500ans de la Réforme: année de souffrance pour une protestante de souche

Faut-il l’avouer ? J’ai détesté cette année de fête de la Réforme ! A quelques exceptions près – notamment certains des cours publics de la faculté de théologie et de sciences des religions dispensés au Palais de Rumine –, je l’ai vécue comme une fête artificielle, de vantardise et d’autoflagellation grâce à la personnalité de Luther, le tout avec l’arrière-pensée de donner enfin un brin de visibilité, à tout prix, à ce protestantisme si peu en phase avec une société du spectacle comme celle d’aujourd’hui.

Ayant fait toutes mes classes dans une école catholique, je dois aux sœurs totalement dévouées à leurs élèves et souvent personnalités rayonnantes, d’être devenue encore plus protestante, mais certainement plus pratiquante. Ma famille était « Eglise nationale », et je n’ai pas le souvenir d’une austérité quelconque ; il va en revanche de soi que « tout ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait » et que la loyauté, comme le respect d’autrui est une manière de manifester sa reconnaissance et sa joie de vivre. Je ne crois pas à la prédestination mais au libre arbitre donc à la liberté ; je ne crois pas à un Dieu comptable qui distribue les récompenses et les punitions, mais à un Dieu dont la bonté incommensurable me fait vivre et que j’aimerais faire connaître.

Le vrai problème c’est que, vaudoise 100 pour cent, je n’ai pas besoin de « pompe religieuse » pour me recueillir ni pour suivre un culte. Bien au contraire. L’agitation, le tumulte, les manifestations « physiques », voire visuelles, qui accompagnent parfois les célébrations religieuses ou les cultes m’indisposent et me distraient de l’essentiel. C’est une question culturelle. Je ne suis pas la seule protestante « de souche » dans ce cas mais cela ne correspond ni à toutes les sensibilités ni à la mode actuelle. Les gens ont souvent besoin de bruit, de gestes, de sentiments exprimés violemment. Ce n’est que de l’emballage, mais il fait mieux vendre. Certaines formes de protestantisme et d’autres courants religieux y parviennent très bien. L’essentiel est évidemment que les valeurs profondes du christianisme soient transmises, mais l’emballage peut être une source de souffrance ou une échappatoire pour les uns comme pour les autres.

 

 

 

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

Une réponse à “500ans de la Réforme: année de souffrance pour une protestante de souche

  1. Merci pour vos propos qui toujours conduisent à mieux réfléchir sur ce que nous vivons… Quant à la célébration du cinq-centième anniversaire de la Réforme, je voudrais juste évoquer ici ce qui a été offert dans le cadre des concerts d’Arts et Lettres, à Vevey, mardi dernier: une extraordinaire prestation vocale de l’ensemble Huelgas, préparée de main de maître par François Margot, et qui nous plongeait dans l’atmosphère de la première moitié protestante du seizième siècle. Il faut d’ailleurs aussi mentionner la belle soirée vécue au Musée Eugène Burnand il y a quelques semaines, où l’on découvrait également avec François Mützenberg de magnifiques musiques de l’époque où Calvin régnait à Genève. Enfin, nous nous réjouissons de vivre dimanche prochain la célébration organisée à Payerne avec l’ensemble vocal Amaryllis et consacrée à “un demi-millénaire de musique réformée”. Tout cela contribue à marquer excellemment l’anniversaire de la Réforme, qui peut l’être de bien des manières…
    Cordialement et respectueusement à vous,

    François Besson

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