Cruel dilemme

La naturalisation facilitée de la 3e génération a été acceptée. C’est bien. J’avais personnellement voté OUI, mais non sans avoir dû résoudre un cruel dilemme. Pourquoi vouloir toujours déposséder les cantons d’une compétence ? Mme Ada Mara habite le canton de Vaud, elle pouvait sans peine lancer une initiative cantonale, ce qui eût montré et son désir légitime de faire profiter d’autres personnes de son expérience et sa parfaite compréhension du système fédéraliste. Mais très peu de socialistes sont vraiment fédéralistes parce que pour eux l’égalitarisme est la première vertu.

J’ai fini par voter OUI malgré cette atteinte au fédéralisme parce que la loi d‘exécution ne prévoit pas le droit du sol, qu’elle exige au moins une demande et qu’elle est assez restrictive, ce qui laisse aux cantons la liberté de prévoir des conditions de naturalisation non seulement pour les autres générations, mais aussi pour la 3e, après 25 ans. Mais j’ai surtout voté OUI parce que je veux pouvoir continuer à m’opposer à toute velléité cantonale ou, pire encore, éventuellement fédérale, d’accorder le droit de vote aux étrangers.

Celui qui veut participer à la vie politique d’un pays doit avoir l’honnêteté d’en prendre la nationalité. Certes, de nos jours, la mauvaise habitude des nationalités multiples qui fait passer l’intérêt économique bien avant la loyauté patriotique tend à gommer l’engagement de fidélité que représente une nationalité. Il n’en demeure pas moins que la première condition que doit remplir celui qui veut jouir de ses droits politiques, c’est d’acquérir la citoyenneté du pays qu’il prétend contribuer à gérer, en tous les cas lorsque ce pays vit une vraie démocratie active, comme la Suisse.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.