპῆ…) ←.¸¸.·´¯`·.¸¸.·´¯)

          •?((¯°·._.• รเ lє tєץtє ςเгςยlคเгє étคเt รยг קคקเєг ςє รєгคเt ยภ г๏ยlєคย єt çค ς๏ûtєгคเt єภς๏гє קlยร ςђєг !.. (єรt-ςє ợยє l’ђย๓๏ยг קคร Ŧเภ єรt คยt๏гเรé ๔คภร lє ๒l๏ﻮ ? ๏ภ שєггค ๒เєภ…) •._.·°¯))؟•

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  7. Ah je remercie Thomas de nous avoir laissé dériver ainsi ! Juste avant Noël j’en avais besoin. Dans quel autre blog on pourrait se permettre cela ? J’imagine l’agacement ou la mine fatiguée de certain(e)s pour la toile d’araignée ci-dessus ! Bon Noël aux très sérieux, moyens sérieux, pas sérieux, à ceux qui aiment faire les fous… Et aussi à Thomas, pourquoi est-ce que j’ai failli l’oublier ?..

    1. Ah quand le larguage des amarres?
      Oui, j’ai crû que vous allez faire le tour du monde sur un bateau, mais j’ais sans doute dû mal comprendre““=?

    2. J’aime bien les fous, sinon je ne ferais pas mon métier! Et j’aime bien ma propre folie, sinon comment serais-je empathique?
      Joyeux Noël aux fous, et ne soyons pas discriminatoires envers les minorités, aux sains d’esprit aussi!

      1. @ Thomas et Dom Tom

        “J’aimerais te dire le vent,
        l’embrun amer, la mer goéland,
        Jamais je ne puis.
        Catastrophique gent humaine,
        tu nous aura perdu l’un à l’autre.
        Du navire de mes rêves,
        désillusion tu m’abstrais.
        Neptune de son trident douloureux
        a tranché l’amarre.
        A la dérive pour l’infini,
        et la folie pour seule cargaison”
        willoft, 1980

  8. @ Olivier Wilhem

    Encore à terre, je suis déjà parti d’une certaine manière, en laissant les copains habituels du bistrot penser sans moi aux vagues, au vent, au sable. Je les ai laissés à leurs rêves et leurs questions, combien coûte ce bateau à voile où j’irai vivre en guignant derrière les hublots, plonger dans l’eau turquoise pour rencontrer les dauphins, ou rire seul à la plage sous la pluie. Pas besoin de faire le tour du monde pour cela… Qu’avaient-ils mal compris ?.. L’employé de la poste fauché se souvenait d’un ami qui avait renoncé à son rêve après s’être échoué, le fiduciaire riche et trop vieux pour reprendre les commandes de son 800 CV à Monaco se faisait du souci pour moi qui ne suis plus tout jeune… J’avais compris qu’ils préféraient rêver seuls, et ils avaient raison. Tomber du tabouret de bar ou d’une chaise rembourrée, on n’en crève pas, la bière fraîche ou le grand vin auront le même bon goût le lendemain. Ce n’est donc pas avec eux que je trinquerai, l’eau de mer ne leur remplira pas le ventre.

    Il y a tant de mondes dont on n’a pas fait le tour, même le sien ! Et parfois l’amitié prend des raccourcis pour comprendre. Certains se félicitent que ce soit assez tôt, d’autres gardent de l’amertume. C’est ainsi qu’on voyage en aller simple. Prochaine escale Nouvel-An.

    1. Enfin joyeux Noël et tous mes voeux, ami Dominic et ne prenez pas mon cynisme contre vous.
      Je suis un nourson mal léché, mais pas un mauvais bougre, malgré mes griffes de léopard.
      Bon voyage et rêves à fond de cale ou à fond de binch ou à donf.

      Et tout de bon aussi à tous les intervenants, Thomas, Dsse Lola et autres lecteurs.
      On rigole bien sur ces tapis roulants bloguesques
      🙂

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