Depuis le 1er janvier, la France admet, semble-t-il, le divorce par simple accord commun des époux, sans passer devant le juge. C’est sans doute le premier pas vers la totale banalisation du mariage, bien annoncée par le slogan « le mariage pour tous ».
Le prochain pas sera sans doute la répudiation libre par l’un ou l’autre des « accouplés ».
On sait d’ailleurs que la tendance est de plus en plus marquée, en occident, de réduire le mariage à un simple contrat entre deux personnes, sans officialisation, sans conséquences autres que celles qui pourraient être décidées totalement librement par les époux. En Suisse, on en est seulement, pour l’instant, à la suppression des témoins du mariage civil, mais c’est le même mouvement.
On souhaiterait qu’une fois, les sciences sociales demandent un soutien du Fonds national de la recherche en Suisse pour une étude de la portée sociologico-historique du mariage et les conséquences d’une banalisation totale. A notre connaissance, la France ne s’est livrée à une telle étude ni avant d’adopter le mariage pour tous, ni avant de passer au divorce banalisé. Or lorsqu’une institution existe – comme le mariage- depuis des siècles et – comme le divorce – depuis plus de cent ans, on est en droit de rechercher, avant d’en changer totalement l’organisation, quel est le sens sociétal et culturel des procédures mises sur pied. Pourquoi le mariage a-t-il, pendant des millénaires, été toujours spécifiquement hétérosexuel, pourquoi a-t-il été érigé, depuis bien plus de cent ans, en une institution protégée par l’État ? Pourquoi le divorce, une fois admis, a-t-il été placé entre les mains du juge ?
La fatuité prétentieuse des législateurs contemporains toujours effrayés à l’idée de rater un wagon du modernisme est une forme déguisée de génocide de la culture.
Le 17 janvier 2017
Très pertinent, votre article, mais en tant que juriste, je rappelle juste que la répudiation a été introduite furtivement en droit suisse dès que le divorce unilatéral a été possible après deux ans de séparation, donc en 2004 (114 CC).
Pour le reste, nos élus n’ont effectivement qu’un souci : ne pas manquer le dernier cri de la mode, si possible politiquement correcte, qu’importent les dégâts…