Vaincre les épidémies

Vaincre les épidémies

Tel est le titre du livre du Professeur Didier Pittet, épidémiologiste, infectiologue, spécialiste en santé globale (et de M. Thierry Crouzet, écrivain), livre qui vient de paraître aux éditions Hugo Doc, Paris. L’ouvrage mérite d’être lu – et rapidement – par les autorités politiques, les journalistes et même le grand public. Ce récit relate, jour après jour, de janvier à fin juin 2020, les actes, réflexions, expériences, conseils du Professeur Pittet qui a incontestablement été aux premières loges pendant toute cette période.

Le rappel des gestes « barrières » et des commentaires très critiques sur le port du masque

Page après page est rappelée l’importance du lavage des mains et du respect de la distanciation, ces deux règles représentant, selon l’auteur, la vraie et fondamentale protection, le port du masque (en dehors de l’hôpital, naturellement) n’étant utile que dans les cas où la distanciation est impossible et à la stricte condition d’un lavage des mains. On peut même lire quelques phrases assassines, telles que : « Il y a en France un penchant pour une politique démonstrative, aux actions visibles et le masque semble répondre à ce désir profond » (p. 183) ou encore : « Dans les rues, de plus en plus de passants masqués laissent traîner leurs mains partout. Les politiques ordonnent le port du masque pour se donner bonne conscience, mais ne contrôlent pas les lieux publics où les gens s’entassent. Imposer le port du masque, c’est se donner l’illusion d’agir, en pensant se prémunir contre les critiques futures ». (p. 172). « En croyant bien faire, en exigeant le port du masque généralisé, les politiques et certains experts proclament des bêtises » (p. 150).

« Le confinement était la seule solution pour sauver nos hôpitaux » (p. 161)

J’avoue que cette phrase m’a fait sauter au plafond, d’autant qu’elle reprenait celle figurant deux pages avant (p. 158), soit « …il y avait urgence à sauver nos hôpitaux ».

Après avoir éprouvé un moment de révolte en lisant cela, je me suis rendu compte qu’il fallait surtout en tirer une conclusion pratique aussi immédiate que possible, vu le texte qui suivait : « Dire que s’ils avaient été plus grands, avec davantage de lits, davantage de personnels, nous n’aurions pas eu besoin de confiner est un non-sens. Surdimensionner les institutions de soin “au cas où” n’est pas une bonne idée, sans même parler de coût de fonctionnement…. Les hôpitaux modernes doivent être reconfigurables » (p. 158). Et l’auteur d’ajouter : « Nous l’avons démontré aux HUG en faisant preuve de fluidité dans notre organisation ». Ce texte est daté du 19 mai 2020.

Sauver des personnes

Espérons dès lors que, depuis le 19 mai, les expériences relatées et conseils prodigués par le professeur Pittet auront pu porter des fruits et qu’il n’y aura plus de mesures à prendre pour « sauver les hôpitaux », mais seulement pour sauver des personnes, y compris du désespoir engendré par la perte d’un salaire, d’un travail, voire de tout geste de tendresse.

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

32 réponses à “Vaincre les épidémies

  1. 700 ! Mais que peut bien donc signifier ce chiffre ?
    700 ! c’est malheureusement le chiffre de naissances quotidiennes de nouveaux nés infectés par le VIH-SIDA. Leur espérance de vie se limitera en moyenne à l’âge de 5 ans. Des enfants à la vie volée, à même l’aube de leur existence et dont on ne se soucie guère, par ignorance, par crainte ou lassitude. Des bambins dont le regard meurtri par la souffrance ferait vomir le plus dur des malfrats. Un regard toutefois à l’extrême opposé de celui de nos enfants porteurs du COVID-19. Des enfants qui malgré leur infection au COVID-19 auront eux ! plein de rêves et de projets et de rêves pour l’avenir…
    A cette heure, bons nombres de parents n’apprennent leur séropositivité qu’avec les premiers signes de la maladie. La prévention est absente tout comme les trithérapies trop honereuses. Vraincre les épidémies certe.. mais a mon avis certaines sont plus intéressantes financièrement que d’autres.. bonne méditation à tous…

    1. Chère Mme.

      Bravo pour les propos que vous avez tenus lors d’un récent Infrarouge sur la pandémie.Bien que ne partageant en général pas vos idées politiques je vous rejoins souvent sur les problèmes de société et d’éthique et j’apprécie vos prises de position courageuses qui vont à l’encontre de la doxa dominante,particulièrement dans le cadre de l’hystérie collective que nous vivons depuis 8 mois.
      Médecin retraité de 70 ans,faisant donc partie des groupes à risque, je déplore comme vous la psychose alimentée par les médias, la plupart gdes politiciens et de nombreux médecins qui les conseillent. On nous balance presque quotidiennement des chiffres alarmistes sans les
      contextualiser et les mettre en proportion ( par exemple on relève qu’en 11 mois de Covid dans le monde il y aura bientôt 1 mio 200 000 dècés sans dire que dans le même. temps il y a eu environ 55 mios de morts d’autres origines). Plutôt que d’alimenter l’angoisse de la population en alignant le nombre de décès quotidiens on ferait mieux de rappeler que la mortalité de la population générale est bien en dessous de 1% et concerne essentiellement des patients âgés et souvent polymorbides; au lieu de cela, tels les propos du Pr Pugin à Infrarouge, on relève qu’il y a aussi de plus jeunes patients aux soins intensifs,ce qui est vrai, sans dire qu’ils sont trés minoritaires avec souvent d’autres pathologie associées. Il ne s’agit pas de banaliser la situation, mais de la relativiser.
      Je comprends que la tâche des responsables politiques soit très difficile,mais les mesures prises devraient être proportionnées, réalistes, réalisables sur le long terme et appliquées avec bon sens pour être comprises par la population.
      On culpabilise les gens avec la solidarité envers les plus fragiles, càd à quelques exceptions, les personnes âgées.Mais cette solidarité ne devrait-elle pas plutôt aller dans l’autre sens, à savoir des sniors vers les actifs et que nous acceptions de prendre quelques risques en laissant vivre normalement la population active? A nous les plus âgés,ou plus jeunes à risque, de prendre sur une base volontaire les précautions habituelles,voire de se confiner.
      Un groupe d’universitaires anglais et américains,spécialisés en épidémiologie des maladies infectieuses et en santé publique, ont fait des propositions appelées “Protection focalisée” dans la Declaration De Great Barrington (gbdeclaration.org) qui vont dans ce sens: cibler les mesures de protections sur les personnes à risque. Malheureusement ces scientifiques “dissidents”ne sont pas écoutés par les décideurs,sont souvent discrédités par les experts officiels des différentes taskforces et n’ont en général pas accès aux grands médias.D’ailleurs dès que l’on n’adhère pas à la doxa dominante concernant le Covid on est vite taxé de complotiste!
      Il est évident que si ce virus devait muter et occasionner une mortalitè élevée dans l’ensemble de la population il serait justifié de prendre des mesures drastiques et liberticides quitte à plomber l’économie,mais pour l’instant on n’en est pas là,même si on essaie de nous le faire croire depuis 8 mois.
      On ne pourra pas continuer des mois voire des années avec le type de mesures imposées qui vont probablement encore se durcir et il faudra bien accepter , même si c’est politiquement incorrect de le dire, que certains patients décèdent de vieillesse. C’est ce qu’évoquait Alexis Favre en parlant de Darwin!
      Pour terminer je dirai que ce qui se passe me semble être le reflet de notre société:
      -principe de précaution poussé à l’extrême et refus du moindre risque (comme vous le dites: vivre est dangereux!)
      -refus de la mort même à un âge avancè.
      -médicalisation et judiciarisation excessive (crainte de plaintes)
      -déresponsabilisation de l’individu en en faisant un assisté (et je suis de sensibilité de gauche!)
      Veuillez recevoir Mme mes meilleures salutations

      Pierre Flouck
      1747 Corserey/FR

      Envoyé de mon iPhone

      1. Je vous propose donc de rempiler et de venir nous aider aux HUG puisqu’il faut relativiser la situation… on accepte les personnes à risque et même le personnel soignant malade du virus…

        1. Je comprends votre réaction à mon commentaire dans lequel je parle de relativiser la situation car vous êtes aux premières loges dans un hôpital débordé notamment aux soins intensifs.Mais quand je parle de relativiser je ne nie en rien le sérieux de la situation ni la difficulté dans laquelle se trouvent les hôpitaux. Cette covid est plus contagieuse et plus grave qu’une grippe, mais ce n’est pas la peste ni la grippe espagnole ni la guerre.Je ne veux pas répéter ce que j’ai dit dans mon commentaire précédent, mais je pense qu’il faut recadrer les choses face au discours anxiogène des médias et de certains médecins et politiciens.Je décline votre invitation à venir vous aider aux HUG car je ne m’en
          sens plus l’energie ni les capacités (ça fait 5 ans que je n’ai plus pratiqué,j’etais anesthésiste -intensiviste) et égoïstement je n’en ai plus envie ! Veilliez recevoir mes encouragements pour la suite.

        2. @ gregory (14 novembre 2020 à 15 h 47 min)

          en ce début de cinquième pic que des médecins et les médias présentent comme un grave danger, je suis disposé à venir vous aider bénévolement si vous me payez transport et repas, mais sachez que j’ai eu le covid il y a un an et que par conséquent je ne suis ni vacciné, ni au bénéfice du certificat digital.
          vous pouvez me contacter à [email protected]
          meilleures salutations.

      2. Bravo Dr Pierre Flouck , je suis sur la même fréquence que vous, je suis né en 1950 et constate de la défiance à l’égard des séniors les plus faibles !! Cordialement ! Eric Dessemontet

  2. Chère Madame,

    Vu la situation actuelle, il serait peut-être temps de faire profil bas.

    Après avoir titré sur “où sont les morts ?” (je vous rassure, il sont à nouveau là) en insinuant que cette grippette avait tout de la “fake new”, puis discrédité le port du masque et mis en doute les chiffres donnés par la presse, je ne sais où vous souhaitez en venir en vous attaquant maintenant à M. Pittet qui nous rappelle les mesures sanitaires.

    Votre attitude qui s’oppose systématiquement à une gestion de la pandémie est totalement contre-productive sans que apportiez une seule idée valable qui permettrait d’améliorer la situation.

    Opposer économie et gestion de la pandémie ne fait aucun sens: ll n’est pas possible de soutenir la croissance et la consommation quand le système sanitaire est sous l’eau et que la sécurité ne peut-être garantie.

    La seule solution était de vivre temporairement avec quelques contraintes pour éviter qu’une aggravation de la situation n’impacte l’économie de manière importante.

    A vouloir tout préserver, nous allons perdre bien plus. Vous vous êtes toutefois toujours opposée à toute mesure avec les résultats que nous observons aujourd’hui.

    1. Bêêê c’est vrai qu’elle nous dérange Mme Sandoz à aller à l’encontre du troupeau comme ça bêêê il faut vite la censurer bêêêê car à force elle risque de nous faire réfléchir bêêê et nous on a toujours préféré juste avoir peur réfléchir c’est fatiguant et on ne sait pas trop où ça risque de mener bêêê…

      1. Ça a l’air bien pratique de se borner à taxer ceux avec qui on est en désaccord de “mouton”, de les accuser de “suivre le troupeau” sans réfléchir. Parfois, j’aimerais m’autoriser un degré de débat aussi faible que le vôtre. Ça a l’air reposant.

        @Suzette Sandoz Je trouve franchement que ce genre de commentaires, qui n’ont objectivement rien de constructif, qui n’apporte rien au débat, et surtout qui sont des attaques ad personam frisant l’insulte devrait être censuré. C’est pas facebook ou la section commentaires du 20 minutes ici …

        1. Visiblement Mme. Sandoz est plutôt occupée à chasser les araignées que s’occuper des questions de troupeau.

        2. Madame Sandoz,

          Sans vouloir mêler autrement mon grain de sel (à défaut de sable) au débat, je vous avoue ne pas bien comprendre: l’auteur d’un blog n’a-t-il pas toute latitude pour modérer et refuser, au besoin, de publier un commentaire? N’êtes-vous pas seule, en fait, à disposer de ce droit sur le vôtre? Qui d’autre que vous pourrait-il le censurer – même si l’on connaît votre aversion à ce genre de pratique?

      2. Vous proposez la censure ? … et faire une martyre. Non ! Non ! Trop facile …
        Puisque vous proposez de faire réféchir le troupeau, je verrai plutôt une solution plus formatrice: travailler comme renfort bénévole dans un centre hospitalier durant cette 2ème vague… vous verrez, ça soigne aussi les esprits…

        PS: port du masque et lavage des minimes conseillé durant le stage 🙂

    2. A lire et relire le blog de Mme Sandoz, je ne vois pas en quoi elle attaque le Pr. Pittet; bien au contraire elle se fait le relais des points essentiels que le Pr Pittet voudrait voir appliqués.
      La “fake new” n’est pas forcément où l’on croit.

      1. … après avoir sauté au plafond … j’aurais mal lu la conclusion ? Connaissant l’aversion de Mme Sandoz pour toute mesure depuis des semaines 🙂

        Ce que je constate, ce n’est rien d’autre qu’une nième relance du même débat mais vu que tous ses argument se sont révélés erronés (plus de morts, etc). L’angle d’attaque change. Il ne faut pas prendre les lectrices pour des idiotes… (ni les lecteurs d’ailleurs).

        1. @Julie : Absolument d’accord avec vous ! En lisant le post de Mme Sandoz, j’ai la chanson “L’oppostuniste” de Jacques Dutronc en tête. Mme Sandoz sent le vent tourner et retourne sa veste (ou son manteau de fourrure) du bon côté.

        2. @ Julie. Oui, je suis bien d’accord avec vous. On ne peut raisonnablement pas critiquer la seule mesure ayant fait ses preuves dans l’expérience humaine des épidémies. Et c’est peut-être même son application rigoureuse qui seule peut sauver l’économie comme semble le démontrer la Finlande ces jours (voir le Temps du 27 oct.).
          Mais soyons prudent, les gagnants d’aujourd’hui seront peut-être les perdants de demain. On ne pourra faire un vrai débriefing que dans 2 ans (ou plus). Et alors, on pourra comparer le modèle suédois au modèle finlandais et à d’autres. (Et tout le monde dira: je l’avais bien dit, c’est celui-là qui est le meilleur !)

          1. Oui, je ne vois pas forcément ça comme une compétition avec des gagnants et des perdants (surtout dans notre monde globalisé avec ses dépendances). Je ne pense pas qu’il y ait de long terme (donc d’avenir) sans gestion du court terme… c’est une peu comme un escalier, si on rate la 1ère marche d’un escalier… on se casse la g…

            Une fois le feu maîtrisé, on peut mettre en place une stratégie moyen et long terme. Par contre, il faut s’assurer de ne pas prétériter le long terme en détruisant le tissu social et l’économie dans la gestion de crise. C’est là que la solidarité et des mesures de soutien doivent être mises en place en parallèle aux mesures sanitaires.

            Je pense donc que les peuples qui resteront unis par le respect et la solidarité limiteront la casse et construiront un meilleur avenir. C’est pourquoi je suis inquiet quand je lis certains commentaires: les divisions, les conflits et la violence ne peuvent que précipiter notre perte.

          2. @ Julie. D’accord, le terme de gagnant est très mal choisi. Ce que je veux dire, c’est qu’à cette situation particulière, les états répondent différemment, autrement dit font des expériences différentes, ce qui pourrait permettre, par comparaison, de mieux savoir comment réagir juste dans le futur. L’intelligence est parfois définie comme la capacité d’adaptation.

  3. Merci Madame pour votre constance à nous guider dans un esprit de cohérence et de constante réflexion.

    Cordialement,

  4. A partager, cette matière à penser =>

    1) “C’est une réalité sanitaire grave qui aurait demandé qu’on en tire des leçons intelligentes sans tarder. Nous voulions anticiper les choses, mais il ne s’est rien passé. Et comme nous le craignons: nous arrivons mal préparés pour la seconde vague.”

    Javad Nazery (infirmier, 24H, 24.10.20)

    2) “La santé est très précieuse et peut être le plus grand des biens comme disait Montaigne ; mais la liberté comme valeur me préoccupe davantage. J’ai dit et je répète : je préfère attraper la Covid-19 dans une démocratie plutôt que de ne pas l’attraper dans une dictature et j’espère bien ne pas être le seul à avoir cette opinion-là. Si on prend la vie dans son entier, les plus fragiles, les plus vulnérables sont les jeunes en général et les enfants en particulier. Je refuse qu’on sacrifie le sort de deux générations à la santé de leurs parents ou de leurs grands-parents. ”

    André Comte-Sponville, w.franceculture.fr/emissions/a-present/ce-qui-est-vital-avec-andre-comte-sponville

    3) “Nous voici entrés dans l’ère des grandes incertitudes. L’avenir imprévisible est en gestation aujourd’hui. Faisons en sorte que ce soit pour une régénération de la politique, pour une protection de la planète et pour une humanisation de la société.”

    Edgar Morin, w.franceculture.fr/conferences/acteurs-de-leconomie-la-tribune/changer-de-civilisation-plus-que-jamais-cest-lheure

    4) “C’est la fin d’un monde. La fin d’une certaine insouciance écologique et climatique. Mais aussi d’une insouciance “vide”, j’ai envie de dire. On était dans un consumérisme individualiste qui devenait toujours plus dégagé de toute profondeur, de toute signification. Avec une vraie détresse, selon ce que j’ai pu discerner chez mes contemporains. Or on arrive un peu au bout de ce système qui n’est de toute façon pas durable. Ne serait-ce que parce qu’on vit au-dessus de nos moyens dans notre rapport aux ressources non renouvelables!”

    Bertrand Kiefer, w.rts.ch/info/suisse/11297485-la-pandemie-du-coronavirus-la-fin-dun-monde-pour-bertrand-kiefer.html

    6) “L’intérêt de nos enfants et petits-enfants me paraît être extraordinairement oublié
    pendant cette phase.”

    JF Toussaint, ps://www.youtube.com/watch?v=NlrIGlR4hcg

    7) “Cette crise ne fonctionne pas sur un mode conventionnel, avec ce qu’on appelle un «blast» initial – un événement qui balaie tout – à la suite duquel on met en place des outils qui permettent de gérer les conséquences immédiates puis de lancer un cycle de reconstruction. Avec le Covid, on n’a pas ce pic d’intensité suivi d’une redescente jusqu’à un retour à la normale. Au contraire, on observe des reprises d’intensité, anticipées, supposées ou avérées. Par conséquent, il devient difficile de lire l’avenir parce qu’il n’y a pas de modèle qui corresponde à ce qu’on est en train de vivre.
    C’est l’autre particularité de cette pandémie: on a des crises dans la crise. Celle de nos outils de gestion, avec des modèles habituels qui s’avèrent partiellement inefficaces. Celle des scientifiques, qui ne sont d’accord ni sur l’évolution possible de l’épidémie, ni sur les logiques de transmission, ni sur les remèdes. Les mesures de protection font également l’objet de controverses, au sein même de la communauté des spécialistes. La parole des experts – qui d’habitude permet au gouvernement de prendre des décisions – se révèle hésitante, voire changeante, très éloignée de l’objectivité scientifique attendue. En cascade cette situation incertaine met en doute jusqu’à la légitimité de la décision politique. Et c’est encore une autre crise dans la crise: celle du rapport de confiance entre population et gouvernement sur les mesures adaptées pour faire face au risque.”

    Pascal Viot, w.24heures.ch/il-ny-a-pas-de-modele-qui-corresponde-a-ce-quon-vit-664560825954

    8) ” On leur apprend le leadership et les principes du management, mais on ne leur enseigne pas à faire preuve de modestie dans l’action et de savoir écouter. Or, faute d’une telle posture, les décisions prises, outre qu’elles demeurent souvent inefficaces, courent le risque d’aggraver la situation – ce qui en l’occurrence a été le cas. Dans un autre article publié au début de la crise, nous concluions ainsi que “cette crise sans précédent est aussi celle de l’inorganisation : formidable paradoxe d’une société sur-organisée, c’est-à-dire saturée d’organisations de toutes sortes, mais qui rencontre tant de difficultés à organiser ces organisations, c’est-à-dire à organiser leur coopération.” La sociologie des organisations offre pourtant de nombreuses clefs pour, non seulement comprendre ce paradoxe, mais plus encore le résoudre.”

    Olivier Borraz et Henri Bergeron, w.sciencespo.fr/actualites/actualit%C3%A9s/covid-19-une-crise-organisationnelle/5041

    9) “Le regard porté sur notre histoire (…) devrait nous inviter à un peu plus de modestie. Malgré toutes nos technologies et les tablettes du monde, c’est finalement un minuscule virus qui parvient à déstabiliser des économies entières. Rendez-vous compte, nous étions presque aussi démunis qu’il y a un siècle (…).”

    Serge Guerain, w.lepoint.fr/societe/covid-19-jeunes-vieux-ca-ne-veut-strictement-plus-rien-dire-14-08-2020-2387767_23.php

    10) ” Le coronavirus a révélé l’incapacité collective à anticiper cette pandémie avec le sérieux voulu. Les pertes du Covid sont 500 fois plus importantes que le montant annuel requis pour la préparation aux pandémies. Une autre pandémie est inévitable.”

    15 experts du groupe de surveillance de la préparation aux pandémies, w.24heures.ch/selon-des-experts-une-prochaine-pandemie-est-inevitable-312621060213

    1. Le monde occidental moderne depuis longtemps épargné des grandes épidémies ne s’est guère soucié de celles qui ravagent les pays du tiers monde depuis la nuit des temps. Aujourd’hui ce cher monde occidental a peur car il est touché dans sa chair. Cela lui fera-t-il comprendre que nous vivons sur une planète commune et que par conséquent, la recherche et la médication ne devraient pas être le seul luxe de certains ! Ce monde moderne et occidental vautré dans l’égoïsme et l’intolérance ne devrait, à mon avis, ne pas changer son comportement envers les autres pandémies meurtrières qui ne le touchent pas.. Dommage. Bonne méditation à toutes et à tous .

      1. Je suis tout à fait d’accord avec vous. Et cela s’applique malheureusement à bien d’autres maladies. Ce n’est d’ailleurs pas une raison de traiter la pandémie actuelle différemment car elle tue bien plus certaines classes de la population dont la santé est plus fragile (intéressant d’analyser d’où proviennent les 1000 morts quotidiens aux USA)… et cela même dans certains pays “riches” ou les plus précaires n’ont pas de couverture médicale … les pandémies ont toujours été des amplificateurs des problèmes sociaux.

  5. Voulant me fendre d’un commentaire (apparemment gratuit) ici,

    ps://www.letemps.ch/opinions/conseil-federal-mettre-fin-cacophonie

    quelle ne fût ma surprise de voir que l’on me demandait mon e-mail, ma pointure et bla!

    enfin, bref, le CF va aussi vite qu’il peut et aussi lentement que nécessaire 🙂
    hop schwizz

  6. Une fois n’est pas coutume, félicitations pour le choix éclairé de votre source. Et pour votre synthèse.

  7. « Les hôpitaux modernes doivent être reconfigurables… »

    Le système de pensée a lui aussi été progressivement reconfiguré depuis l’abandon de la Caisse unique, contribuant à une meilleure « fluidité dans l’organisation des hôpitaux ».

    Fluide a été le retour à la maison de personnes touchées par le virus, dans la tranche d’âge où l’on ne se gêne plus de poser la question sur la nécessité de les maintenir trop durablement. Celles-ci n’en sont pas mortes pour la majorité, mais ont souffert seules à la maison sur une corde raide. Durant cette période de surcharge des hôpitaux, il n’était pas possible de faire autrement, et il serait honnête de relever que la fluidité dans l’organisation a été améliorée en abandonnant les plus faibles. Ceux qui sont morts ne peuvent évidemment pas répondre à la question : « Avez-vous su bien vous organiser à la maison ?.. » En revanche la démonstration de fluidité a été faite dans les EMS, et là on peut déclarer sans se tromper qu’un bon nombre de lits disponibles y a contribué.

    Après avoir sauvé les hôpitaux, ce sont les restaurants que lon tente de sauver. Le nombre de chaises et de tables a déjà diminué, les habitués du bar devront finalement boire leur bière à la maison, mais c’est une souffrance supportable, aucune étude n’a encore été faite pour savoir combien en meurent à coup sûr. Quant aux patrons, cuisiniers, serveurs et serveuses, nombreux sont ceux qui ne prennent pas les consignes au sérieux, les contrôles semblent être à la hauteur de ce qui est fait pour le travail au noir. La grippe, comme l’engagement illégal de personnel non déclaré, n’est ni vraiment nocif, ni vraiment sain :
    « Cela ne rend service à personne » (message qui a été placardé)
    — On est bien obligé pour vivre…

    Voilà comment on décide de vivre, cela ne date pas d’aujourd’hui, et c’est moche.

    1. A Dominic: vous écrivez: ” aucune étude n’a encore été faite pour savoir combien en meurent à coup sûr”. Je rappelle pour la énième fois qu’il suffit de diviser le nombre de morts par le nombre de cas, pour constater que depuis le début, et même au plus fort de la première vague, le taux de guérisons voisinait partout 94 à 96%. Et actuellement dans le canton de Vaud, on est à plus de 99 % de guérisons. Mais les médias continuent de s’acharner à affoler les gens, ça fait vendre, ça met de l’ambiance…”Aucune étude” ? Pas besoin d’une “étude”: une calculette suffit… Mais pour le bon sens et la vérité, il faudra repasser…

      1. Vous devriez relire attentivement le passage cité… Et ranger votre calculette (au demeurant inutile, le nombre de cas connu étant de moins en moins fiable, le nombre de morts ne reflétant pas ceux souffrant d autre pathologies mais mort d’avoir été mal pris en charge, et j’en passe).

      2. La létalité a été lors de la première vague et à Genève de 0.35 % hors EMS. Et j’ai bien écrit la létalité, c’est-à-dire le nombre de décès rapporté aux nombres de personnes atteintes par le virus, nombre déterminé par séroprévalence. Cela conduit donc à environ 30’000 morts pour la Suisse ou 1 habitant sur 246.

        Cela suppose que le système de soin fonctionne correctement et on n’en prend pas la direction.

        Pour être complet, certains estiment que le nombre de morts ne devrait pas dépasser 15’000 à raison d’une amélioration des techniques de soins (encore faut-il pouvoir les appliquer) et de l’importance de l’immunité cellulaire.

        Aujourd’hui nous avons atteint une mortalité journalière plus élevée que lors de la première vague et elle continue à augmenter et va durer plus longtemps. Tous cela parce que l’on préfère appliquer la sélection naturelle aux êtres humains plutôt qu’aux entreprises.

  8. Il est très ennuyeux que le logiciel-texte de publication du journal ne respecte ni les espaces entre paragraphes, ni les “À la ligne” !

  9. Ne sur-dimensionnons surtout pas nos hôpitaux… Il faut garder des sous pour les avions de combats, et les frais courant de cette armée si utile depuis 50ans (ce n’est pas à prendre au pied de la lettre, évidemment).
    @Julie: bien d’accord avec vous.

  10. Dans votre conclusion, vous insinuez que nous aurions détruit des places de travail pour sauvegarder le système sanitaire. Mais est-ce vraiment notre réaction à la crise qui “détruit” l’économie ? Je comprends qu’en vous élevant aujourd’hui contre les mesures prises pour maitriser l’épidémie, vous souhaitez faire preuve de solidarité envers les générations qui vous suivent. C’est tout à votre honneur, et très appréciable. Néanmoins, prenons garde à ne pas enfermer le débat dans un silo qui met en opposition — à court terme — santé de l’économie et santé de la population. Sans quoi, il risque de s’engager de plus en plus sur la pente très glissante de la désignation de responsables et à fortiori du populisme (pensez par exemple aux interventions d’Yves Nidegger au téléjournal).

    Le problème est vraisemblablement bien plus fondamental ; l’énorme machinerie économique que nous avons laissé se créer est de toute façon hors de notre contrôle. Nous sommes dans un système qui pour fonctionner correctement doit être en flux tendu permanent (et qui pour rester en flux tendu doit de surcroit croitre). Dans ces conditions, la moindre perturbation a le potentiel de créer des dommages conséquents. À cet égard, ça n’est pas la réponse politique et institutionnelle apportée au virus qui provoque la crise, mais bien le virus lui-même. (On constatera d’ailleurs que certains pays qui ont eu une réponse plus molle que nous face au virus, e.g. la Suède ou les États-Unis, ne s’en sortent au final pas significativement mieux, ce qui tend à indiquer que le problème est bien systémique et pas institutionnel …) S’écharper sur les mesures prises vis-à-vis du virus revêt, sous cette grille de lecture, une futilité dépitante.

    Et vous semblez oublier — ou ne pas savoir — que plusieurs indicateurs montrent que nous aurions, tôt ou tard, de toute façon traversé une crise majeure. En particulier, si nous n’étions pas actuellement en en pleine crise du virus, il est fort probable que nous serions en train de commencer à subir des contraintes sur l’approvisionnement énergétique (pétrolier plus précisément), donc que nous sérions quand même en train d’entrer dans une crise potentiellement sévère à terme. Et n’oublions pas non plus que guette — et ce indépendamment du déclencheur (virus ou autre) — une implosion de la bulle de la dette privée du même ordre que celle de 2008.

    Tout ceci pour dire que notre modèle économique ressemble de plus en plus à mourant en suris, que certains veulent à tout prix voir continuer de courir. En l’occurrence, au prix de la santé d’une partie non négligeable de la population. En prenant moins de mesures contre le virus, il y a fort à parier que nous aurions au mieux préserver quelques places de travail, quelques revenus, pendant au mieux quelques années seulement.

  11. Surdimensionner les hôpitaux au cas où n’est pas une bonne solution mais limiter le personnel au minimum pour de soi-disantes économies non plus. Ceci dit, la population suisse a investi des milliards dans des hôpitaux militaires obsolètes et inutiles pendant des décennies et les habitants ont payé pendant des années pour des abris et des COP en vue d’une guerre atomique très improbable depuis bien longtemps.

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