Le miroir chinois

Dans la culture chinoise, une chose est totalement insupportable : perdre la face. La Confédération ne l’avait pas intégré en 1999. Elle l’a parfaitement compris en 2017. Le Président chinois, au demeurant souriant et bien élevé, est reçu avec les honneurs dus à son rang, sinon à son régime politique. Les journalistes invités à l’écouter sont priés de se taire… et se taisent. Le Président fait l’éloge de la mondialisation. Il peut en être le thuriféraire sans restriction car les citoyens de son pays n’ont rien à dire et s’ils énoncent une critique ils sont punis. Les propos du président chinois sur la mondialisation sont une musique à l’oreille des « esprits ouverts » de chez nous.

Comparons avec M. Trump. Il est vrai que l’homme n’est pas très distingué. Il a l’inconvénient d’habiter un pays dans lequel la presse ou n’importe qui peut critiquer le Président et se moquer de lui. Les journalistes de là-bas ou d’ici et les politiciens de tous horizons, y compris les nôtres, ne s’en privent pas. Ils ne courent aucun risque.

Or M. Trump a eu la grande « impudence » de s’intéresser aux critiques et aux craintes d’une partie des citoyens américains à l’égard de la mondialisation. Ces critiques et ces craintes sont également celles de beaucoup de citoyens en Europe. Mais on répète a cor et à cri que ceux qui ont peur de la mondialisation sont obtus, frileux et nationalistes. Seuls des populistes peuvent s’intéresser à eux et honni soit le pays dans lequel des hommes politiques relaient leurs inquiétudes !

Il est évidemment plus facile d’être un mondialiste absolu sans démocratie qu’avec celle-ci, même si la mondialisation n’a de loin pas que des défauts.

Si je regarde le miroir chinois, je n’aime pas beaucoup le visage qui s’y reflète.

Le 19 janvier 2017

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.