Les réseaux sociaux sont-ils le temple de la grossièreté ou le reflet de la société?

Dimanche soir 13 décembre, sur la RTS 1, la journaliste responsable des nouvelles a nettement manqué de la plus élémentaire politesse à l’égard d’un conseiller fédéral, et chacun a pu admirer la parfaite maîtrise de soi de M. Berset. Dont acte.

Mais le Temps d’hier 16 décembre nous informe (p.7), sous le titre « L’insulte, miroir de la contestation », que la journaliste a reçu « une avalanche de propos injurieux, méprisants, sexistes et ignominieux qui ne méritent pas d’être rapportés… sauf à vouloir afficher la profonde indigence intellectuelle de leurs auteurs ».

Tout personnage public, tout blogueur également, sait la déferlante de propos injurieux que déclenche sur les réseaux sociaux une opinion qui déplaît forcément à certains. Le phénomène n’est pas nouveau. Toute personne politique a toujours reçu des lettres anonymes, des messages téléphoniques orduriers ou menaçant de mort quand son action déplaît. Mais il faut reconnaître que les réseaux sociaux favorisent cette forme de peste morale par l’anonymat garanti et la facilité de la propagation.

Que faire ? J’avoue considérer que l’insulte ne déshonore que celui qui la formule et que ceux qui ne peuvent réagir à un avis différent du leur que par l’insulte souffrent probablement d’un manque affectif, intellectuel ou psychique. Je publie les insultes sur mon blog si elles me concernent, espérant toujours que cela peut contribuer à calmer leur auteur qui se croit ainsi valorisé. Je les censure si elles concernent un tiers car elles deviennent alors éventuellement pénalement répréhensibles.

Mais la question demeure : les réseaux sociaux favorisent-ils la grossièreté ? Ou reflètent-ils simplement la société?

 

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

21 réponses à “Les réseaux sociaux sont-ils le temple de la grossièreté ou le reflet de la société?

  1. Les réseaux sociaux sont le miroir de notre société, donc, comme dans la société, le bon sens et l’intelligence y côtoient la bêtise et la grossièreté, et très souvent une ignorance abyssale de l’orthographe et de la grammaire. Donc en tant que base de diagnostic, ce n’est pas sans intérêt, mais il faut éviter d’y passer des heures…

  2. J’ai vu cette interview du TJ. La journaliste posait ses questions avec insistance et répétition, probablement sur demande de sa rédaction a la recherche d’un scoop. Le CF Berset a répondu poliment sans se laisser décontenancé par cette démarche journalistique éculée et fatigante. Il appartient donc aux journalistes de changer de méthode.

  3. Complètement d’accord avec vous ! La seule chose qu’on peut dire c’est que certains croient que des propos virulents sont dérangeants et vont à l’encontre de leurs avis, et du coup soit ils ne les publient pas comme cela se fait sur certains blogs. Cest une forme de contrainte et de censure, qui n’honorent pas l’auteur du blog.
    En ce qui vous concerne je vous remercie pour vos article, même si nous ne sommes pas toujours d’accord, vous suscitez le débat! Bonne fin d’année Madame Sandoz!

  4. Ah, un grand merci, chère Madame Sandoz,
    oui, car j’ai enfin compris pourquoi vous publiiez mes commentaires, souvent corrosifs (d’aucuns diront, grossier, insultant, bref, toute la panoplie des parfaits gnomes courageux sous multi-pseudos).

    En fait, c’est de l’empathie pure et non une ouverture au dialogue avec des voix opposées.
    Dans le fond, tout ce binz n’est qu’un manque de courage, que le monde a perdu depuis belle lurette?

    P.S. certains m’ont même accusé d’être un troll, c’est dire où on en est.
    🙂

  5. Madame Sandoz, c’est certainement après les quelques interventions de commentateurs dans votre blog précédent, qui ne comprenaient pas que vous continuez à publier des messages peu respectueux à votre égard, que vous dévoilez enfin le secret du remède que vous avez choisi ! Alors la question qui demeure à plus petite échelle est : « Cette technique originale favorise-t-elle la grossièreté dans vos blogs, ou a-t-elle un effet calmant ?.. » Comme pour tous les remèdes, il faut avoir beaucoup de patience pour obtenir la preuve d’une réelle efficacité, et accepter qu’ensuite un effet secondaire se révèle subitement en coup de foudre. Mais vous y résisterez comme vous l’avez déjà démontré, aucune chance (ou toutes les chances ?) pour la personne revalorisée qui tout d’un coup comprendra qu’on a fait d’elle un gentil petit loup !

  6. Ce n’est pas le reflet de la société. Ceux qui sont en colère contre l’Etat, l’administration, voir la société (trop à droite ou trop à gauche, c’est selon) vont plus prendre la plume pour exprimer un désaccord dans un style à la hauteur de leur colère. A l’inverse sans revendication, le besoin de s’exprimer diminue nettement, et on a une image biaisée de la société si on lit les réponse de blogs.

    Par contre, même si c’est une minorité, la colère est parfois un amplificateur d’un sentiment de la population. La bonne question à se poser sur les insultes : Quelles sont les éléments dans la société qui les amènent à l’insulte ? Certes, il y a un facteur individuel, mais pas seulement.

    Typiquement, dans certains cercles de droite, les journalistes ont la réputation d’être à la botte des bobos. Si on y ajoute la défaite de Trump, les nerfs sont à vifs.
    A gauche, on peut trouver des défenseurs du socialiste Berset. La défaite de l’initiative en a remonté plus d’un.
    On est dans une phase où la radicalité/ extrémisme s’exprime avec plus de force et surtout plus d’agressivité. L’individu se lâche parce qu’il ne voit pas d’issue à ses revendications ( humanisme naïf vs immigration stoppée )
    Malgré tout, c’est une minorité qui s’exprime. Le Suisse est centriste, et les frustrations vécus aux extrêmes politiques, il ne les ressent pas.

    Donc non, les réseaux sociaux, ce n’est pas la société. Prendre par exemple des décisions politiques en écho, ce n’est pas forcément satisfaire la majorité.

  7. Non, ce n’est absolument pas le reflet de la société ! que celle-ci ait évolué vers plus de médiocrité (nivellement vers le bas) et plus de vulgarité , c’est certain . mais en plus les réseaux sociaux ont tendance à être fréquentés par des gens dont l’immediateté est l’évangile, la reprise d’opinions banales par effet de groupe, l’écriture compulsive, et surtout un égo surdimensionné, qui les poussent à “etaler” leur avis , qui est à leur yeux le meilleur , et dont tout le monde doit profiter…
    il faut dire que les “like” et autres âneries sont faits pour eux …
    mais évidemment, ceux qui fuient cela , sont invisibles sur les”réseaux”…

  8. Chère Madame,

    J’admire votre façon de synthétiser les aléas de notre vie politique, médiatique et sociale, merci pour vos billets toujours très appréciés.

    Bien à vous,
    Michel Vernaz

  9. Professeure Sandoz merci pour cette pertinente interrogation.
    La grossièreté fait partie du monde actuel et reflète ce qu’est devenue la société, à force de médiocrité et de culte de la rapidité extrême (« liker » sans préalablement analyser et réfléchir). Cela donne le sentiment d’appartenir à un groupe qui fait de même, et cela vite, vite, vite, sans raisonner. Une action qui rassure et permet de s’identifier à un courant ou une vague d’opinions.
    Par essence l’humain a besoin de se rassurer, et cela fonctionne donc mieux à plusieurs.
    Personnellement, je pense que ce genre de propos devrait « couler comme sur les plumes des canards » et être ignoré, si possible avec élégance.
    En d’autres termes, tout poisson n’est pas obligé de mordre à l’hameçon même si celui-ci est fort attractif !
    Dans un groupe diversifié d’individus, je dirais même qu’il est passionnant que divers avis s’affrontent afin d’élever un débat. Bien sûr, les dérapages verbaux vulgaires peuvent survenir en tout temps. L’important est de garder le cap et de ne pas dévier même si d’autres dérivent. Finalement, la dérive verbale c’est leur problème, pas le nôtre.
    Dans le contexte actuel très tendu, inondé de propos de plus en plus contradictoires, les journalistes ne reflètent plus vraiment le sérieux que nous sommes en droit d’attendre de cette profession.

    L’autre jour, j’ai été sciée d’entendre une responsable d’un secteur précis débiter un énorme mensonge sur les ondes télévisuelles. Ses sources sont erronées et donc, elle a transmis des informations beaucoup trop globales, sans les indispensables précisions territoriales. Dommage ! Même si nous signalons ce type d’erreurs (documentation officielle à la clé), les médias ne corrigent jamais les contenus. Médiocrité ou désinformation ? A chacun son choix de réponse. Et ne nous laissons pas hameçonner par des informations aberrantes.

    « Danda est animi remissio ». Sénèque dans « De tranquillitate animi ».

  10. Chère Madame Sandoz,

    C’est une excellente question bien que compliquée.

    Les réseaux sociaux ont été construits sur la base des neurosciences avec un objectif commercial. Notre mode de fonctionnement (cerveau instinctif) est largement exploité. Grâce à la collecte massive de données associée à des algorithmes de profilage, chaque individu peut être classé (personnalité, milieu socio-culturel, goûts, niveau intellectuel, comportement, orientation sexuelle, etc), le réseau utilise ensuite ces informations pour filter (donc censurer) le contenu qui lui est proposé.

    L’objectif est double: d’une part, vendre des espaces de publicité ciblée grâce aux profils, d’autre part maintenir l’individu dans un cadre. Il y a donc une influence extérieure forte qui obéit aux règles définies selon les objectifs commerciaux de la société qui exploite le réseau et non définies démocratiquement.

    Une telle dictature ne fonctionnerait pas sans le consentement de ses utilisateurs qui doivent donc y trouver une reconnaissance sociale (l’appartenance à un groupe), c’est une zone de confort et de sécurité ou chacun est attaché à une croyance et une opinion qui les réunit. Il n’est donc pas dans l’intérêt de ces réseaux de promouvoir l’insulte. De plus, Il y a peu de dialogue entre ces différentes communautés et c’est d’ailleurs une des cause de la polarisation des opinions, donc de la promotion des extrêmes, dans nos société: éviter la contradiction et l’ambiguïté. Chaque “segment” entretient et amplifie sa propre croyance: l’utilisateur est récompensé lorsque qu’il contribue dans le bon sens et sanctionné en cas de déviation trop importante. Par contre, les conflits entre ces divers groupes d’opinions sont de plus en plus fréquents en dehors de ces réseaux (votre exemple avec la journaliste de la TSR en est un).

    Il y a aussi un autre intérêt pour un participant à faire croître sa popularité dans un réseau: sa visibilité augmente fortement. Si un des ses “posts” fait la promotion d’une marque ou d’un produit, il est relayé de manière plus importante et l’impact publicitaire est multiplié. Ce sont les fameux “influencers” qui peuvent ainsi monnayer leur popularité… ils perdent ainsi leur liberté et leur neutralité sans que les autres participants s’en aperçoivent.

    Les marques s’enracinent ainsi de manière bien plus profonde dans la population qu’avec le matraquage publicitaire classique: il suffit de choisir les bonnes personnes dans ces réseaux dont l’image reflète la “brand essence” et les promouvoir.

    On peut ajouter que la publicité ne se limite plus aux marques mais sont devenus un des piliers de la formation des opinions lors d’élections et autres votations. Et là, ça devient un problème car la démocratie ne saurait résister à une telle puissance de feu.

    Il faut relever que le type d’information a évolué de manière exponentielle (type de données et volume). Des informations sensibles sont dérivées des textes, des images et des vidéos grâce aux algorithmes. Les capteurs se sont multipliés sur les divers appareils et objets connectés. L’interaction de l’utilisateur avec la machine est aussi analysée.

    La connaissance que les réseaux sociaux ont de chaque individu est difficilement imaginable pour l’utilisateur lambda. Vu cette asymétrie dans l’information, la manipulation de l’opinion par ces réseaux n’est plus une hypothèse mais une réalité.

    Bref, c’est un sujet passionnant qui mérite mieux que les quelques idées que j’ai pu partager avec vous avec plaisir.

    Mais, en conclusion, oui les réseaux sociaux sont le reflet d’une société purement commerciale et ont intégré l’individu comme un produit dans la chaîne de valeurs en les contrôlant. Non, les réseaux sociaux de sont pas le reflet de notre société démocratique qui implique dialogue, tolérance, respect et compromis pour vivre ensemble.

    1. Bonjour Robert et merci de votre pertinent éclairage.
      En conséquence, tout comme la peste ou une autre épidémie disons plus actuelle, évitons drastiquement les “réseaux sociaux” ….. Une sorte de sport d’esquive que nous pouvons aisément pratiquer. Et qui fera énormément de bien à notre libre arbitre. Une sorte de baume sur les idioties quotidiennes “like”, “pas like”. Quitte à recevoir quelques critiques qui se dilueront bien vite dans la masse informe des commentaires via émoticônes interposées. Salutations.

  11. Les auteurs d’injures, d’insultes, de propos orduriers et d’attaques à la personne, dont c’est la seule arme pour se mettre en valeur, semblent oublier qu’au contraire du casier judiciaire, remis à jour tous les six mois, leur empreinte reste marquée sur le Web de manière définitive.

    Il en va de même pour les commentaires postés sur les blogs du Temps, dont il n’est peut-être pas inutile de rappeler les règles :

    * Les modérateurs suppriment les messages diffamants, insultants, haineux ou contraires
    à la loi suisse d’une quelconque autre manière

    * Les modérateurs suppriment les messages hors sujet ou non argumentés, ceux-ci
    risquant de déteriorer la qualité des débats. Aucune attaque ​ ad nominem ​ n’est tolérée,
    pour cette même raison

    * Les modérateurs suppriment les messages pouvant être considérés comme du spam.

    * Les modérateurs peuvent exclure les utilisateurs qui postent systématiquement des
    commentaires entrant dans les catégories ci-dessus. Ils se réservent le droit de
    poursuites légales lorsque la situation l’exige.

    (Extrait de la Charte de modération des commentaires du Temps).

    1. Il me semble que l’ami Motus a une assez saine réflexion à ce sujet.
      Il n’en reste pas moins que les pros justiciables ou justiciés en auront une autre ?

      P.S. Ayant de forts doutes que la Charte du Temps, soit un modèle en la matière!

  12. Les compléments apportés dans ce « bulletin » ne sont pas à attribuer à une intelligence artificielle :

    Les modérateurs des commentaires de blogs du journal Le Temps sont les auteurs eux-mêmes qui sont libres d’appliquer ou non les règles énumérées ci-dessus.

    Tous les auteurs-modérateurs ne suppriment pas les messages hors sujet, encore moins ceux qui ne présentent pas d’arguments en se contentant d’approuver, de féliciter, ou désapprouver parfois avec moquerie ou mépris.

    La diffamation est souvent tolérée quand elle vise une personne de notoriété publique. Les injures des commentaires publiés dès leur envoi peuvent rester visibles durant le temps nécessaire à l’auteur pour en prendre connaissance et réagir. Certains auteurs qui ne peuvent se permettre de consulter leur blog à intervalles réguliers n’ont d’autre choix que la publication automatique, car tout le monde n’attendra pas que la colonne se remplisse, et les nouveaux blogs en dernier étage arrivent pour faire descendre l’ascenseur en direction de la cave.

    Je ne doute pas que « les modérateurs » supprimeraient les messages répétés pour favoriser la vente d’une marque de pizza, un logiciel, ou un remède pour maigrir. Il en va autrement des commentateurs qui apparaissent régulièrement pour faire connaître leur bureau d’avocat, inciter à visiter leur site, ou promouvoir leur association : à ne pas confondre avec la rudimentaire et agaçante technique du SPAM.

    Je ne critique pas la liberté des auteurs de procéder eux-mêmes à la modération de leur blog, je considère que c’est encore la meilleure solution pour éviter l’emprise d’un expert trop parfait, y compris celui qui a créé « la charte ». Le but de mon texte vise à apporter un complément afin que les lecteurs ne se méprennent pas sur la fonction de M. D. Renald : il n’est pas « le chef des modérateurs », mais assurément joue un rôle essentiel dans les coulisses du journal. Je ne pense pas qu’en échange de ses publications il est récompensé par un abonnement gratuit au Temps, ni qu’il reçoit des invitations gratuites à venir rendre visite ! J’ai le pressentiment que c’est lui qui invite…

  13. “…que les lecteurs ne se méprennent pas sur la fonction de M. D. Renald : il n’est pas « le chef des modérateurs », mais assurément joue un rôle essentiel dans les coulisses du journal.”

    Lequel?

    1. Vous ne donneriez donc pas vos informations en tant que collaborateur du Temps ? Et croyez que cela doit apparaître évident ? Je ne pensais pas qu’il soit possible qu’une personne ne connaissant rien des coulisses de ce journal, vienne offrir ses représentations personnelles en affichant l’assurance de la personne qui sait de quoi elle parle. Les compléments que j’ai apportés ne s’adressent donc pas aux vrais collaborateurs du Temps que j’ai peut-être égratigné collatéralement. Ils n’ont rien à voir avec votre exposé, et pour vous on oublie.
      (Je n’apporterai pas d’autres commentaires ou réponses sur ce sujet).

      1. En effet, je n’ai aucun autre lien avec le Temps que celui de simple lecteur. Vous me prêtez donc des pouvoirs occultes qui m’honorent, c’est certain, mais qui ne se justifient pas.

        Quant aux coulisses du Temps, je n’ai aucune qualification pour en parler. En revanche, je pourrais faire valoir que le journalisme a été mon premier métier – j’ai suivi un stage pratique complet, pendant deux ans, dans la presse écrite aux Etats-Unis où j’étais aussi correspondant de La Gazette de Lausanne et du Journal de Genève, les deux ancêtres du Temps, d’un autre quotidien romand et du bureau new-yorkais de l’Agence France-Presse avant de couvrir à titre free-lance quelques-uns des principaux points chauds des années soixante et septante, qui n’en manquaient pas.

        Cette expérience m’a appris, entre autres, que certaines règles et pratiques du métier sont quasi universelles et ne datent pas d’hier. Tout journaliste sérieux les connaît et les applique dans sa pratique quotidienne. Même si j’ai quitté la branche depuis longtemps, sa cuisine ne m’est donc pas tout à fait étrangère et certains réflexes acquis restent.

        Si vous pensez avoir une meilleure compréhension des coulisses de ce métier (ou de sa cuisine), je serais ravi de la connaître.

        Sans rancune?

        1. Merci D.R. pour cet intéressant éclairage d’ancien du métier de journaliste.

          Mais Il y a tout de même quelques grains de sable bien ennuyeux sur les ondes radiophoniques et télévisuelles en cette chaotique fin d’année 2020.
          Pour les simples auditeurs(trices) en quête d’informations pertinentes, il devient très difficile de procéder à un triage des informations. Qui croire ? Que croire ? En fait, presque plus rien ne vaut la peine d’y attacher trop d’attention car il faudrait vraiment tout contrôler et minutieusement.

          Alors que nous sommes à la dérive sur un canot surchargé de contradictions quotidiennes, canot qui prend dangereusement l’eau.

          A ce sujet (voir ma réaction précédente) nous avons un vrai problème de fond lorsqu’un(e) journaliste ment devant des millions de téléspectateurs(trices), ou d’auditeurs(trices) pour ceux(celles) qui écoutent seulement, mais peu importe finalement.
          Soit il(elle) ne connaît franchement pas bien la composition et la politique du pays voisin dont il/elle affirme des éléments précis (une contrée proche de la nôtre et comportant des particularités sous forme de provinces autonomes donc forcément aussi des décisions officielles locales particulières très différentes du reste du pays versus des autres provinces autonomes le composant), soit cette désinformation est volontairement programmée afin d’empêcher ou interdire les déplacements.

          Lorsque le simple quidam signale ce type d’erreur « politique », les pontes télévisuels / radiophoniques ne prennent même pas la peine d’une part de nous répondre (mépris clairement affiché envers des personnes pourtant nettement plus informées dans une autre langue), d’autre part d’une correction a posteriori. Très préoccupant. Pour ma part, je sais pertinemment qu’il/elle ment et peux adapter mes décisions via d’autres sources nettement plus fiables, nonobstant les informations journalistiques franchement erronées.

          Alors pour les auditeurs(trices)/téléspectateurs(trices) ne connaissant pas aussi bien ces détails disons « techniques », il sera très difficile voire impossible de connaître la vérité vraie. En d’autres termes, les journalistes nous induisent en erreur.
          C’est fort regrettable pour la population dans son entièreté.
          Car la population dans son ensemble ne contrôle pas tout systématiquement mais, au contraire, essaie de rester bien informée via les divers médias.

          Alors de toute évidence, un voile insidieux de grains de sable s’est confortablement et durablement installé dans les médias. Une violente tempête pourra-t-elle les éliminer d’ici quelque temps ? Cette interrogation reste ouverte pour l’instant. Toutes les perspectives sont évidemment bienvenues sur ce sujet.

          En temps normal, nous pourrions « laisser courir ». Or nous ne sommes plus en temps normal et devons combattre la désinformation / mésinformation volontaire du public-cible. Un public-cible qui devrait croire tout ce que l’on veut bien lui raconter ?

          Portez-vous bien.

          1. Merci, Eliane AB, pour votre réponse. Vous soulevez des questions essentielles, en particulier celles de la désinformation/mésinformation, bêtes noires de tout journaliste. Voici quelques lectures qui m’ont aidée à ce sujet et qui pourraient aussi vous intéresser:

            Le livre “The Hidden Persuaders” (1957) de Vance Packard, un auteur que j’ai eu la chance de connaître pendant mon premier séjour aux Etats-Unis, a gardé toute son actualité. A mon avis, son étude du système de consommation américain et ses excès, des effets de la publicité sur la population et des procédés psychologiques des publicitaires retrouve même une seconde vie avec l’avènement des réseaux sociaux, des “fake news” et de la pseudo-information qui n’est en fait rien d’autre que de la publicité à peine masquée.

            Pour sa part, l’écrivain français d’origine russe, Vladimir Volkoff, a consacré plusieurs ouvrages à la désinformation: “La Désinformation, arme de guerre, l’Âge d’Homme, Lausanne, 2004; “Petite Histoire de la désinformation”, Le Rocher, Paris 1999; “Désinformation: flagrant délit”, Le Rocher, Paris 1999; “Désinformations par l’image”, Le Rocher, Paris 2000 et “La Désinformation vue de l’Est”, Le Rocher, Paris, 2007. Sa “Petite histoire de la désinformation” et son “Manuel du politiquement correct” examinent les conditionnements auxquels il juge que ses concitoyens sont soumis et qui auraient créé en eux, à force de répétition, comme une seconde nature. Il s’attache à les démonter un par un avec humour. Je ne les ai pas tous lus, mais j’en ai au moins retenu ceci (je cite cet auteur de mémoire): “Qui tient les clés de la désinformation tient aussi celles de l’information. Et qui tient les clés de l’information tient les clés du monde”.

            Aux problèmes de désinformation viennent s’ajouter ceux liés à l’automatisation de l’information et à sa vérification, déjà bien assez ardus dans leur forme traditionnelle. Les grandes agences de presse (Associated Press, Reuters) et les principaux quotidiens (New York Times, Los Angeles Times, le Guardian, qui publie en septembre dernier un article entièrement rédigé par un robot), ont en effet bien compris les gains qu’ils peuvent réaliser avec l’automatisation croissante du journalisme: production exponentielle de contenu à des vitesse inégalées, économies substantielles en personnel réalisées par le licenciement d’équipes entières de journalistes, entre autres.

            Avec l’automatisation, distinguer les vraies informations des fausses devient encore plus problématique. A qui attribuer un article produit par un robot? Au programmeur? A l’équipe éditoriale qui a fourni les données? Au robot lui-même? Et qu’en est-il du statut juridique d’un robot-auteur?

            Enfin, comment vérifier la véracité de l’information? Le lecteur, déjà désorienté dans ses choix par la pléthore de nouvelles disponibles et désarmé face au défi d’en vérifier l’authenticité, comme vous le montrez très bien, ne va-t-il pas l’être encore plus quand il se verra incapable de vérifier si un article est écrit par une machine ou par un humain? Ceci soulève des questions de transparence bien que de telles questions se posent aussi au sujet de la paternité d’une oeuvre entre des auteurs humains (Tal Montal et Zvi Reich, “I, Robot. You, Journalist. Who is the Author?”. Digital Journalism. 5 août 2016, pp. 829–849).

            Quant à la question “les robots vont-ils remplacer les journalistes? “, certains répondent qu’on ne pourra jamais se passer de ces derniers. Pourtant, c’est précisément ce que Microsoft a fait cette année en remplaçant 27 journalistes par de l’intelligence artificielle.

            Selon le magazine Forbes, en 2020 aussi, les media mainstream ont utilisé toujours plus l’intelligence artificielle et l’automation, citant en exemple les systèmes “Juicer” de la BBC et “Cyborg” de Bloomberg (Chase Calum, “The Impact of AI on Journalism”. Forbes, 24 août 2020).

            Une spécialiste de l’analyse industrielle, Teresa Cottam, a noté que la technologie était en cours de développement non seulement pour rapporter des nouvelles, mais aussi pour créer une opinion éditoriale (Teresa Cottam, “If Tech Journalists Are An Endangered Species Are PRs Doomed To Be Dodo Wranglers?”. Omnisperience, 16 décembre 2020).

            Plus encore qu’avec la prolifération des réseaux sociaux et la concurrence des GAFA, n’est-ce pas là que l’avenir du journalisme se joue?

            Comme vous le soulignez, la question reste ouverte.

            Cordialement,
            DR

  14. De tous les problèmes à résoudre, l’un des plus faciles à éradiquer est justement celui-ci. Il suffit que l’Etat considère par le loi, que les commentaires diffusés le sont sous la responsabilité du diffuseur et distributeur (bloggeurs, twitter & fb, etc.), qui seront sanctionnés en lieu et place des commentateurs. Mais il ne faut pas rêver, la tendance est à la destruction de l’Occident et de son implosion par ses propres enfants & des étrangers malveillants.

  15. Tout un dossier très intéressant sur le pouvoir de l’injure, paru dans le magazine de l’UNIGE: tps://www.unige.ch/campus/numeros/118/dossier1/

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