Inégalité salariale: toujours la même confusion nuisible

Des femmes vont se mobiliser dans la rue pour lutter contre l’inégalité salariale. Bon ! Mais que faut-il entendre par « Inégalité salariale » ?

La constitution fédérale dit expressément que « l’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale ». Cela, et cela seulement, est la formulation du principe de l ‘égalité salariale. Ce n’est pas forcément facile à vérifier car un « travail de valeur égale » n ‘est pas une notion purement arithmétique. Il est clair cependant que la différence salariale qui n’a d’autre raison d’être que le fait que la personne qui fournit le travail requis est une femme et non pas un homme est inadmissible.

Différente de l’inégalité salariale est l’inégalité « dans la famille, dans la formation et dans le travail », trois manifestations possibles de l’inégalité expressément mentionnées par la même constitution. Cette inégalité-là peut se concrétiser par le fait que femmes et hommes ne recherchent pas forcément les mêmes formations, accèdent ou n’accèdent pas à des postes à responsabilité, pratiquent des activités à temps partiel ou à temps complet, etc… Ces inégalités tiennent à des causes multiples, parfois simplement à une liberté de choix des intéressés – ce qui est totalement respectable – parfois à des questions socio-culturelles dont on peut souhaiter qu’elles se modifient ou que l’on peut aider à se modifier.

Le plus mauvais service que l’on puisse rendre aux femmes et aux hommes, c’est de mettre constamment sous le chapeau de « inégalité salariale », toutes les formes de différences, voire d’inégalités dans l’organisation familiale, éducative et professionnelle qui peuvent influencer le revenu professionnel. D’une part, cela rend les statistiques  trompeuses, voire malhonnêtes, donc non crédibles, d’autre part, cela compromet la recherche de solutions. Prétendre en effet résoudre de la même manière des problèmes de nature très différente est une sottise nuisible. Mais plus que tout encore, cela atrophie la liberté individuelle et décourage l’effort de tous ceux pour qui l’égalité représente une valeur motivant une démarche personnelle et constante plutôt qu’une arme électoraliste ou syndicale.

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

4 réponses à “Inégalité salariale: toujours la même confusion nuisible

  1. Mme Sandoz,

    “Cette inégalité-là peut se concrétiser par le fait que femmes et hommes ne recherchent pas forcément les mêmes formations, accèdent ou n’accèdent pas à des postes à responsabilité, pratiquent des activités à temps partiel ou à temps complet, etc… ”

    Rien à ajouter: l’archaïsme dans toute sa splendeur.

    Meilleures salutations,
    Olivier Borgeaud

  2. Oui, on ne peut pas vous donner tort, sur le fond, on mélange un peu tout.
    En fait, des siècles d’injustice ne seront pas gommés par des lois, mais par des femmes qui s’assument.

    Alors la manière pour une femme de s’assumer… bien du rose dans le panorama:)

    Machiste? Nooon, les femmes ont la majorité des votes, alors c’est un peu matheux, donc, le problème n’est pas là.

    En fait, l’homme, comme la femme, ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre…
    Ca parait basique ou simpliste, et pourtant…
    🙂

  3. « Toujours la même confusion nuisible ».
    Surtout quand on répète, sans honte, des chiffres faux, à l’instar d’un conseiller national socialiste sur Forum de la RTS : “20 % d’inégalité salariale”, alors que l’Office fédéral de la statistique (OFS) donne le chiffre de 12 % pour 2016.

  4. La diversité psychologique des hommes, moteur de l’énergie vitale de la société, est à l’origine de grandes différences dans les prétentions au bonheur; aucune législation n’a jamais pu leur donner une apparence de satisfaction. C’est trop attendre de l’extérieur que de suivre les rêveurs politiques et sociaux ou les guides religieux prônant des conditions générales égalitaires promettant le bonheur universel.
    L’égalité de tous devant la loi et l’impossibilité pour quiconque de dominer au nom de privilèges héréditaires de caste sont dignes de respect et perdent de leur beauté dès que l’on étend cette idée d’égalité à certains domaines de l’existence. C’est poser un regard peu perspicace et regarder la société humaine d’un lointain très nébuleux pour penser qu’une réglementation uniforme de la vie puisse réaliser une équitable répartition du bonheur. Penser qu’une même somme de revenu, donc une même possibilité extérieure de vie, doive avoir aux yeux de tous la même valeur. Pour certains, les essentielles possibilités de vie sont en eux-mêmes, et non à l’extérieur. Pour être «équitable», il faudrait donc donner deux fois plus à l’un qu’à l’autre parce que ce qui est beaucoup pour l’un est peu pour l’autre.

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