« L’électorat vaudois décrit la campagne comme <<fade, ennuyeuse et pas très sexy>> ».
C’est vrai qu’en comparaison de l’étripage français et des clowneries américaines, la campagne électorale actuelle dans le canton de Vaud est une mer étale. En Valais, récemment, on s’étripait au moins un peu : un loup PDC voulait faire rendre gorge à un lynx UDC et y est parvenu. La presse faisait miroiter un peu de sang et l’électeur moyen se pourléchait les babines ! Parce que les mises à mort, les hurlements, les combines et les mensonges, ça au moins, c’est de la démocratie sexy. Elle offre cette « pincée d’émotion » dont parle, selon Le Temps, Barry Lopez, porte-parole de Easyvote, cette « pincée d’émotion » qu’il faudrait mettre dans une campagne pour inciter les jeunes à voter.
Quand on a vingt ans, les partis politiques, c’est ringard
Je me rappelle parfaitement ce sentiment. Mais j’exerçais mon droit de vote parce que, au-delà de la politique immédiate, le débat d’idées était passionnant. Il faut dire qu’on était en pleine guerre froide.
Et on savait bien ce que signifiait, dans les Etats totalitaires, le pseudo exercice du droit de vote.
Avec une pincée d’émotion, on était anarchiste, mais avec une pincée de raisonnement, on allait voter, en rigolant. Les partis politiques ne nous faisaient pas la cour. C’était un truc communiste – et ça avait été un truc national socialiste – que d’encenser les jeunes et de prétendre leur donner la parole. On savait bien ce que cela voulait dire.
Alors on allait voter parce qu’on était libre de le faire et que la liberté, c’est la pincée d’émotion sans le patronage d’Easyvote.