Le grand cirque des crachoirs

On les appelle des « masques ». C’est évidemment inexact. Un masque représente un visage ou dissimule un visage. Nos masques covid, eux, doivent recevoir et garder les multiples particules bucco-nasales que nous rejetons en parlant ou en expirant. Ce sont donc bien des crachoirs.

NB : j’exclus de cet article les masques chirurgicaux ou médicaux, connus et portés depuis longtemps à certaines occasions.

Ceci posé, vient la question principale : à quoi servent ces crachoirs ?

J’ai cru comprendre qu’il fallait en porter pour protéger autrui – ce qui me paraît en effet logique pour un crachoir – et que c’était une marque de solidarité. Mais quelques questions me taraudent.

Lisant, ce 20 septembre, l’article publié en p. 18 du Temps du week end et intitulé « Les masques, dangereux pour la santé ?», j’ai été saisie de doutes énormes. En effet, à la question « [quelles] conditions médicales pourraient légitimement lever l’obligation de porter un masque ? », l’OFSP « en pointe plusieurs », parmi lesquelles « les grandes difficultés respiratoires ». M. Thierry Fumeaux, président de la Société suisse de médecine intensive du groupe d’experts en soins cliniques de la taskforce Covid-19 fait alors le commentaire suivant cité par le Temps : « Quant aux personnes présentant des difficultés respiratoires, il faut bien se rendre compte que ce sont justement les sujets les plus fragiles et que le masque les protège eux en priorité. Il est donc impératif qu’ils en portent un lorsque la distanciation n’est pas possible » (c’est moi qui ai mis en gras parce que le journal précise que M. Fumeaux appuie sur cette affirmation). J’en déduis qu’il faut alors porter un crachoir pour se protéger soi-même avant tout. Bizarre !Bizarre ! Vous avez dit Bizarre ?

Mais au fait, quel que soit le but du crachoir, quand le porter pour qu’il remplisse sa fonction ?

J’ai cru comprendre qu’il fallait ne pas le mettre et l’enlever sans cesse, en le touchant, ne pas le plier dans sa poche ou dans son sac, le jeter après usage, etc… Alors comment fait-on quand il faut le mettre en entrant dans un restaurant, l’enlever quand on est assis à une table, le remettre si on va aux toilettes, l’enlever quand on vient se rasseoir, le remettre pour quitter sa table et sortir du restaurant ? Je doute qu’il soit souhaitable de le poser sur la table à côté de soi pendant qu’on mange, qu’il faille le toucher sans se laver les mains tout de suite après, ce qui pourrait exiger que l’on se lève de table (= remettre son crachoir), aille se désinfecter ou laver les mains, revienne à table, ôte son crachoir (=se désinfecter les mains etc…. (= perpetuum mobile).

Dernière question : comment le porter pour bien faire ?

J’ai cru comprendre que le crachoir doit couvrir le nez et la bouche en descendant un peu sous le menton. Est-il correct de le descendre sous le nez ou sous la bouche, pour un meilleur confort, de l’accrocher à une oreille pour le mettre et l’enlever facilement comme on le voit constamment ? Doit-on laver son crachoir en étoffe chaque soir ? Qui vérifie la chose ? Quelle protection assure un crachoir sale ? Existe-t-il des crachoirs double-face ?

Il s’agit évidemment d’écouler les milliers de crachoirs acquis à prix d’or depuis qu’on a découvert qu’on en manquait et d’encourager aussi le génie couturier de certains fabricants. Mais pitié, qu’on rende le port du crachoir crédible avant de le rendre obligatoire !

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

34 réponses à “Le grand cirque des crachoirs

    1. Bon sens qui manque cruellement à nos mougeons domestiques saisis par la pétoche… mais il repousse chez les lucides et quelques courageux… voyez 1291.one …

  1. Madame, une fois de plus vous pointez, à juste titre, les contradictions et les incohérences de ceux qui sont censés nous distiller la bonne et juste parole. Comment peut-on affirmer que ce sont les personnes vulnérables, mais non atteintes par le COVID 19, qui doivent d’autant plus porter le masque, alors que ces mêmes personnes sages, ou considérées telle, qui nous ont bien expliqué que porter le masque c’est pour protéger les autres. Qui ne se souvient de cette affirmation: c’est lorsqu’on est malade qu’on doit porter un masque.
    Comment ces donneurs de leçons peuvent ils espérer être crédibles?

    1. Ce n’est pas lorsque l’on est malade que l’on doit porter le masque. C’est quand on est porteur du virus et apte à le disséminer !

      Cela commence quelques jours avant la maladie et se poursuit après le début de la maladie, que certains ne perçoivent pas.

      D’où la nécessité de le porter pour tous.

      1. Faux. La transmission du virus par des personnes asymptomatiques est très rare, dit l’OMS. Ensuite, la mortalité due à ce virus est tellement faible qu’obliger tout le monde à porter un masque ne peut absolument pas se justifier à partir des données scientifiques. Enfin, la manière dont 99,9% des gens le portent le rend totalement inefficace, si tant est qu’il le soit même lorsqu’il est porté dans les règles de l’art. Alors, si ce n’est pas une mesure sanitaire, quelle est la fonction de cette obligation?

        1. Il s’agit bien d’une fonction sanitaire, et pour les personnes qui ne comprennent pas « à quoi ça sert » les règlements sont nécessaires, comme pour le petit enfant qui n’est pas content quand on lui demande de mettre son bonnet ou de quitter la place de jeux ! Mais notez que l’ambiance reste quand même bonne, pour exemple la courtoisie dont a fait preuve la police ce matin sur la place de Berne, pas un seul de ces rebelles n’a reçu une claque pour l’aider à mieux comprendre.

  2. Ce sont les questions que bcp se posent et que seule une écrivaine de ton accabit peut énoncer..encore une fois bravo chère cousine. Bisous et à bientôt j’espère..

  3. Un concentré de mauvaise foi, ma foi !

    Tout est expliqué maintes fois, par des spécialistes, par des profanes. Puis un peu de bon sens, qui fait que arrivons à toucher le masque le moins, se désinfecter les mains au restaurant après avoir rangé le masque (inutile de se moquer du mot, on l’utilise pour tout type de masque) dans sa poché, ou dans son sac. La majorité y arrive, sans avoir suivi un cours particulier. Je suis confiante que vous y arriverez aussi, avec un peu de bonne volonté !

  4. J adhère totalement à ces remarques. En effet, la plupart d entre nous utilise le même masque plusieurs fois 2-5 minutes par jour et ne le jette pas en fin de journée; contrairement aux directives….. Il n y a pas trop de bon sens dans certaines mesures; par exemple 2 personnes masquées dans un petit commerce mais 5000 personnes pour un match de hockey.

  5. Bonjour Madame, vous mettez bien en évidence que le masque est un “moindre mal” et que la “distance de sécurité” est bien plus importante. Sans elle tout le monde crache sur tout le monde !
    Votre scénario est assez ressemblant mais raisonnons un peu: 1) si vous êtes malade vous salissez votre masque de l’intérieur et si ensuite vous le touchez, qu’importe vous êtes déjà contaminé. (2) Si vous n’êtes pas malade, votre masque reste propre, sauf si quelqu’un, infecté, vous projette une ration de virus parce que vous en êtes trop proche. Dans ce cas, en manipulant votre masque vous risquez de vous infecter, mais si vous ne l’aviez pas mis, vous auriez déjà ingéré le virus ! Remarquez que si vous touchez vos habits infectés par un passant, ce n’est pas très différent. (3) Si votre masque n’est pas infecté, vous pouvez le toucher tant que vous voulez ! Donc dans tout les cas il n’est pas néfaste.
    Selon un amis du métier, le masque chirurgical protège son porteur à 95 %. C’est assez logique, il retient toute gouttelette un peu grosse. Les virus en aérosol sont plus rares (?) et non traités ici.
    PS: Laissez votre masque tranquille au sec 24 ou 48h et vous pourrez ensuite le réutiliser, les virus n’auront pas survécus (avis personnel – à faire valider, mais probablement réfuté par les fabricants).

  6. Merci chère Madame de vos témoignages dans le flux l’incohérence générale qui est notre lot quotidien depuis mars dernier.

  7. Toujours cette pseudo candeur et ces questions naïves auxquelles vous connaissez bien les réponses…

    Avec cette attaque du masque, vous cochez une nouvelle case du quizz du parfait complotiste.

    Il y a quelques mois, aux “Beaux Parleurs” vous avez exprimé votre conviction que le virus était une création humaine, tout droit sortie des laboratoires chinois. Vous avez ensuite salué l’expertise très contestable de Jean-Dominique Michel. Ironiquement, vous utilisez désormais l’expression “big pharma” après avoir si longtemps siégé au Conseil National en tant que représentante du PLR, un parti qui n’a jamais manqué de défendre les intérêts parfois discutables de notre industrie pharmaceutique sans trop chercher à l’encadrer.

    Portez-vous bien et continuez à nous divertir…

  8. merci de tout coeur Mme Sandoz, cela fait tellement de bien d’entendre des paroles sensées et logiques, enfin..!!!! quelqu’un qui a du bon sens cela nous a cruellement manqué c’est derniers temps..!!!

  9. Que ce soit avec ou sans masque, à table ou ailleurs, il est toujours plus difficile de tenir le crachoir.

    Le masque est à la liberté d’expression ce que le préservatif est à l’amour: une pèlerine contre le plaisir et une toile d’araignée contre le danger.

    1. Je pense que la préposition que vous cherchiez était “pour” et non “contre”, à moins que je n’aie rien compris à l’utilisation du préservatif!

      1. En effet, j’ai hésité entre le “contre” et le “pour”. Mais dans tous les cas, ne s’agit-il pas d’une affaire ô combien juteuse?

  10. Étrange que vous reveniez une fois encore sur la question du masque. Le problème n’est pas le masque mais toute la confusion distillée ces derniers mois à son propos par nos autorités. Voilà ce qui devrait être questionné avec plus courage! Cela étant, le masque est un excellent révélateur d’halitose (mauvaise haleine) pour celui qui le porte. En ces temps difficiles, puisse son utilisation clouer le bec de celles et ceux qui tiennent le crachoir en proférant des discours nauséabonds visant à dévoyer son sens et son utilité.

    1. Vous ne croyez pas si bien dire! J’ai appris que, récemment, les ventes de dentifrice avaient fortement augmenté!

  11. Bonjour Madame,

    Certains penseraient qu’il s’agit de mauvaise foi, ou que c’est un exemple type de l’effet Dunning-Kruger (les moins qualifiés dans un domaine surestiment leur compétences). Bref, que vous ne sauriez pas de quoi vous parlez. Ce n’est pas du tout mon avis.

    Vous traitez avec force et précisons votre sujet que vous semblez connaitre parfaitement. Dès le titre on sait, « … il ne s’agit pas de masques médicaux ou chirurgicaux… » mais bien de Crachoirs.

    Pas d’effet de surestimation là-dedans, il faut une connaissance étendue et précise des crachoirs pour en parler aussi longuement. Cependant, je ne comprends pas, chez une spécialiste des crachoirs, la confusion installée dès les premières lignes entre le nez, son contenu dont la destination est généralement un mouchoir, et le contenu de la bouche, pour lequel le crachoir ou l’estomac, selon, est plus indiqué.

    Séparer nez et bouche est donc important, à défaut, s’il y a confusion, on pourrait se retrouverait, par exemple au moment de déguster une excellente soupe en compagnie de quelques amis, à essayer d’enfourner la cuillère pleine de soupe dans un nez par ailleurs bien encombré par un rhume. L’effet serait catastrophique quant à l’estime et la respectabilité dont chacun d’entre nous aime à bénéficier de la part de ses amis.

    Cependant, la clarté avec laquelle vous traitez le sujet fait plutôt penser qu’il n’y a pas de votre part de risque avec la cuillère à soupe .. Il s’agit donc de nous faire visualiser des personnes portant collé au visage un véritable crachoir avec son contenu. Porter volontairement en plein visage cette « chose » peu ragoutant ne peut évidemment qu’avilir celui qui y consent. Dès lors, si on tient à l’estime des autres et à son honneur on ne peut que refuser de le porter, sauf contraint et forcé. On ne peut donc que ressentir de la sympathie pour ce que vous écrivez.

    Sauf que .. il s’agit d’une attaque en règle contre la respectabilité des personnes qui sont convaincue de l’utilité de porter un masque. C’est une façon de les dévaloriser et de les rendre non respectables. Partant de là, tous les arguments qu’ils feraient valoir dans une discussion raisonnable seraient sans bonne valeur.

    C’est une manœuvre connue, une bien « grosse ficelle » ; grosse parce qu’elle montre que celui qui l’utilise est en panne sèche ! En panne complète d’arguments pour contrer le discourt adverse. De plus, cette grosse ficelle ne peut marcher qu’avec des personnes qui ne la connaissent pas.

    Comme si on profitait du manque de vue d’un malvoyant pour le faire adhérer à un point de vue. Dans ces conditions-là, selon moi cette tactique disqualifie celui qui l’utilise. Mais ce n’est pas le cas lorsque on l’utilise avec quelqu’un qui la connait et l’utilise lui-même.
    Ici donc, on peut affirmer que l’entier de ce qui a été écrit ne vaut pas grand-chose parce que celui qui l’a écrit use dès le début de méthodes déloyales pour emporter l’adhésion. Et cela ne s’arrête malheureusement pas au début du texte ..

    Portez – vous bien

    1. Votre attaque contre Mme Sandoz est à la fois pédante et laborieusement comique. Vous pouvez vous dispenser de la conclure par un “portez-vous bien” … peu original.

      1. Superbe réponse, M. Santschi… pas en alexandrins… mais de celles dont on ne se relève pas (pour autant que l’on ait le sens de la relativité – une rareté en période de panique organisée et entretenue – ou tout simplement… du ridicule). Bien reçu votre dernier livre… merci!

  12. En effet beaucoup de questions restent, et pour cause, sans réponses, y compris pour les personnes intolérantes au masque, nous en connaissons malheureusement un certain nombre qui souffrent civiquement en silence…

  13. Et les visières alors ? Il y en a de toutes sortes. Pour les crèches et avec les enfants, les restaurants, les magasins, les hôpitaux, … C’est mieux encore de voir les visages expressifs à travers une vitre. Et facile d’entretien ! Pour la drague aussi !
    On espère que cet hygiénisme extrême ne va pas séparer les gens et les rendre encore plus égoïstes ou peureux ! ABE

    1. Question visière, nous en connaissons un rayon en France et plus particulièrement en Auvergne : utilisée avant la généralisation du préserve-à-pif dans certaines grandes chaînes de magasins ( ex Leclerc) pour leur personnel elle suscite depuis et malgré ses avantages l’ire des “puristes” au motif qu’elle n’est pas expressément mentionnée par le décret et qu’elle ne saurait être admise qu’en complément du masque ( comme pour les…chirurgiens!)

  14. Mon précédent commentaire souffrant d’IA a caviardé une partie du texte en voici l’intégralité:

    Magnifique, Madame. En outre, hormis le fait qu’il efface cinquante pour cent de l’expression faciale et qu’il est un bouillon de culture consommé (destiné, lorsque ses innocentes victimes tomberont comme à Gravelotte, à venir augmenter ceraines statisques éminement douteuses mais bien utile à user de l’argument d’autorité), ce “masque” est en fait un bâillon. De mon point de vue… en matière de ‘démocrassie’ réputée “directe”… c’est autrement plus grave.

  15. Qui en bouche à fiel ne peut cracher miel. Nous qui crachons au bassinet nous méfions de ceux qui crachent à l’aise voire de ceux qui crachent dans la soupe. Certains pourraient alors vous cracher dans le dos. Pour ma part, en ces temps difficiles, je ne cracherai ni à la figure ni dans un volcan et espère ainsi que personne ne crachera sur ma tombe.

  16. Si nous prenons ces mesures, c’est pour protéger les personnes vulnérables, les personnes de votre âge et d’éviter que le système hospitalier s’effondre.
    Il y a une certaine malhonnêteté intellectuelle de parler d’un crachoir.

  17. Magnifique! À ceci, j’ajouterais que la vie est une succession de prises de risques (et que c’est ce qui fait son charme). Quant à nos timorés confédéraux et leurs ouailles dociles surassurées (donc ‘alignées-couvertes’) je préciserais que ça n’est pas de mourir qu’ils ont peur… C’EST DE VIVRE!
    Et tant pis pour eux si la trouille les emporte.

    1. Ok tant que celui qui prend le risque l’assume… d’ailleurs les compagnies d’assurance l’ont compris et vous feront payer votre prise de risque à vie (sport extrême ou autre).
      Prendre les risques en mettant les autres en danger, c’est un peu facile ! Il faudra alors accepter que l’autre réagisse à son tour…

      1. Foin d’arguties d’esthètes; de juristes; de béniouiouistes; de bisounours… et pour tout dire: de Bandar-logs!

        Lorsque pour moi la farce se sera achevée – échéance qui (en termes de longévité terrestre) ne devrait plus tarder – j’aurais VÉCU. Pas seulement existé le temps de passer du pacage à l’intérieur ‘cosy’ de la boîte de corned beef.

        Avec les hommages qui vous sont dûs, Je vous souhaite, Madame, de pouvoir en dire autant.

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