Une taxe CO2 sur les billets: pour quoi faire?

L’idée de prélever une taxe CO2 sur les billets d’avion semble faire son chemin. Mais on ne dit pas à quoi elle servira.

En effet, si elle est peu élevée – ce qui semble devoir être le cas – elle ne diminuera pas le nombre des voyages en avion. Si elle est très élevée, elle découragera les personnes ayant de petits moyens et pas les autres, ce qui sera très injuste. On constate d’ailleurs que cette taxe ne joue pas de rôle dans la décision – parfaitement louable et intelligente et au demeurant déjà prise par certains enseignants ou certains directeurs de collèges ou de gymnase – de n’organiser ou ne favoriser que les voyages d’élèves sans recourir à l’avion, la Suisse (et même l’Europe) pouvant être visitée notamment en train.

Si on prélève une taxe sur les billets d’avion, il faut qu’elle serve à quelque chose. Qu’on décide donc d’une affectation, par exemple, la constitution d’un fonds pour diminuer le coût des billets de train en Suisse. Mais d’une manière générale prélever une taxe pour avoir l’air de faire quelque chose, sans qu’elle ait la moindre utilité, qu’on nous pardonne, c’est du fétichisme.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

7 réponses à “Une taxe CO2 sur les billets: pour quoi faire?

  1. D’accord, chère Madame, le manque serait alors concernant les projets à planifier en usant les épargnes relevées par la taxe co2.

  2. Bonsoir,
    Cette taxe, comme semble-t-il beaucoup, n’aura aucun aboutissement. Déjà Jacques Chirac l’avait imposé et lorsque nous prenons l’avion, nous la payons mais nous ignorons à quoi sert cette argent.
    De toute façon, tout est pollué…

  3. pour prendre l’exemple de KLM, quand on décide de compenser le CO2, cette compagnie investit dans la plantation d’arbres . Que la taxe soit élevée ou non , replanter les forêts représente une mesure positive et pas uniquement symbolique . Haiti a presque perdu toutes ses forêts , l’aider à les repeupler l’aiderait de deux manières : en stimulant une activité locale et revitaliserait ses biotopes .
    L’utilisation de cette manne modeste en Suisse n’aurait pas d’impact significatif , donc autant aider un pays à faible capacité financière , la captation de CO2 peut s’opérer partout sur la planète .

  4. Pff encore une taxe… et qui, de plus, ne sert à rien pour détourner le consommateur du comportement indésirable.

    Si vraiment l’on veut modifier les comportements, innovons vraiment, soyons plus ambitieux. Un embryon d’idée piquée à un twitteur anonyme :

    Fixation d’un niveau de CO2 global annuel pour la Suisse, distribution de quotas individuels aux habitants du pays. Chacun voyage dans les limites de son crédit. Un marché s’installe. Incapables de voyager, les plus pauvres mettent un peu de beurre dans leurs épinards en vendant leur quota aux autres. Les plus idéalistes laissent leur quota s’épuiser sans l’utiliser. Le système peut se complexifier avec des bonus. Ca vous rappelle quelque chose ?

    Evidemment, ce système anéantit cette culpabilité à laquelle nous sommes tellement attachés dans ce domaine.

  5. Et pourquoi pas un fonds pour faire connaître les récentes découvertes dans l’Arctique canadien : sous un glacier qui fond on trouve des plantes vieilles de dizaines de milliers d’années ?

  6. Cette éventuelle taxe ne protégera pas la qualité de l’air du ciel suisse, nous sommes d’accord. Mais plutôt que cet argent quitte l’espace aérien pour que les promenades (ou même trajets sérieux) en train soient plus abordables, il pourrait contribuer très positivement à renforcer notre aviation. Pas l’aviation de ligne des compagnies suisses qui se portent heureusement assez bien, mais une autre, à laquelle on reproche depuis des années de coûter trop cher, qui survit avec des avions en bout de course, et qui jusqu’à il y a peu devait se limiter à n’être fonctionnelle que durant les heures de bureau… Cela coûte huit milliards qui, depuis trop longtemps, semblent peser lourd sur ces chapeaux verts qui craignent d’être aplatis. Eh bien nous pourrions, à mon avis, saisir l’occasion de payer une taxe au moment de s’envoler dans le ciel, libres de tous soucis vers d’autres horizons. Et le reste du temps, chez soi, en ayant les pieds bien sur terre, on saura qu’on dispose d’une armée de l’air capable d’assurer notre protection dans la mesure des possibilités qu’on lui aura enfin données. Mieux vaut payer un peu trop cher des trains qui arrivent parfois en retard, que de déplorer un jour de n’avoir pas eu des avions prêts à décoller rapidement pour nous défendre.

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